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PIERRE (DEUXIÈME ËPITRE DE SAINT)


d’un faussaire. On compte, aujourd’hui, ceux qui l’attribuent encore au prince des apôtres. Voir leur énumération dans Hundhausen, Da$ zweite Pontifiçalschreiben des Petrus, p. 19 ; ajouter Spitta, Der zweite Srief Petrus, p. 175.

il. preuves intrinsèques. — Olshausen, l’un de ces exégètes protestants qui, assurent-ils, n’ont pas réussi à se former une opinion certaine au moyen des seuls témoignages de l’antiquité, ajoute : Ràtionibus… subjectivis fultus authentiam Epistolee persuasum habeo. Dans Salmon, Introd. to the Study of the Books o( the N. T., 7e édit., p. 498. Interrogeons donc maintenant l’Épitre elle-même, et voyons ce qu’elle nous dit au sujet de son authenticité.

Elle se donne dés le début, i, 1, comme l’œuvre de « Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ ». Plusieurs passages de la lettre confirment cette assertion. L’auteur se range, i, 16-18, parmi les témoins oculaires de la transfiguration de Notre-Seigneur, et le récit qu’il fait de ce prodige montre qu’il était vraiment sur la « sainte montagne ». Cf. Matth., xvii, 1-4 ; Marc., ix, 1-5 ; Luc, ix, 28-33. Or, ce prodige éclatant n’eut que trois témoins, Pierre, Jacques et Jean, et personne n’a jamais songé à attribuer la lettre aux deux fils de Zé « bédée. Plus loin, iii, 15, l’auteur nomme saint Paul son « frère bien-aimé », c’est-à-dire son collègue dans l’apostolat. Ces deux témoignages sont très explicites. Il faut en rapprocher aussi la déclaration II Pet., iii, 1, qui identifie clairement l’auteur de la première Épître et celui de la seconde, et le passage iii, 2, où celui qui a écrit la lettre affirme de nouveau qu’il faisait partie du collège apostolique. En rapprochant ii, 20, de Matth., xii, 45, et ii, 14, de Matth., v, 27, on voit qu’il connaissait fort bien les paroles du Sauveur. Ce n’est pas qu’il « fasse des efforts surprenants pour jouer le rôle d’apôtre », comme le prétendent E. Reuss, Die Geschichte der heil. Schriften des N. T., p. 256 de la 3e édit., 1860, et H. Holtzmann, Einl. in das N. T., 3° édit.", p. 321, dans le but d’enlever toute force à l’argument qui précède. Il ne joue jamais un rôle, mais il se présente simplement tel qu’il était en réalité. On a aussi affirmé que, m, 2, il sort de ce même rôle par mégarde, et qu’il s’exclut lui-même du corps apostolique ; mais, pour obtenir ce résultat on suit la leçon à ; to<7T<5)i<ov ft.âv, « de nos apôtres », tandis que le texte le mieux garanti porte i[iwv, vestrorum.

Autre preuve très forte. Non seulement cette seconde Épltre ne renferme absolument rien que saint Pierre n’ait pu écrire ; elle contient en outre des pensées identiques à celles de la première. Voir Hundhausen, Das zweite Pontificalschreiben, p. 62-90 ; Kaulen, Einleit., p. 567 ; Belser, Einleit., p. 718 sq. ; Krawutzcky, Petrinische Studien, Breslau, 1877, t. ii, p. 64-72. — a) Les deux écrits mettent singulièrement en relief la personne de Notre-Seigneur, qui est leur centre perpétuel, et auquel tout se rapporte en vérité. Relevons en particulier l’importance attachée à son second avènement et à l’obligation qu’ont les fidèles de se préparer à cet acte suprême par une’vie très simple. Cf. I Pet., i, 7-8, 13-14 ; iv, 7-8, 13-14 ; v, 1-3 ; II Pet., i, 16, 19 ; iii, 10-12. — 6) De part et d’autre, l’auteur insiste sut la pensée que Jésus-Christ nous a rachetés au prix de son sang divin, et qu’il nous a ainsi purifiés de nos péchés. Cꝟ. 1 Pet., i, 2, 18-19 ; iii, 21 ; II Pet., i, 9 ; ii, 20-22. — c) Dans les deux lettres, la religion chrétienne est présentée comme la réalisation des anciennes prophéties, de sorte que le ministère des prophètes et celui des Apôtres sont mis en relations intimes. Cf. I Pet., i, 10-12 ; II Pet., i, 16-19 ; iii, 2. - d) La seconde Épltre suppose, comme la première, une connaissance très grande de l’Ancien Testament. Il est vrai qu’il n’y est cité qu’une fois] explicitement, II Pet., ii, 28 ; cf. Prov., xxvi, 11 ; mais les allusions, les réminis cences, les citations indirectes y abondent partout. Cf. i, 19-21 ; ii, 1, 4-8, 15-16 ; iii, 2, 5-8, 10, 13, 16, etc. e ) Voici encore quelques traits communs aux deux Épîtres ; l’idée que les chrétiens ont été régénérés et qu’ils participent à la nature divine, 1 Pet., i, 23 ; II Pet., i, 4 ; l’existence d’une vraie et d’une fausse liberté, I Pet., i, 22 ; II Pet., ii, 19 ; la mention du déluge, I Pet., iii, 20 ; II Pet., iii, 6 ; le fait que sept personnes seulement échappèrent à cette catastrophe, I Pet., iii, 20 ; II Pet., Il, 5 ; plusieurs ressemblances frappantes sous le rapport eschatologique. I Pet., i, 4, et II Pet., i, 11 ;

I Pet., i, 7, et II Pet., i, 16 ; I Pet., i, 20, et II Pet., iii, 3. — f) Notons aussi les analogies qui existent entre le commencement et la fin des deux lettres. Elles mentionnent l’une et l’autre, dès leurs premières lignes, l’espérance du ciel comme un puissant encouragement pour les chrétiens. Cf. I Pet., i, , 4-6 ; II Pet., i, 11. Elles s’ouvrent par le même souhait, qui n’apparaît nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. L’une et l’autre elles s’achèvent par l’indication très précise du but que se proposait leur auteur, I Pet., v, 12 ;

II Pet., iii, 17-18. — g) La seconde Épître rappelle partout le caractère ardent, l’autorité et le zèle apostolique, la vigueur et l’originalité du prince des Apôtres, de sorte qu’elle respire constamment, comme la première, « l’esprit de Pierre ».

m. objections des CRITIQUES. —Dans ces conditions, on conçoit que les adversaires de l’authenticité « n’aient pas essayé de proposer, avec quelque vraisemblance^ un auteur différent » de saint Pierre.Burger, dans Strack etZôckler, Kurzgefasster Komment., N. Test., i’îascic, p. 181. Néanmoins, malgré tant de preuves extrinsè^ ques et intrinsèques, ils ont combattu notre Épître avec un acharnement extraordinaire. Voir E. Renan, V Antéchrist, p. vi ; E. Reuss, Gesch. der heilig. Schriften des N. Test., 3e édit., p. 256 ; Jùlicher, Einleit., p. 152. B.Weiss lui-même, quiadmettaitautrefois l’authenticité, pense maintenant qu’on ne peut rien décider à ce sujet. Cf. Einleit., 3e édit., p. 450. Le D’Kiihl, Die Briefe Pétri, édit. de 1897, p. 370, affirme très justement qu’on a abusé des arguments intrinsèques contre l’Épitre, et que plusieurs détails qui, dans l’hypothèse de l’authenticité, paraissent tout à fait inoffensifs, ont été bien à tort regardés comme des motifs de soupçon et de doute. Parmi les exégètes protestants qui l’admettent, nous pouvons citer Nietzsche, Epistola Pétri posterior, auctori suo… vindicata, 1785 ; C. Flatt, Genuina secunda Pétri epistolee origo… defenditur, 1806 ; W. Dahl, De Authentia epistolee Pétri posterioris atque Judse, 1807, Bertholdt, Olshausen (il a aussi composé un ouvrage spécial sur la question, De integritate et authentia posterioris Pétri epistolee, 1823), Guericke, Thiersch, Stier, Dietlein, Hofmann, Schulze, F. Keil, Brùckner, Spitta, A. Bruce, etc., qui appartiennent aux écoles exégétiques les plus diverses. Voir J. H. Holtzmann, Einleit, p. 325 ; Grosch, Die Echtheit des zweiten Briefes Pétri, 1889, et surtout l’excellent ouvrage du D T Henkel (catholique), Der zweite Brief des Apostelfûrsten Petrus geprûft auf seine Echtheit, Fribourg-en-Brisgau, 1904.

Les objections alléguées sont de deux sortes : il y a celles qui concernent les pensées et celles qui regardent la forme. —1° Objections concernant les pensées.

— On a prétendu que le fond des deux écrits est trop différent pour qu’ils puissent provenir d’un seul et même auteur. H. Holtzmann, Einleit-, p. 321-322. Mais nous avons déjà démontré indirectement, col. 405, que cette allégation porte entièrement à faux ; aussi Reuss lui-même, Geschichte der heil. Schriften des N. T., p. 70, ne lui attache-t-il « aucune force décisive ». Comp. Hofmann, Heil. Schriften des N. T., t. ii, p. 128 ; t. îx, p. 208. Nos adversaires insistent en particulier sur le fait suivant : la J7 a Pétri parle de la destruction ou plutôt