Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/206

Cette page n’a pas encore été corrigée
403
404
PIERRE (DEUXIÈME. ÉPITRE DE SAINT)


ix, 4, et II Pet., ii, 5-7 : de part et d’autre, les exemples de Noé et de Lot sont cités conjointement, et, dans les deux écrits, à propos de Lot, il est dit que Dieu n’abandonne pas les siens, mais qu’il châtie leurs ennemis ; ce double rapprochement est frappant. Cf. aussi I ad Cor., vii, 9, et II Pet., i, 12-13 ; I ad Cor., ix, 2, et II Pet., i, 17 ; I ad Cor., xi, 1, et II Pet., ii, 6-8 ; 1 ad Cor., xxiii, 2, et II Pet., i, 4 ;

I ad Cor., xxv, 5, et II Pet., ii, 2. Au second siècle, on entend très vraisemblablement aussi des échos de notre Épître dans le Pasteur d’Hermas (cf. Simil., 6, et II Pet., ii, 1-3 ; plusieurs critiques sérieux croient qu’ici l’emprunt est indéniable), dans la Didaché, cf. iii, 6-8 ; IV, 1, et II Pet., ii, 10 (il règne une grande analogie de pensées et d’expressions entre les deux auteurs) ; dans l'Épitre de Barnabe, cf. ii, t. ii, col. 729, et

II Pet., i, 5-6 ; xv, 4, et II Pet., iii, 8 ; dans l'Épitre de saint Polycarpe Ad Philipp., 7, t. v, col. 1012, cf. II Pet., m, 3 ; dans l'écrit de saint Théophile d’Antioche Ad Aitol v ii, $, . î, eo. 1064 (iï e*ste mm grande ressemblance entre le passage ii, 9, et II Pet., i, 21 ; cf. aussi il, 3, et II Pet., 1, 19) ; dans le Dial. c. Tryph., de saint Justin, cf. t. vi, col. 669, et II Pet., i, 21 ; t. iii, 8 ; dans saint Irénée, Adv. hœr., cf. iv, 36, 3, t. vii, col. 1224, et II Pet., ii, 4-7 ; v, 23, 2 ; 28, 3, col. 1185, 1200, et II Pet., iii, 8. Au troisième siècle, Firmilius de Césarée en Cappadoce parle, Ep. ad Cypr., 75, t. iii, col. 1159, d’avertissements donnés aux fidèles par saint Pierre et par saint Paul, afin de les mettre en garde contre les docteurs hérétiques ; or, cette réflexion ne saurait s’appliquer qu'à la 1 J a Pétri, car il n’est nullement question des faux docteurs dans la première lettre du prince des Apôtres. L’auteur des Philosophoumena, ix, 7, t. xvi, col. 3371, fait allusion à II Pet., ii, 22. Au dire d’Eusèbe, H. E., vi, 14, t. xx, col. 549, Clément d’Alexandrie avait commenté l'Épitre de saint Jude et « les autres Épîtres catholiques » ; or, Eusèbe range la IIe - Pétri dans cette catégorie d'écrits. Cf. H. E., ii, 23, t. xx, col. 205. Ce commentaire de Clément d’Alexandrie suppose que notre Épître était alors très estimée et répandue. Origène est le premier à la citer nommément comme l'œuvre de saint Pierre. Voir surtout Hom. ir in Lev., t. ii, col. 437, où il cite II Pet., i, 4 ; Hom. xiu in Num., t. ii, col. 676, où il cite II Pet., ii, 16 ; Hom. vu in Jos., t. ii, col. 857, où il dit : Petrus duabus Epistolorum suarum Personal tubis ; Comm. in Matth., 15, t. iii, col. 692, et Comm. in Rom., i, 8, t. iv, col. 1178, où il cite II Pet., i, 2. Didyme d’Alexandrie, mort en 384, attribue plusieurs fois notre lettre à saint Pierre, dans son traité De Trinit., i, 15, 28, 29, etc., t. xxxix, col. 304, 409, 416. Saint Athanase, Ex Epist. festal., 39, t. xxvi, col. 1176, la range, avec les autres livres du Nouveau Testament, parmi « les sources du salut ». Saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iv, 36, t. xxxiii, col. 500, énumère les sept Épîlres catholiques telles que nous les connaissons. L’historien Eusèbe accepte personnellement la JI a Pétri comme authentique et canonique. H. E., ii, 23, - 1. xx, col. 205. Ailleurs, H. E., iii, 3, col. 217, il établit une distinction essentielle entre elle et trois écrits (les Actes, la Prédication et l’Apocalypse de Pierre), qui circulaient sous le nom du prince des ^àpôtres ; ces derniers n’ont pas été transmis parmi les livres généralement reçus par l'Église, tandis que la SeuTÉpoc êjri<jTo).iiî est lue officiellement comme les autres écrits inspirés. Saint Jérôme est, en ce qui le concerne personnellement, un partisan très décidé de l’authenticité : Scripsit (Petrus) duas Epistolas, aux catholicse nominantur. De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 607. Il dit ailleurs, Epist. cxx, ad Hedib., H, t. xxii, col. 1002 ; cf. Ep. ad Paulin., lui, 8, t. xxii, col. 548, qu’il y a septÉpitres catholiques, composées par Jacques, Pierre, Jean et Jude.

c) Il est vrai que plusieurs de ces anciens écrivains signalent des doutes qui existaient çà et là, de leur temps, touchant l’authenticité et la canonicité de la i/ a Pétri. C’est ainsi qu’Origène a dit (dans Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 585) : « Pierre n’a laissé qu’une Épitre universellement reconnue, peut-être aussi une seconde, mais on n’est pas d’accord sur ce point. » Didyme d’Alexandrie l’accepte et l’a commentée, comme il a été indiqué ci-dessus, col. 403 ; mais un fragment latin de son interprétation contient ce trait : Non igitur ignorandum prmsentem EpistoJam esse falsatam, qum licet publicetur, non tamen in canone est. Mais il est assez communément admis, même par des adversaires de l’authenticité, que ces mots ne sont pas de Didyme lui-même, ou bien que esse falsatam est Une traduction fautive du verbe voôeveTai, qui signifie : « Elle est déclarée non authentique. » Eusèbe, dont nous avons vu plus haut le sentiment personnel, très favorable à notre Épître, la range ailleurs parmi les livres qui n'étaient pas universellement admis comme canoniques, ià avzu.ty6y.eva, bien qu’elle fût connue de la plupart des chrétiens (toîç noMoï ; ) et qu’elle fût étudiée par un grand nombre (jroXXoîç) avec les autres écritures, parce qu’elle leur paraissait utile. H. E., vi, 25, t. xx, col. 584 ; voir aussi iii, 26, 3 ; m, 3, 1. Saint Jérôme fait une observation semblable : Secundam (epistolam) a plerisque ejus (Pétri) esse negari propter styli cum priore dissonantiam. De vir. ill, 1, t. xxiii, col. 638. Cf. Epist. ad Hedib., cxx, t. xxii, col. 1002. Nous ferons remarquer, à la suite du P. Cornely, Introd., t. iii, 2 8 part., p. 643, et d’autres auteurs, en particulier A. Schœfer, Einleit. in das N. T., p. 333, n. 3, que l’expression a plerisque dépasse la mesure, car, à l'époque du saint docteur (fin du iv 8 siècle), il est certain que notre Épître était communément regardée [comme un livre inspiré.

d) Les doutes en question sont très probablement la cause du silence gardé au sujet de cette Épitre par le Canon de Muratori (vers 175), par Tertullien et par saint Cyprien, qui cependant connaissent et citent la précédente lettre. L’omission de la II 1 Pétri par la version syriaque primitive est pareillement surprenante ; mais elle est compensée par la présence de cet écrit dans Vlaa, au second siècle. Nous savonB d’ailleurs par saint Éphrem, Opéra syriaca, t. ii, p. 342, que les Syriens admettaient la canonicité de Pupitre au IVe siècle. Les doutes en question portèrent surtout sur la différence de style avec la J » Pétri (voir plus bas, col. 407), ou bien, comme c’est le cas pour le moine Cosmas 'Indicopleuste (au xi 8 siècle), ils durent leur origine à la prophétie relative à la destruction^du monde par le feu. Cf. II Pet., iii, 7, 10-13. Peu à peu ces doutes disparurent, de même que pour les autres parties deùtérocanoniques du Nouveau Testament ; aussi, à partir de la fin du ive siècle, on n’en voit plus de trace sérieuse. Les onze ou douze listes authentiques des écrits inspirés que nous a léguées le même siècle contiennent l'Épitre (voir Gaussen, Canon des Écritures, t. i, p. 505), et les conciles de Laodicée en 364, de Rome en 375, d’Hippone en 393, de Carthage en 397 ; comptent officiellement notre lettre parmi les livres inspirés ; ce qui signifie, en même temps, qu’on en attribuait alors généralement la composition à saint Pierre. Voilà, certes, des témoignages plus que suffisants pour croire à son authenticité. — Il n’y a pas eu la moindre hésitation durant le moyen âge jusqu'à Érasme (voir la fin de son commentaire sur II Pet.), Calvin (In Il Pet., Prolog.), et plus tard Grotius (Adnotat. in Il Pet., 1, 1), etc., qui firent revivre les anciens doutes. Les protestants eux-mêmes refusèrent d’abord de les suivre ; mais, à partir du xixe siècle, ils se sont mis à regarder assez généralement l'Épitre comme l'œuvre