Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/203

Cette page n’a pas encore été corrigée
397
398
PIERRE (DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT)


Ja’c, v, 7-9, et saint Jean, cf. I Joa, , ii, 18, il savait que ce grand jour pouvait arriver d’un moment à l’autre, puisque désormais le mystère de la rédemption était accompli. Mais à quelle date précise Jésus reviendrait-il juger les vivants et les morts ? Il l’ignorait. Cf. II Pet., m, 8-9, où il dit qu’il peut s’écouler encore mille ans et plus avant la fin du monde. Voir Estius, Cornélius a Lapide, Hundhausen, etc., Inl Pet., iv, 7. De nombreux commentateurs protestants n’interprètent pas autrement ce passage. — Les chrétiens doivent souvent penser au jugement de Dieu et le redouter, i, 17 ; iii, 9-10 ; iv, 7, 17-19. Cette crainte est pour eux le commencement de la sagesse.

4° L’Église. — Formée de tous ceux qui ont été rachetés par Jésus-Christ, elle est une société très auguste, que l’auteur désigne par plusieurs titres magnifiques, empruntés à l’Ancien Testament. Cf. ii, 9-10. Ses membres sont comme des prêtres, qui offrent perpétuellement à Dieu des victimes spirituelles, ii, 5, 9. Elle est un édifice pareillement mystique, dont chaque fidèle est une pierre vivante, et dont Jésus-Christ et la pierre angulaire, il, 8. Elle est un troupeau symbolique dont Notre-Seigneur est le pasteur suprême, , iv, 10-11 ; v, 14. Quant à son organisation, rien de plus simple : à la tête de chaque Église particulière étaient les anciens (itpscîgÛTepoi), les prêtres, chargés de nourrir et de diriger leurs ouailles ; celles-ci devaient l’obéissance.

5° Les devoirs des chrétiens. — a) D’abord il faut croire, ou, comme dit notre auteur, i, 2, 21-22, il faut obéir à la vérité, à l’Évangile. Les chrétiens sont, en ce sens, « des fils d’obéissance », i, 14, tandis que les incrédules sont des rebelles, ii, 8 ; iii, 1, etc. La prédidication de l’Évangile est la source de la foi, i, 12. La foi même est un sentiment de confiance inébranlable, i, 8 ; en nous attachant à Jésus-Christ, elle est pour nous le principe d’une force irrésistible, v, 9. Elle communique la vraie connaissance, i, 14, la connaissance de Dieu et de Jésus-Christ, i, 2, 8 ; iii, 18. Elle est la condition indispensable du salut, i, 9. L’épreuve bien supportée l’épure et la fortifie, i, 7 ; v, 9. — b) Il faut aussi recevoir le baptême au nom de Jésus-Christ, iii, 21. Si la foi et le baptême sont nécessaires au salut, rien ne se fait sans la grâce, qui est un don gratuit du « Dieu de toute grâce », v, 10. La grâce suprême est celle du salut éternel, iii, 7. — c) Il faut mener une vie très sainte, puisque Dieu lui-même est la sainteté parfaite, i, 15. De là, la nécessité de se purifier sans cesse, i, 22, d’avoir une « bonne conscience », comme l’apôtre aime à le répéter, cf.’iii, 16, 21, de lutter contre la chair, ii, 11, que saint Pierre oppose à l’esprit, comme saint Paul, iii, 18 ; iv, 6, de remplacer l’homme extérieur par l’homme intérieur, iii, 3-4. Comme moyen de parvenir à cette sainteté, l’auteur allègue l’union intime et vitale avec Jésus-Christ, qui en est à la fois la source et le modèle, ii, 4-5. — d) Parmi les vertus spéciales que le chrétien doit pratiquer, saint Pierre cite : 1° la charité fraternelle, sur laquelle il insiste spécialement, d’une manière soit positive soit négative, i, 32 ; ii, 1, 15, 17 ; iii, 8-11, 15 ; iv, 8-10 ; 2° les devoirs d’état, en particulier ceux des chrétiens en tant que Citoyens, ii, 13-17, ceux des esclaves, ii, 18-25, ceux des époux, iii, 1-7. Sur ces trois points, il existe une grande ressemblance entre les règles tracées par saint Pierre et les recommandations antérieures de saint Paul, Rom., xiii, 1-7 ; Eph., v, 22-vi, 9 ; Col., iii, 22-25, etc. 3° L’apôtre recommande encore la sobriété, la vigilance, iv, 7 ; v, 8, la pratique des bonnes œuvres, ii, 12 ; iii, 11, et, avec une insistance particulière, la patience, la résignation et même la joie dans les souffrances, ii, 19-25 ; iii, 9 ; rv, 12-14,

Sur l’enseignement doctrinal de la I’Pétri, voir Poelmann, Theologia Petrina, 1850 ; C. F. Schmid, Bibl. Théologie des N. T., herausgegeben von Weiz âcker, Stuttgart, 1853 ; 4e édit. par A. Keller, Gotha, 1868 ; B. Weiss, Der Petrinische Lehrbegriff, Berlin, 1855 ; du même, Lehrbuch der Théologie des N. T., 3e éd., p. 144 sq. ; Lechler, Das apostol. und das nachapostol. Zeitalter, 2e édit., p. 421-439 ; A. Krawutzky (catholique), Petrinische Studien, 2 in-8°, Dresde, 18721873 ; Bovon, Théologie du Nouv. Test., 1893, t. ii, p. 430445 ; Briggs, The Messiah of the Aposlles, 1895, p. 21-35 ; McGiffert, Hùtory of the apostolical Age, p. 482487 ; Stevens, Theology of the N. T., 1899, p. 293311. L. Fillion.

3. PIERRE (DEUXIÈME ÉPITRE DE SAINT). —

I. Destinataires. — Dès ses premières lignes, i, 1, l’auteur les désigne lui-même, en s’exprimant ainsi : « À ceux qui ont obtenu avec nous une foi du même prix, par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ. » Avec nous : cela signifie, d’après le contexte, avec les apôtres ; d’où il suit que la lettre s’adresse aux coreligionnaires de ces derniers, aux chrétiens. L’expression ayant, à première vue, un caractère général, on en a conclu parfois que l’Épître a été composée pour toute la chrétienté. Mais le passage iii, 1, où l’auteur dit expressément à ses lecteurs que cette lettre est la seconde qu’il leur envoie, est directement contraire à ce sentiment ; en effet, il. en résulte de la manière la plus claire que les destinataires sont les mêmes que ceux de la première Épltre. Il s’agit donc de nouveau des chrétiens qui vivaient alors dans les cinq provinces d’Asie Mineure énumérées I Pet., i, 1 (voir la col. 389). — On ne trouvé dans le cours de l’écrit aucun détail dont on puisse conclure que les lecteurs primitifs diffèrent de ceux de la 7 a Pétri. Au contraire, le texte iii, 15, où il est parlé d’une lettre qui leur avait été adressée par saint Paul, désigne selon toute vraisemblance l’Épitre aux Éphésiens ; or, Éphèse était la capitale de l’Asie proconsulaire, l’une des cinq provinces en question, et il est possible que cette Épître aux Éphésiens ait été une lettre circulaire adressée par l’Apôtre des Gentils à d’autres chrétientés d’Asie Mineure.

II. Temps et lieu de la composition. — Aucun de ces deux points n’est déterminé en termes directs dans l’Épître. On peut cependant les préciser avec une certitude morale, au moyen de la réflexion faite par l’auteur, i, 14, au sujet de la révélation qu’il avait reçue, naguère de Jésus-Christ relativement à sa mort prochaine. Selon toute probabilité, cette révélation ne doit pas être confondue avec l’oracle mentionné Joa., xxt, 18-19. En effet, celui-ci ne désigne que d’une façon très générale l’époque de la mort de Pierre, cum senueris ; ce qu’il annonce, c’est le genre même de cette mort, le crucifiement. Il s’agit donc plutôt d’une révélation récente. Voir Spitta, Der zweite Brief Petrus, 1885, p. 8889 ; Hundhausen, Bas zweite Pontificalschreiben des Petrus, p. 207-209 ; Belser, Einleit., p. 716, etc. — Simon-Pierre sent donc que sa fin est imminente. Or, comme il est démontré qu’il subit le martyre à Rome, en 67 d’après^l’opinion la plus probable (voir col. 376), nous pouvons conclure de là qu’il a composé cette seconde Épitre dans la capitale de l’empire, durant la première partie de l’année 67, ou â la fin de 66. Telle est l’opinion de presque tous les critiques qui croient à l’authenticité de la lettre. Il semble résulter de II Pet., iii, . 1, qu’il ne s’écoula pas un temps très considérable entre les deux lettres du prince des Apôtres. Si l’auteur de la J/ a Pelri, comme nous le pensons (voir col. 410, et t. iii, col. 1811), a eu sous les yeux l’Épître de saint Jude et lui a fait des emprunts, son œuvre est naturellement d’une date plus récente que cette dernière composition, que l’on suppose avoir été écrite elle-même vers l’année 65. Les exégètes qui, tout en admettant l’authenticité de notre Épltre, placent la mort de