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PIERRE (PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT)


42, etc. Vivant et triomphant dans le ciel, il demeure toujours uni à son Église et lui envoie sans cesse de précieux secours. Act., Il, 33 ; iii, 16 ; IV, 10. Il reviendra un jour, puissant et glorieux, pour juger tous les hommes, Act., iii, 26 ; x, 42, et alors commencera une ère de consommation pour son Église. Il est la pierre angulaire sur laquelle repose tout l’édifice chrétien. Act., iv, 11. — Les discours de Pierre n’affirment pas explicitement et directement la divinité de Jésus-Christ, mais ils la supposent constamment. Le point essentiel consistait à démontrer d’abord aux Juifs que Jésus « tait le Messie depuis longtemps promis. Il est le Saint de Dieu par excellence, ô Sotôç trou, Act., Il, 27, le saint et le juste, Act., iii, 14, le prince de la vie, Act., iii,

15, le Seigneur de toutes choses. Act., x, 36. Il est le Seigneur par antonomase (4 xvpioç), comme Dieu lui-même, Act., i, 24 ; ii, 20, 21, 36 ; iii, 20 ; vii, 59-61 ; XI, 23, 24, etc., ou le Seigneur Jésus. Act., i, 31 ; iv, 33 ; XV, 11, etc. Dieu était avec lui d’une manière toute spéciale, Act., x, 38 ; en lui seul est placé le salut du monde. Act., iv, 12 ; v, 31. Assis sur le trône de Dieu, il est évidemment son égal. De grands miracles s’accomplissent en son nom. Act., iii, 6, 16 ; iv, 30, etc. À tous ces points de vue, il est un être unique, d’une dignité et d’une puissance extraordinaires. Mais il est homme aussi : c’est Jésus de Nazareth, « homme approuvé de Dieu, » Act., ii, 22, et, à ce titre, descendant royal de David. Act., ii, 30.

3° La sotériologie. — Avec Jésus-Christ a commencé l’ère de rédemption annoncée par les prophètes. Act., ii, 7 ; iii, 24 ; x, 43. Les moyens de s’approprier le salut apporté par lui consistent : — 1. Sous le rapport négatif, à faire pénitence et à rompre avec le péché, Act., ii, 38 ; ht, 26 ; — 2. Sous le rapport positif, à accepter sans hésitation la prédication apostolique, qui est la parole de Dieu lui-même, Act., iv, 29 ; v, 32 ; x, 41-42, etc., à croire en Jésus-Christ comme au Sauveur depuis longtemps prédit, Act., ii, 36 ; x, 43, et à recevoir le baptême en son nom, de manière à faire.partie de la société des élus. Act., ii, 38. En échange de cette foi en sa personne et pour rendre plus certaine l’acceptation individuelle du salut, Jésus remet les péchés des croyants sincères, Act., ii, 38 ; iii, 19 ; x, 43 ; il leur communique son Esprit, selon les antiques promesses, Act., ii,

16, etc. ; il leur accorde le salut éternel. Act., iii, 15 ; IV, 11-12 ; v, 31, etc. Israël, en tant que peuple de l’alliance, avait un droit spécial à la rédemption messianique, cf. Act., ii, 39 ; iii, 26 ; v, 31 ; x, , 36, 42, etc. ; mais tous les peuples du monde, sans exception, devaient y participer aussi. Act., it, 17, 39 ; iii, 25 ; x, 34-35 ; xv, 7. — On le voit par ce simple sommaire, rien n’est plus précis que l’enseignement doctrinal du prince des Apôtres, malgré son caractère élémentaire. Les Épîtres nous le présentent sous une forme plus large et plus complète.

VI. Bibliographie. — Voir C. Pouard, Saint Pierre et les premières années du christianisme, Paris, 1886 ; Ma" Le Camus, L’œuvre des Apôtres, t. i, Fondation de l’Église chrétienne, Paris, 1891 ; Xavier, Historia S. Pétri, 1639 ; P. Scheuren, Petrus der Apostelfùrst u. Statthalter Christi, nach der ii, Schrift, den Vâtern… dargestellt, Aix-la-Chapelle, 1846 ; Janvier, Hist. de saint Pierre, Tours, 1875 ; *J. S. Howson, Studiesin theLife of St. Peter, Londres, 1883 ; * A. Birks, Studies in the Life and Character of St. Peter, Londres, 1887 ;

  • Couard, Simon Petrus der Apostel des Herrn, 188Q ;

Henriot, Saint Pierre, son apostolat, son pontificat, son épiscopat ; histoire, traditions et légendes, Lille, 1891 ;

  • H. G. Thomas, The Apostle Peter, outline Studies

in his Life, Character and Writings, Londres, 1904 ; L.-CI. Fillion, Saint Pierre, Paris, 1906 ; * A. Brun, Essai sur l’apôtre Pierre, Montauban, 1905.

L. Fillion.

2. PIERRE (PREMIÈRE ÉPITRE DE SAINT). — I. La

question d’authenticité. — Nous étudierons successivement les preuves extrinsèques et les arguments intrinsèques ; puis, nous réfuterons les principales objections des néo-critiques.

I. preuve extrinsèque. — Les témoignages rendus à notre Épitre par les écrivains ecclésiastiques abondent depuis les temps les plus reculés. Aucun de ces anciens auteurs « n’a douté de son authenticité, ni même entendu parler de doute la concernant » (Olshausen). Si l’on se place au ive siècle et que l’on remonte en arrière, on est tout d’abord frappé de ce fait que, dans toutes les listes qui énumèrent les livres canoniques du Nouveau Testament, à part une seule, la lettre est citée et attribuée à saint Pierre. C’est le canon de Muratori qui fait exception : ce qu’il dit des écrits de saint Pierre est d’ailleurs très obscur ; il porte en cet endroit des traces visibles de corruption, et il est possible que la l a Pétri ait été mentionnée dans le texte primitif, comme le pensent des critiques de premier ordre. VoirTh.Zahn, Gesch. des neutestam. Kanons, t. ii, 1° part., p. 11U. Eusèbe, H. E., iii, 25, t. xx, col. 268, mentionne expressément l’Épitre parmi les livres admis d’une manière incontestable, et il affirme, m, 3, t. xx, col. 217, que « les anciens prêtres l’ont citée dans leurs écrits comme étant très authentique. »

Au commencement du m 6 siècle et dès la fin du ir 3, nous pouvons constater l’état de choses suivant. Pour l’Église d’Alexandrie, nous avons, d’une part, le témoignage du docte Clément, qui, non seulement cite la lettre et l’attribue à Pierre, Strom., iii, 18, t. viii, col. 1213 ; Pœdagog., i, 6, t. viii, col. 301 (cf. I Pet., i, 6-9 ; ii, 2-3), mais en a donné une brève explication dans ses Hypotyposeis (cf. Eusèbe, H. E-, vi, 14, 1, t. xx, col. 549), et, d’autre part, l’attestation non moins claire d’Origène, dans Eusèbe, H. E., vi, 25, 8, t. xx, col. 481 ; — pour les Églises d’Afrique, le témoignage soit deTertullien, qui, s’il omet de la mentionner dans son énumération des Instrumenta apostolica, c’est-à-dire des écrits composés par les apôtres, lui emprunte, plusieurs passages (cf. De orat., 20, t, i, col. 1182, et I Pet., iii, 3 ; Scorpiace, xiv, t. ii, col. 150, et I Pet., ii, 17 ; voir Rô, nsch, das Neue Testament Tertullian’s, p. 556-563], et la donne expressément comme l’œuvre du prince des Apôtres, soit de saint Cyprien (cf. De bono patientise, 9, t. IV, p. 628 ; Contr. jud., iii, 36, t. iv, col. 756) ; — pour les Églises de Syrie, celui de la Peschito, dont notre lettre a toujours fait partie ; — pour les Églises des Gaules, celui de saint Irénée, qui lui emprunte plusieurs citations, en déclarant qu’elle a été composée par saint Pierre (cf. Adv. hser., IV, ix, 2, t. vii, col. 998, et I Pet., i, 8 ; ibid., xvi, 5, col. 1019, et I Pet., ïv, 16) ; — pour l’Église de Rome, le témoignage de l’Itala, qui a toujours contenu la i a Pétri, comme le prouvent les citations de Tertullien et de saint Cyprien, et celui de saint Hippolyte (cf. Fragm. in Dan., xii, 7, édit. Lagarde, 185, 20, et I Pet., i, 12).

La première Épitre de saint Pierre est aussi très fréquemment citée dans le cours du n » siècle, et à l’époque des Pères apostoliques. Voir la lettre des Églises de Lyon et de Vienne, en 177, dans Eusèbe, H. E., v, 1 et 2, t. xx, col. 436 ; comp. I Pet., v, 6 et 8 ; S. Justin, Dial. c. Tryph., 103, t. vi, col. 717 (cf. I Pet., v, 8) ; S. Irénée, Adv. hser., i, 18, 3, t. vii, col. 645, cf. I Pet., iii, 20 ; Clément d’Alexandrie, Strom., IV, xii, 83, et 1 Pet., i, 12 ; t. viii, col. 1108 ; Hermas, Vis., iv, 3, 4, et Pet., i, 7 ; Sim., ix, 21, 3, xxvin, 4-7, et Pet., ïv, 14-16 ; Sim., ix, 16, et 1 Pet., m, 19-20 ; Papias, dans Eusèbe, H. E., III, xxxix, 1, t’xx, col. 500 ; Polycarpe, Philipp., i, 2, et I Pet., i, 8 ; „ 1, et I Petr., i, 13, 21 ; ii, 2, et I Pet., iii, 9 ; viii, 1, et I Pet., ii, 22, 24. Cf. Eusèbe, H. E., ïv, 14, t. xx,