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PIERRE (SAINT)


Der antiochenische Episkopat Pétri und die Feste Cathedra Pétri, dans le Katholik, 1890, t. i, p. 321-335, 449459. '

IV. LA CHAIRE DE SAINT PIERRE À ROME, — 1° Pierre

lui-même, nous l’avons vii, col. 371, date de Rome, la Babylone mystique, sa première Épître. I Pet., v, 13Plusieurs Pères apostoliques supposent ou affirment, dans un langage très formel, sa venue et son apostolat à Rome : saint Clément, l’un de ses premiers successeurs (vers 96), 1 ad Cor., 5, t. i, col. 217 ; saint Ignace (vers 115), ad Rom., iv, 3, t. v, col. 808 ; Papias (vers 130), dans Eusèbe, H. E., ii, 15, t. xx, col. 172. Plus tard, nous avons, dans le même sens, les témoignages de saint Denys de Corinthe (vers 170), ibid., ii, 25, 7-8, col. 209 ; de saint Irénée, venu à Rome en 177, Cont. heer., III, T, 1 et 2, t. vit, col. 845 ; des Philosophoumena, v, 20, t. xvi, col. 3226, part. 3 ; de Clément d’Alexandrie (vers l’an 200), dans Eusèbe, H. E., II, xv, 2, et "VI, xiv, 5, t. xx, col. 172, 552 ; du prêtre romain Caïus (même date), ibid., ii, 25, 7-8 ; deTertullien (même date), De Prœscript., xxxvi, t. ii, col. 49 ; Scoripac., 15, t. ii, col. 15 ; Adv. Marc, iv, 5, t. ii, col. 366 ; plus tard encore, d’Origène (vers 250), Expos, in Gen., t. iii, dans Eusèbe, H. E., iii, 1, t. xx, col.216 ; de saint Cyprien, Epist. LIX ad Cornel., t. iii, col. 806 ; au IVe siècle, d’Eusèbe, H. E., II, xiv, 6, t. xx, col. 172 ; Demonstr. evang., III, v, 65, t. xxil, col. 209 ; de Lactance, Institut, div., iv, 21, t. vi, col. 516 ; de saint Jérôme, De vir. ill., i, 8, t. xxiii, col. 654, et In Gai. ii, 11-13, t. xxvi, col. 341, etc. Voir sur cette question Baronius, Annal., ad ann. 44 et suiv. ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, édit. de 1701, t. i, p. 162 ; Nat. Alexander, Hist. ecclesiastica, t. iii, dissert. XIII, p. 168 ; Dôllinger, ChristenthumundKirche, Ratisbonne, 1860, p. 95-105 ; Windischmann, Vindicise Petrinse, Ratisbonne, 1836 ; Ginzel, Neue Vntersusch. ûber den Episkopat und Martyrtod des heil. Petrus in Rom, dans la Œsterreich. Vierteljahrschrift fur kathol. Théologie, 1877, p. 469 ; C. Fouard, Saint Pierre et les premières années du christianisme, p. 535-545 ; Hundhausen, Das erste Ponlificalschreiben des Petrus, p. 35-60 ; Lecler, De Romano sancli Pétri episcopalu, Louvain, 1888 (p. 9 l’auteur donne une liste complète des écrivains catholiques qui ont défendu la même thèse) ; Schmid, Petrus in Rom, oder Novse vindicise Petrinse, Lucerne, 1892 ; Felten, die Apostelgeschichte, Fribourgen-Brisgau, 1892, p. 240-244 ; T. Livius, St. Peter, Bishop of Rome, or the Roman Episcopate of the Prince of the Apostles, Londres, s. d. ; Me Giffert, A History of C hristianily in the apostolical Age, 1897, p. 591-597.

2° La date du premier voyage de saint Pierre à Rome demeurera probablement toujours incertaine. Nous avons cependant, pour essayer de la fixer, les documents suivants. — 1. Suivant Eusèbe, H. E., II, xiv, 6, t. xx, col. 172, saint Pierre serait allé à Rome sous le règne, de Claude (41-54). Orose, .Hist., vii, 6, t. xxxi, col. 1078, est un peu plus précis : Exordio regni Claudii. D’après la traduction du Chronicon d’Eusèbe par saint Jérôme, ii, 153, t. xxvii, col. 577, ce voyage aurait eu lieu la seconde année du même règne (42-43). Saint Jérôme, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 608, adopte la même date pour son propre compte. La traduction arménienne du Chronicon, ii, t. xix, col. 539, déclare aussi qu'Évodius succéda en cette même année à saint Pierre sur le siège épiscopal d’Antioche. Il est vrai qu’un peu plus haut, ii, 150, la même traduction arménienne assigne à l’an 39 l’arrivée de saint Pierre à Rome ; mais il y a en cela une erreur évidente. La date très nettement fixée par saint Jérôme est selon toute probabilité la véritable. — 2. Si nous parcourons la première partie du livre des Actes, i, 1 ; xii, 25, nous voyons qu’il n’y a pas de place pour un voyage et un séjour de saint

Pierre à Rome avant sa délivrance miraculeuse de prison, xii, 1 sq. Or, ce dernier fait ne saurait s'être passé antérieurement à la Pâque de l’année : 42 ; puisque Hérode Agrippa I" fut institué roi de Judée par l’empereur Claude, lequel monta sur le trône le 25 janvier 41. Le même fait n’est certainement pas postérieur à l’an 44, durant lequel mourut Agrippa. Il est donc très possible que le trait du récit des Actes, xii, 17, ce Il s’en alla dans un autre lieu, » se rapporte au départ de saint Pierre pour Rome. Voir P. Allard, Histoire des persécutions pendant les deux premiers siècles, Paris, 1885, p. 15 ; Hundhausen, Dos erste Pontificalschreiben …Petrus, p. 16 ; Felten, Die Apostelgeschichte ûbersetzt und erklàrt, 1892, p. 240, etc. — 3. Alors même que cette date n’a pas le caractère d’une entière certitude, et qu’elle n’est pas mathématiquement démontrable, elle nous paraît du moins très vraisemblable. Des historiens catholiques assez nombreux l’ont adoptée de nos jours. Voir, entre autres, Funk, article Petrus dans le Kirchenlexikon de Wetzer et Welte f 2e édition, t. ix, col. 1861. Elle coïncide d’ailleurs assez bien avec l’assertion d’Apollonius (vers 200 ; dans Eusèbe, H. E., V, xviii, 14, t. xx, col. 480) et de Clément d’Alexandrie, Slrom., vi, 15, t. IX, col. 264, d’après laquelle Notre-Seigneur aurait enjoint à ses disciples de demeurer à Jérusalem pendant les deux premières années qui suivraient son ascension. Si Lactance, De morte persecut., 2, t. vii, col. 195, fixe une date beaucoup plus tardive (après l’année 64), c’est sans doute parce qu’il fait allusion, au dernier voyage de saint Pierre à Rome.

3° La durée du séjour de Pierre dans la capitale du monde romain ne saurait être non plus déterminée avec certitude ; les bases chronologiques ne sont pas assez sûres pour cela. Voici les faits principaux. Dans la version arménienne du Chronicon d’Eusèbe, t. xix, col. 539, on doit lire : « Le chef de l'Église demeura là (à Rome) pendant vingt-cinq ans. » C’est ce que porte la version latine de saint Jérôme, t. xxvii, col. 571 : Viginti quinque annis ejusdem urbis episcopus persévérât. Le saint docteur nous fait connaître en ces termes son sentiment personnel, De vir. ill., 1, t. xxiii, col. 607 L Romani pergit, ibique viginti quinque annis cathëdram sacerdotalem tenuit, usque ad ultimurq annum Neronis, id est, quartum decimum (l’an 67 de notre ère). Cette durée de vingt-cinq ans pour le pontificat romain de Pierre est aussi mentionnée dans les différentes éditions du Liber pontificalis. Voir celle de Ma r Duchesne, p. xx, 2, 50, 118. Toutefois, les détails par lesquels le fait est développé dans cet écrit célèbre varient au point d'être contradictoires. Il n’en demeure pas moins frappant de constater que, de très bonne heure (dès le ye siècle, d’après Funk, l. c, col. 1864), . on mentionne cette durée de vingt-cinq ans. Nous pouvons donc fort bien admettre, en nous conformant aux données d’Eusèbe et de saint Jérôme, qui paraissent résumer les anciens témoignages sur ce point, que saint Pierre fut évêque de Rome entre les années 42 et 67.

4° De son activité apostolique dans la capitale des Césars, il ne nous est parvenu que trois détails. D’abord, comme il fallait s’y attendre, les épreuves ne lui manquèrent pas, ainsi que l’affirme saint Clément, / ad Cor., v, 4, t. i, col. 217. En second lieu, sa prédication obtint un merveilleux succès. Comme nous l’apprend Eusèbe, H. E., ii, 15, t. xx, col. 172, en s’appuyant surles témoignages de Papias et de Clément d’Alexandrie (voir, de ce dernier, Hypotypos., vi, dans Eusèbe, . H. E., VI, xiv, t. xx, col. 552), les fidèles de Rome demeurèrent toujours avides de l’entendre, et ils forcèrent instamment son disciple saint Marc de la mettrepar écrit, pour qu’ils n’en perdissent jamais le souvenir. C’est ce qui occasionna la composition du second