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PIERRE (SAINT)


volontiers le nom araméen Céphas. Cf. I Cor., i, 12 ; lll, 22 ; Gal., i, 10 ; ii, 9, 11, 14.

2° Sa patrie. — Simon était originaire de « Bethsaïde, la ville d’André et de Pierre », comme aussi de l’apôtre Philippe. Joa., i, 44. Elle était située en Galilée, non loin de Capharnaûm, sur la rive droite du lac de Tibériade. Plus tard, cependant, Pierre abandonna Bethsaïde, pour s’établir à Capharnaûm, car plusieurs textes évangéliques, cf ; Matth., viii, 5, 14 ; Marc, i, 21, 29 ; Luc, iv, 31, 38, parlent de la maison qu’il possédait, ou du moins qu’il habitait dans cette dernière ville.

3° Sa famille. — Les Évangiles nous fournissent aussi quelques renseignements intéressants sur la fa 82. — Statue de saint Pierre, îv* siècle, dans les cryptes vaticanes. D’après une photographie. Voir D. Dufresne, Les cryptes vaticanes, 1902, p. 14.

mille de saint Pierre. — 1. Son père s’appelait’Imvîj, d’après Matth., xvi, 17 ; Joa., i, 42 ; xxi, 15, 16, 17 [textus receptus). Voir Jona ; t. iii, col. 1603. — 2. L’Évangile nous apprend aussi que Simon avait un frère nommé André, lequel eut également l’honneur de compter parmi les amis privilégiés de Notre-Seigneur. Il n’est pas possible de dire avec certitude lequel des deux frères était l’ainé ; ce serait Simon, d’après la plupart des auteurs qui se sont occupés de cette question. — 3. Simon s’était marié avant de recevoir l’appel de Jésus. Il est parlé expressément de sa belle-mère. Matth., viii, 14 ; Marc, i, 30 ; Luc, iv, 38. Saint Paul mentionne sa femme. I Cor., ix, 5.

4° Son éducation intellectuelle et morale. — Nous sommes réduits sur ces deux points à de simples conjectures. — 1. La vie de Simon-Pierre montre qu’il possédait une intelligence peu commune. D’autre part, les membres du sanhédrin portèrent sur lui et sur son ami saint Jean un jugement sévère sous le rapport de l’ins truction, les regardant tous deux comme « des hommes illettrés et des gens du peuple ». Act., iv, 13 r av6p<071O ! àYpâiijjLotTot… xad ÏStôTat, homines sine litteris et idiotes. Cf. S. Jean Chrysostome, Hom. xxxii, 3, In Matth., t. lvii, col. 381. Mais il faut prendre ces expressions dans le sens que leur donnaient alors les Juifs ; ainsi comprises, ^lles signifient seulement que les deux apôtres n’avaient pas étudié dans les écoles rabbiniques et qu’ils n’étaient que des hommes ordinaires, sans influence, par contraste avec les docteurs de la loi, les prêtres, etc. Néanmoins, Simon n’était pas dénué de toute instruction. Depuis longtemps, en effet, des écoles avaient été établies dans les communautés juives de toute la Palestine, et les pharisiens veillaient à ce que l’enseignement des maîtres fût sérieux et solide. Voir J. Simon, L’éducation et l’instruction des enfants chez les anciens Juifs, d’après la Bible et le Talmud, in-8°, Leipzig, 3e édit., 1879. LJidiome en usage dans la contrée était Paraméen occidental, dont les Évangélistes nous ont conservé quelques échantillons. Cf. Matth., xxvii, 46 ; Marc, v, 41 ; Joa., xx, 16, etc. Nous apprenons, Matth., xxvi, 13, que c’était la langue maternelle de saint Pierre ; mais de très bonne heure il dut comprendre et parler plus ou moins parfaitement le grec dit hellénistique (voir plus bas, col. 392 ; , qui, dans la région du lac, était connu de la plupart des habitants, comme l’affirment les anciens auteurs. De nombreux païens s’étant fixés dans ces parages, ce grec vulgaire servait de moyen de communication entre eux et les Juifs. — 2. La formation religieuse de Simon avait-eu lieu d’abord sous l’influence de la famille, puis sous celle de la synagogue. Ses relations intimes avec Jean-Baptiste, cf. Joa., i, 35, attestent sa grjnle piété et la foi très vive avec laquelle il attendait le Messie. Ses discours et ses Épîtres prouvent qu’il connaissait la Bible, si chère à tous ses coreligionnaires ; il la cite assez fréquemment, et son langage en est tout coloré, comme il sera démontré plus loin (col. 393).

5° Sa profession. — Avant d’être appelé par Notre-Seigneur, Simon exerçait sur la mer de Galilée le métier de pêcheur. Matth., IV, 18 ; Marc, i, 16 ; Luc, v, 2 ; Joa., xxi, 3. Le bateau dont il se servait était sa propriété personnelle. Luc, v, 3. Les pêcheurs du lac de Tibériade formaient alors une classe nombreuse, car les poissons abondaient dans ses eaux (c’est encore le cas aujourd’hui), et il s’en faisait un commerce considérable dans la Palestine entière. C’était une profession assez rémunératrice ; aussi rien ne donne à penser que Pierre ait été pauvre avant de s’attacher au Sauveur ; iien plus, nous l’entendrons lui-même affirmer plus tard qu’il avait conscience d’avoir abandonné, pour suivre Jésus, des biens qui n’étaient pas sans valeur. Cf. Marc, x, 28. Si les beaux horizons du lac durent exercer une impression durable sur l’âme sensible et ardente de Pierre, il est très juste aussi de dire que son rude métier, accompagné de tant de privations, de fatigues et de périls, ne contribua pas peu à développer son énergie, sa persévérance, son activité et son habileté pratique.

II. LES APPELS SUCCESSIFS DE SIMON PIERRE. —

Nous devons en distinguer trois, d’après les récits très nets et très formels des Évangélistes. Le premier, seulement préliminaire, établit entre Jésus et Simon de simples relations d’amitié. Le second fut décisif : il fit du pêcheur de Galilée un disciple du Sauveur dans le sens strict. Le troisième fut d’un ordre encore plus relevé, puisqu’il transforma Pierre en apôtre du Christ.

1° Première rencontre de Jésus et de Simon, et premier appel de ce dernier. — C’était sur la rive orientale du Jourdain, à Béthanie ou Bethabara. Joa., i, 28. André et celui qui fut plus tard le disciple bien-aimé