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PHŒBE — PHOGOR

affaires particulières Phœbé pouvait avoir à Rome. Saint Paul, sans s’expliquer autrement, demande seulement aux chrétiens de la capitale de l’empire de lui prêter leur concours en tout ce dont elle aura besoin. On croit communément que Phœbé était une veuve, et « on une vierge. Voir Acta sanctorum, t. I septembris, édit. Palmé, p. 605, n. 18. L’Église célèbre sa fête le 3 septembre. Les martyrologes ne savent de sa vie que ce que nous en apprend saint Paul.

PHŒNICE (grec : (foîviÇ), port de mer mentionné Ad., xxvil, 12, à l’occasion du voyage maritime de saint Paul, comme un excellent hivernage, situé sur la côte méridionale de l’île de Crète, à l’est de. Bons-Ports et de Laséa. Cf. Act., xxvii, 9. Son nom lui venait sans doute des palmiers (en grec, ço : vi|) qui, comme nous l’apprend Théophraste, Eist. plantai 1., il, S, croissaient en nombre dans ces parages. Mis en danger par le mauvais temps, le vaisseau qui conduisait saint Paul à Rome se dirigeait vers ce port, pour y passer l’hiver, lorsqu’une terrible tempête le rejeta en pleine mer. Ptolémée, III, xvii, 3, et Slrabon, X, iv, 3, parlent l’un et l’autre d’un port crétois du nom de « Phoinix ». Strabon en fait un village florissant, xaxoixia, et le place sur « l’isthme » de Crète, c’est-à-dire dans la partie la plus étroite de l’île, entre le mont Ida et les montagnes de l’extrémité occidentale, sur le territoire de Lampa ou Lappa, ville d’une certaine importance. Voir Crète, carte, fig. 404, t. ii, col. 1113. Le passage de Ptolémée est plus obscur, et semble désigner tout à la fois un port nommé « Phoinikoi », et une ville appelée « Phoinix », également situés sur la côte méridionale.

D’après MM. James Smith et le commandant Spratt, qui ont tout particulièrement étudié les détails relatifs au voyage et au naufrage de saint Paul dans la Méditerranée, il n’y a pas de doute que Phœnice ne corresponde au port actuel de Loulro, qui est « la seule baie de la côte sud dans laquelle un bâtiment puisse mouiller en toute sécurité durant l’hiver, parce que les vents du sud, repoussés par les hautes montagnes qui la dominent, ne viennent jamais à terre, et parce que la mer qu’ils soulèvent arrive presque morte à la côte, de sorte que les bâtiments roulent, mais les amarres ne fatiguent pas. » Spratt, Instructions sur l’ile de Crète, trad. franc., Paris, 1861, p. 44. Cf. J. Smith, The Voyage and Sliipwreck of St. Paul, 4e édit., in-8°, Londres, 1888, p. 261. Loutro, située à l’est du cap Plaka, qui correspond au cap Herma : a des anciens, est précisément sur le territoire de l’antique cité de Lappa.

Il est vrai que, d’après le texte des Actes, « Phœnice est un port de Crète qui regarde du côté du Libs, i> ou vent du sud-ouest, vent africain, « et du côté du Khorus » ou vent du nord-ouest, tandis que la baie de Loulro est au contraire ouverte dans la direction du sud-est et du nord-est. La difficulté est très réelle. On a essayé de la résoudre de plusieurs manières : 1° Il est possible que l’ancien port de Phœnice ait consisté en un double bassin, dont l’un aurait été abrité contre les vents du sud, et l’autre contre les vents du nord. Voir Ramsay, dans Hastings, Diction, of tlie Bible, in-4°, t. iii, p. 863 ; J. Belser, Die Apostelgeschichte ûberselzt und erklsert, in-8°, Vienne, 1905, p. 317. — 2° Comme l’ont fait remarquer de nombreux commentateurs, à la suite de M. J. Smith, les mots « qui regarde du côté du Libs… » ne sauraient signifier que le port était ouvert aux vents du sud-ouest et du nord-ouest, c’est-à-dire aux vents occidentaux, si dangereux dans ces régions, mais plutôt, que les côtes qui entouraient la baie se dressaient dans cette double direction, et, par suite, la garantissaient contre eux. Presque tous les exégètes récents adoptent ce sentiment ; entre autres MM. Vigouroux, Fouard, Felten, Cook dans la Speaker’s Bible, Wendt dans la 8e édit. du

commentaire de W. Meyer, etc. Cela revient à dire que le port de Phœnice était ouvert, non pas du côté d’où venait le vent, mais dans la direction opposée, du côté où le vent soufflait. Si le port avait été exposé au Libs et au Khorus, il n’aurait nullement répondu aux conditions requises pour un hivernage. — 3° Comme il a été dit plus haut, aucun autreport de la côte méridiodionale de l’île de Crète ne paraît avoir convenu à la situation décrite. C’est bien à tort qu’on a parfois accusé saint Luc de n’awir pas exactement rendu le langage des marins qui l’auraient renseigné sur Phœnice. Les habitants affirment que l’ancien nom de la ville était Phœniki. — Voir Hœck, Kreta, Gœltingue, 1823-1824, t. i, p. 387-388 ; C. Bursian, Géographie von Griecheriland, t. ii, Leipzig, 1870, in S, p. 545-516. ;

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— t 74, — Côte sud de l’ile de Crète.

Spratt, TraveU and Rescarches in Crela, t. ii, p. 247 ; Conybeare and Howson, The _Life and Epistles of St. Paul, in-12, Londres, 1875, p. 641-642 ; A. Breusing, Die Nautik der Allen, in-8°, Brème, 1886, p. 186^ ; A. Trêve, Une traversée de Cësarée… à Putéoles, in-8°, Lyon, 1887, p. 25-26 ; H. Balmer, Die Ronifahrt des Apostcls Paul und die Seefahrtskunde im rômischen Kaiserzeitalter, Leipzig, 1906, 3e partie, chap. I.

L. FlLLION.

1. PHOGOR (hébreu : hap-Pe’or ; Septante : « ! > m y <>> ; >)-, montagne de Moab, mentionnée seulement dans Num, , xxin, 28. Balac, roi de Moab, conduisit Balaam sur son sommet afin qu’il pût voir de là le camp des Israélites et le maudire. Cette montagne était située en face de Jesimon, c’est-à-dire du désert au nord est de la mer Morte, dans le voisinage de l’embouchure du Jourdain. Son emplacement n’est pas rigoureusement déterminé ; elle devait se trouver près de Belhphogor. Voir Bethphogor, t. i, col. 1710. C’est là qu’on rendait un culte impur à Béelphégor. Voir Béelphégor, t. i, col. 1543.

— Phogor, Num., xxv, 18 (Vulgate : idolum Phogor)^ est pour Béelphégor.

2. PHOGOR (Septante : <Paywp), une des onze villes de la tribu de Juda ajoutées par les traducteurs grecs au texte hébreu. Elle était située entre Bethléhem et Élham. Jos., sv, 60. Eusèbe et saint Jérôme en font mention. « Il y a un autre village de Fogor, dit saint Jérôme, qu’on voit non loin de Bethléhem ; il s’appelle maintenant Phaora. « Onomastic, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 363. On identifie généralement aujourd’hui ce Phogor avec le Khirbet Beit-Foghour, qui a conservé le nom antique, à huit kilomètres au sud-ouest de Bethléhem. C’est un amas de ruines situées sur une