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PHITHOM


moins douze fois tantôt avec le déterminatif des villes ©, tantôt avec celui d’une région de quelque

étendue ç. Il s’agit donc bien de Thukut, soit comme

ville soit comme région, et du culte de Tum dieu de la ville et de la région de Thukut. De plus le nom de Pitum se lit trois fois sur la statue de Ankh-renp-nefer, deux fois dans la grande stèle ptolémaïque avec le déterminatif des villes ©, pi. ix lig. 10, 13, où il est parlé des revenus affectés au temple, des statues et des prêtres placés deva nt « les dieux de Pi-tum-Thukut ». Pi-tum y a la

yariante H I., Ra-tum, « la divine demeure de Tum, le grand dieu qui réside dans Thukut. i> PI. v a, vu A, lig. 2, 3. Il s’agit donc bien aussi de Phithoni. Tout ce qu’on peut dire c’est que Pi-tum désignait plus spécialement l’enceinte avec son temple et sesgreniers, tandis que Thukut, désignait, en outre, la ville groupée autour de l’enceinte sacrée. En résumé, les textes de Tell el-Maskhouta nous apprennent que la ville située en cet endroit s’appelait Pi-tum, qu’elle était dans la la région de Thukut dont elle prit aussi le nom dans la suite. Si nous joignons ces données à ce que nous apprennent les Papyrus de la XIXe dynastie, nous voyons qu’à cette époque il n’est pas question de la ville de Thukut, mais uniquement de la région de

Thukut, le plus souvent écrite V ~, ’Anastasi, v,

pi. xix, lig. 2, 3, 8 ; xxv, lig. 2. Une lettre de l’an VIII de Ménephtah parle de nomades voisins de cette région qui furent autorisés à passer la frontière « à la forteresse de Ménephtah dans la terre de Thukut, vers les lacs de Pi-tum de Ménephtah dans la terre de Thukut, pour y vivre en faisant paître leurs troupeaux dans le grand état ou domaine de Pharaon. » Anaslasi, iv, 4. Cf. Brugsch, Dictionnaire géographique de l’ancienne’Egypte, 1889, p. 642 ; Chabas, Recherches pour servir à l’histoire de la XIXe dynastie, p. 107. À rencontre des papyrus de la XIXe dynastie, les textes géographiques de Denderah, Edfou et Philæ tous d’époque ptolémaïque, nous montrent Thukut comme étant, sans perdre son nom de région, le nom vulgaire ou civil de la capitale du VIIIe nome de la Basse-jigypte. Dùmichen, Geographische Inschriften, t. i, pi. lx.ii, lxiv. Le nom sacré de cette même ville était Ha-tum, loc. cit., t. iii, pi. cxlvi, etc., « la demeure de Tum », le dieu principal du nome ; il était aussi Pi-tum, loc. cit., t. ii, pi. lxxxviii ; t. iii, pi. xxix, « qui est à la porte orientale ». Il y a donc pleine correspondance entre les textes de Naville et les textes déjà connus par les papyrus et les temples. De ce que Pi-tum nous paraît n’avoir emprunté que plus tard le nom de la région qui dépendait d’elle, nous devons conclure qu’au temps de l’Exode la Socoth de la Bible, Exod., xii, 37 ; xiii, 20 ; Num., xxxiii, 5, 6, est prise dans le sens de région. On ne peut supposer d’ailleurs qu’une aussi grande multitude que celle des Israélites en route pour la Palestine ait pu s’arrêter, dans la ville même, ville fortifiée dont les portes ne se seraient pas ouvertes pour elle, et, se fussent-elles ouvertes, qui n’aurait pu la contenir. Que n’DD, Sucoth ou Socoth, soit le mot égyptien Thukut, cela est clair. Le s=> égyptien se prononçait th et on le transcrit souvent en grec par a et en hébreu par d. Brugsch, Zeitschrift fur âgyptische Sprache, t. xiii, 1875, p. 7. Pour n’en citer qu’un exemple, pris entre

beaucoup d’autres, la | s=> J©, Thebneter ou Theb nuter des Égyptiens, est devenue la Seëevvuioç, Sebennytus, des Grecs. Store-City of Pithom p. 7. — Il reste à nous demander pourquoi Hérodote appelle Pi-tum « ville d’Arabie » : n « ruji.o « r’Apccë{-r. Les Septante nomment aussi la terre de Gessen Teuét).’Ap « êîaç. Gen., xxxvl, 34. Arabie, Arabique signifient ici Orient, oriental, et c’est la traduction de l’expression égyp tienne I T ffi) Ro-ab, « porte orientale », que les textes de Denderah accolent au nom de Pi-tum, Dùmichen, loc. cit., 1. 1, pi. xcviii, lig. 12 ; t. ri, pi. xxix, lig. 3, et que nous retrouvons dans la grande stèle de Philadelphe, pi. Vm, 3e tableau où, derrière Tum, se tient Osiris « le maître de la porte orientale », comme ayant son sanctuaire ou sérapéum à l’extrémité de la région de Thukut. Pour l’Egypte, l’Orient c’était l’Arabie, les Grecs donnèrent ce nom aux contrées qui touchaient directement au désert de l’est. Outre Gessen d’Arabie, il y eut le nome d’Arabie, le XXe, situé entre la branche pélusiaque et le désert, tout de même <ju’à l’autre extrémité du Delta il y avait le nome libyque. — Nous avons vu plus haut la correspondance entre les textes de Naville et ceux des papyrus et des temples au sujet de Thukut région etThukut-Pi-tum. Cette correspondance va plus loin qu’il n’était nécessaire de l’établir pour notre sujet. Elle s’étend d’abord aux noms des principales divisions du nome, son territoire, son canal, ses terrains inondés. Elle s’étend encore au nom du nome lui-même et à celui d’une de ses localités, As-kéhéret ou Pi-keheret (Pi-hahiroth ?), le sanctuaire’osirien du nome. En effet, tous ces noms que les temples donnaient déjà se sont retrouvés à Tell el-Maskhouta. Store-City of Pithom, p. 5-8. Mais ce que les temples ne disaient pas, c’était la situation précise du VIIIe nome de la Basse-Egypte dont Pi-tum-Thukut était le chef-lieu. Désormais « tout change grâce aux fouilles de Naville. Le huitième nome ne peut plus côtoyer le lac Menzaleh, comme le croyait Brugsch, et une grande découpure de la topographie encore flottante du Delta se fixe et se précise immédiatement, sur la carte, autour de Tell el-Maskouta. » E. Lefébure, Les fouilles de M. Naville à Pithom, dans la Revue des religions, t. xi, 1885, p. 310. Cf. J. de Rougé, Géographie ancienne de la Basse-Egypte, 1891, p. 45-55. — Si Tell el-Maskouta était Pbithom, elle était aussi Héroopolis. Quand Naville découvrit les greniers de Phithom, il s’aperçut qu’à la basse époque on avait nivelé le sol au-dessus et rempli toutes les chambres avec des briques, du sable, de la terre, des débris de calcaire, au grand détriment du temple de Tum. Le but avait été d’y asseoir un camp, et deux inscriptions révélèrent que ce camp était l’œuvre des Romains. La première inscription fragmentaire, qui avait dû faire partie d’une porte, finit après cinq signes peu lisibles par

POLIS

ERO

CASTRA

mots tout à fait distincts et pour lesquels le doute n’est pas possible. L’autre inscription est datée (306 ou 307), car elle contient les noms des empereurs Maximien et Sévère, des césars Maximin et Constantin. Elle donne une distance de neuf milles entre Éro et Clysma :

ABEROINCLUSMA

M Vtlll ©

PI. xi. Le nombre des milles est en latin et en grec. C’est un cas fréquent dans les pays où le grec était parlé. Cf. Corpus inscr. latin., iii, 1, n. 205, 309, 312-315, 347, 464. Phithom sous les Grecs avait donc échangé son nom contre Héroopolis, HPOT, comme l’a lu Naville sur un petit fragment trouvé en place.’Hpw, dit Etienne de Byzance, De urbibus et populis, Amsterdam, 1678, p. 298-299, est une ville égyptienne que Strabon appelle’Hpti » v iroXiv. Nous l’avons vii, les Septante avaient déjà rendu Phithom par Héroopolis, et Josèphe, marquant à cet endroit la rencontre de Jacob et de Joseph, lui donna le nom même que Phithom portait de son temps. Les Romains en firent ii.ro. À la fin du ive siècle de notre ère (vers 385), sainte Silvie suivit la