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PHINON — PHITHOM


résidait. Gen., xxxvi, 41 ; I Par., i, 52, Eusébe et saint Jérôme, Onomastic, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 360-363, mentionnent une ville de Phinon entre Pétra et Zoar ; ils disent que c’est là, Num., xxxiii, 42 (Vulgate : Phunon), que fut établi un des campements d’Israël pendant l’exode et qu’il y avait en cet endroit des mines (de cuivre) exploitées par les Romains, ^oir Phunon.

. PHISON (hébreu : Pîsôn ; Septante : « Êtcrâv), un des quatre fleuves du Paradis terrestre. Il entourait le pays d’Hévilath. Gen., ii, 11-12. Sur son identification, voir Paradis terrestre, t. iv, col. 212. L’auteur de l’Ecclésiastique, xxiv, 35, compare la loi de Moïse qui fait déborder la sagesse avec le Phison qui fait déborder ses eaux.

    1. PHITHOM##

PHITHOM (hébreu : Pifôm ; Septante : Ilsrôti, ILOwn), ville d’Egypte.

I. Conjectures sur le site de 1766 k 1883. — Sous le pharaon oppresseur, les Hébreux, surveillés par d’impitoyables maîtres des travaux, bâtirent deux villes fortes contenant des magasins, Phithom et Ramessès. Exod., i, 10-11. Longtemps on s’est demandé dans quelle partie du Delta oriental se trouvaient ces deux villes. On se le demande encore pour Ramessès, bien que le cercle où il faut la chercher se soit singulièrement resserré. Quand les premiers chrétiens se préoccupèrent de la géographie de l’Exode, la plupart des stations bibliques d’Egypte étaient disparues ou se cachaient sous des noms nouveaux. On les localisa au hasard. Des modernes seulement datent les recherches précise^. Pour Phithom, d’Anville avait déjà remarqué, Mémoires sur l’Egypte ancienne et moderne, 1766, p. 122-124, qu’elle devait être identique à l’Héroopolis de l’Itinéraire d’Antonin, édition Wesseling, p. 170, et qu’il fallait la placer, non vers le fond du golfe de Suez, mais sur le canal de Néchao, devenu plus tard le Trajanus amnis, à l’endroit même de la IlàTupio ; d’Hérodote, ii, 158, à l’aboutissement de la route de Palestine en Egypte. C’est en effet dans la terre de Gessen, Gen., xlvi, 28, et à ce point même de la terre de Gessen dans la terre de Ramessès que Joseph rencontra Jacob venant de Chanaan et de Bersabée. Josèphe, Ant. jud., II, vii, 15. D’autre part, les Septante, qui devaient connaître la géographie du Delta, ont rendu par’HptowM IIôXiv le Phithom du texte hébreu ; et la version copte, faite d’après le texte grec, a substitué Phithom, n& » (OAJ./ à Héroopolis. Sur ces témoignages il n’était donc pas téméraire de tirer l’équation Phithom = Patumos = Héroopolis. Mais quelle était au juste la situation de PhithomHéroopolis ? Par son Mémoire sur le canal des deux mers, dans la Description de l’Egypte, t. xi, 2e édit., 1822, p. 291-298, poussant plus loin les observations de d’Anville, Le Père situait Héroopolis à Abou-Keycheyd où l’on voyait un vaste amas de décombres. Dubois-Aymé, Sur les anciennes limites de la mer Rouge, loc. cit., p. 377-379, corroborait la même opinion, suivi en cela par Quatremère, Mémoires géographiques et historiques sur l’Egypte, t. ii, p. 166 sq., et Champollion, L’Egypte sous les Pharaons, t. ii, p. 89. Or, Abou-Keycheyd n’est pas autre chose que l’ancien nom de Tell-el-Maskhouta, « le monticule de la statue ». Ce dernier nom, qui nous est plus connu, était dû à un monolithe en granit rouge représentant un roi assis entre deux dieux et dominant les ruines. Précisons la place. Au sortir de Zagazig, quand on prend la direction d’Ismaïliah, le chemin de fer ne tarde pas d’atteindre Tell el-Kébir. On est alors en plein Ouadi Toumilat jusqu’à Ismaïliah, sur une longueur de cinquante kilomètres. L’Ouadi relie à travers le désert » rabique le Delta aux lacs Amers. Le chemin de fer et le canal d’eau douce qui va alimenter Suez y ont pris la place de deux canaux plus anciens dont les traces sont encore reconnaissables, l’un qu’on


appelle « le canal de l’Ouadi », l’autre, « le canal des pharaons », qui depuis Néchao et Darius joignit le Nil à la mer Rouge. Le canal de l’Ouadi était probablement un canal plus moderne destiné à l’arrosage de la région. Déjà Ramsès II dut conduire l’eau jusqu’à Phithom et dans toute la région de Socoth, qui n’auraient pu subsister sans eau, et c’est peut-être ce qui lui a valu la réputation d’avoir tenté de faire communiquer le Nil avec la mer Rouge, suivant la tradition mentionnée par Strabon, i, 2, 31. C’est du canal des pharaons qu’Hérodote a dit : « Son eau procède un petit au-dessus de la ville Bubastis, et passant par Patume, ville d’Arabie, va rencontrer la mer Rouge. » ii, 158, trad. Saliat, édit. Talbot, p. 189. Si l’on est dans l’Ouadi Toumilat, on est aussi en terre de Gessen, voir Gessen, t. iii, col. 218-220, et dans la partie la plus orientale de la terre de Ramessès, qui paraît avoir compris non seulement la terre de Gessen, mais encore toute la partie du Delta située à l’est de la branche tanitique. Ed. Naville, Goshen and Shrine of Saft el-Henneh, 1887, p. 18 (Mémoire iv de YEgypt Exploration Fund). Sur cette partie ainsi délimitée de la terre de Gessen dans la terre de Ramessès, Tell el-Maskhouta occupe le point central, à égale distance de Tell el-Kébir et d’Ismaïliah. L’égyptologie, à qui était réservée le dernier mot sur son identification, s’égara d’abord et même se dispersa. — Mû par la lecture du nom de Ramsès sur le monolithe qui avait donné son nom à la butte, Lepsius proposa d’y voir la ville de Ramessès, Chronologie der Aegypter, 1849, p. 348, tandis qu’il plaçait Phithom quatre ou cinq kilomètres plus à l’est, à Magfar. Loc, cit., p. 345. Pendant les derniers travaux nécessités par le percement de l’Isthme, en 1876, les ingénieurs français entamèrent les ruines de Tell el-Maskhouta. Entre autres monuments, un monolithe semblable à celui qui était visible, deux sphinx, un naos et une grande stèle parurent au jour.- Ils ornent aujourd’hui le jardin public d’Ismaïliah. Maspero les étudia, Sur deux nouveaux monuments de Ramsès II, dans Revue archéologique, nouvelle série, t. xxxiv, 1877, p. 320-332. Les inscriptions ne contenaient aucune indication géographique, mais on y lisait les cartouches de Ramsès II et les hommages de ce roi au dieu Tum. Maspero ne conclut pas autrement que Lepsius et l’on parut s’en contenter. La station du chemin de fer qui s’arrêtait alors en cet endroit porta même le nom de Ramessès. — Brugsch avait d’abord admis l’identité de Phithom et d’Héroopolis, mais en 1874 il fit sienne une théorie de Schleiden. Celui-ci, dès 1858, dans son livre Die Landenge von Sues zur Beurtheilung des Canalsprojects und des Auszugsder lsræliten aus Aegypten, p. 120 sq., fut le promoteur d’un Exode à travers les fondrières du lacSirbonet par les bords de la Jitéditerranée. Brugsch reprit l’idée de Schleiden et, pour le besoin de sa cause, plaça Ramessès à Tanis et Phithom près du lac Menzaleh, à mi-chemin entre Tanis et Péluse. La sortie des Hébreux d’Egypte et les monuments égyptiens, Alexandrie, 1874. Après les fouilles de Naville, il renonça loyalement à l’idée de Schleiden. Naville, Store-City of Pithom and Route of Exodus, 4e édit. 1903, p. 9, n. 8. — Chabas, lui aussi, en 1864, avait d’abord supposé qu’un jour on retrouverait la biblique Phithom en égyptien sous la forme

  • -p ^n=i <kk "] ~. « la demeure du dieu Tum », et que

Tell el-Maskhouta pouvait bien en recouvrir les ruines. Mélanges égyptologiques, 2e série, p. 162. Mais en 1873, Recherches pour servir à l’histoire de la XIX’dynastie et spécialement à celle du temps de l’Exode, p. 109, oubliant sa conjecture, il inclina à chercher Phithom aux environs de l’ancienne Thmuis. — La question de Phithom depuis d’Anville et les savants de l’expédition française s’était donc compliquée au lieu de s’éclaircir

V.

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