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PHILOSOPHIE — PHILOXÈNE


J. C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 386, 547. Josèphe, Cont. Apion., ii, 16, prétend que les philosophes grecs ont eu Moïse pour maître et pour guide dans tout ce qu’ils ont dit de juste sur Dieu. Les livres de Moïse n’ont pu exercer d’influence directe sur les penseurs grecs avant leur traduction par les Septante, sous Ptolémée Philadelphe, 284-246 avant Jésus-Christ, Il se peut que dans leurs voyages, surtout en Egypte, Pythagore et Platon aient eu quelque connaissance des enseignements mosaïques. Mais on ne saurait dire en quelle mesure et rien n’est prouvé à cet égard. Dans les reproches qu’il adresse aux philosophes du paganisme, saint Paul ne fait aucune allusion à une transmission de la doctrine mosaïque sur Dieu. Il suppose au contraire que ces philosophes ont parfaitement pu connaître Dieu par ses œuvres, et que la raison suffisait à les instruire de son existence et de sa nature. Rom., i, 18-20. Si l’enseignement de la révélation était arrivé jusqu’à eux, ils auraient été beaucoup plus coupables. IV. La philosophie du Nouveau Testament. — 1° Les écrivains du Nouveau Testament se rattachent à leurs ancêtres hébraïques quand ils touchent aux questions qui peuvent se rapporter à la philosophie. Les enseignements évangéliques, avec leur impeccable rectitude, apportent la solution définitive aux principaux problèmes qui tourmentent la raison humaine, dans la mesure où cette solution intéresse la vie chrétienne. Pour le reste, Notre-Seigneur ne dit rien dont puissent profiter soit la philosophie spéculative, soit les sciences profanes, abandonnées à la libre activité des hommes. Ce sont surtout des idées de bon sens que le Sauveur met en relief : « La vie est plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. » Matth., vi, 25. « Le sabbat est fait pour l’homme, non l’homme pour le sabbat. » Marc, ii, 27. « Celui à qui on remet moins, aime moins. » Luc, vii, 47. s Ce qui souille l’homme n’est pas ce qui entre dans sa bouche, mais ce qui en sort. » Matth., xv, 11> etc. D’autres fois, ce sont des traits de vive lumière projetés sur les questions de théodicée ou de morale : « Mon Père est sans cesse en action. » Joa., v, 17. « Dieu est esprit et ceux qui l’adorent doivent le faire en esprit et en vérité. » Joa., IV, 24. « Qui fait le mal hait la lumière, qui pratique la vérité vient à la lumière. » Joa., iii, 20, 21, etc. La seule doctrine philosophique que Notre-Seigneur ait rencontrée sur son chemin est celle des sadducéens, qui niaient la résurrection des corps et l’immortalité de l’âme, Matth., xxii, 23 ; Marc, xii, 18 ; Luc, xx, 27 ; Act., iv, 1, 2, et aussi l’existence des anges. Act., xxiii, 8. Il y avait là une sorte de matérialisme, qui allait même jusqu’à révoquer en doute l’action de Dieu sur ses créatures. Le Sauveur les réfuta en leur rappelant que, d’après l’Écriture, Dieu est le Dieu des patriarches et le Dieu des vivants, c’est-à-dire celui pour qui tous sont vivants, Luc, xx, 38, d’où il suit que les patriarches son encore vivants par leur âme. — 2° À Athènes, saint Paul eut à conférer avec des philosophes épicuriens et stoïciens. Act., xvii, 18. Voir épicuriens, t. ii, col. 1894 ; Stoïciens. À l’Aréopage, l’Apôtre traite la question des attributs de Dieu et de ses rapports avec l’homme dans les termes les plus philosophiques. Mais l’affirmation de la résurrection des morts lui aliène son auditoire. Act., xvii, 23-32. Dans ses jipîtres, il fait allusion à cette sagesse qu’estiment tant les Grecs, I Cor., i, 22-25 ; il est obligé de recommander aux Colossiens, ii, 8, de se tenir en garde contre une certaine philosophie qui est contraire aux enseignements de l’Évangile. Col., ii, 16-23. Souvent il rencontra dans ses missions des docteurs dont les rêveries empruntaient une certaine forme philosophique pour s’opposer avec plus de succès aux doctrines évangéliques. Act., xx, 30 ; I Tim., iv, 1-7 ; vi, 20 ; II Tim., ii, 16-18 ; iii, 13, etc. S’inspirant surtout de fables judaïques, ceux-ci préconisaient un culte

particulier des anges, avec des généalogies interminables, des mythes, des questions subtiles et ridicules, le tout pour aboutir à des pratiques immorales et condamnables, à une science de mauvais aloi, I Tim., vi, 20, que les systèmes gnostiques devaient plus tard développer et répandre. Saint Paul combat ces doctrines avec énergie, sans cependant leur opposer d’arguments précis : il n’y a pas d’argumentation philosophique contre le vague et l’insaisissable. Cf. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, t. i, p. 66-75. L’Apôtre a sa dialectique particulière pour établir les thèses dont il a besoin. Cette dialectique n’est pas toujours conforme aux règles de la logique classique ; mais elle constitue une argumentation ad honùnem contre laquelle ses adversaires demeuraient impuissants. Ainsi, d’après saint Paul, Abraham fut justifié par sa foi avant d’être circoncis ; donc la justification ne peut venir de la circoncision. Rom., IV, 9-22. Abraham eut deux fils, l’un de la servante, l’autre de la femme libre. Or la servante venait du Sinaï, et c’est au Sinaï que les Israélites ont reçu la loi. Donc cette loi était une loi de servitude et en conséquence les Juifs ne sont pas les fils de la femme libre. Gal., iv, 22-28. L’Épître aux Hébreux présente des arguments de même nature. Melchisédech a béni Abraham, donc il lui est supérieur, donc le sacerdoce de Melchisédech est supérieur lui-même au sacerdoce des descendants d’Abraham, par conséquent au sacerdoce aaronique. Heb., vii, 1-10. En réalité, saint Paul s’en tient aux procédés de raisonnement qu’il a appris des docteurs juifs. Quand il s’adresse à des chrétiens venus du paganisme, il fait même profession de répudier la sagesse humaine, avec sa dialectique subtile et son beau langage, afin de laisser à la puissance de la croix de JésusChrist toute la gloire de la prédication évangélique. 1 Cor., ii, 1-5. Comme la philosophie humaine n’a pas su arriver à la connaissance de Dieu, l’Apôtre veut faire accepter par les Grecs la croix du Sauveur, mais sans se servir « des paroles qu’enseigne la sagesse humaine ». I Cor., l, 21 ; il, 13. C’est là l’esprit même de l’Évangile. La doctrine du Sauveur domine de haut toutes les philosophies, elle éclaire beaucoup de leurs obscurités et rectifie beaucoup de leurs erreurs. Mais elle ne les met pas directement à contribution, parce que les systèmes philosophiques ne durent pas toujours et n’atteignent qu’un petit nombre d’esprits, tandis que l’Évangile est destiné à tous les hommes et à tous les temps, et ne fait appel qu’au bon sens pour gagner la raison et à la grâce pour produire la foi. — Voir Philon, col. 300 ; H. L. Mansel, Philosophy, dans Kitto, Cyclopsedia of Biblical Literature, 3= édit., t. iii, 1866, p. 517-531 ; B. F. Westcott, dans Smith, Dictionary of the Bible, t. ii, 1863, p. 849858 ; Frz. Delitzsch, System, der biblischen Psychologie, 2e édit., Leipzig, 1861 ; Buch, Weisheitlehre der Hebrâer, Strasbourg, 1851 ; M. Nicolas, Les doctrines

religieuses des Juifs, Paris, 1860.

H. Lesêtre.
    1. PHILOXÈNE##

PHILOXÈNE, évêque de Mabboug, un des écrivains syriens jacobites les plus féconds. H naquit à Tahal dans le Beit-Garmaï, contrée sise entre le Tigre et les montagnes du Kurdistan au sud du petit Zab. Il étudia à Édesse sous Ibas (435 à 457), et fut chassé d’Antioche par le patriarche Calendion (482 à 485) parce qu’il corrompait la doctrine de l’Église. Il se consacra dès lors à la défense de la doctrine condamnée au concile de Chalcédoine, fut nommé évêque de Mabboug (Hiéropolis), par Pierre le Foulon, en 485, et changea alors son nom, qui était Aksénaya, contre celui de Philoxène. Il alla plusieurs fois à Constantinople et décida enfin l’empereur Anastase à réunir à Sidon un concile qui déposa Flavien d’Antioche et le remplaça par Sévère. Mais Justin I « suivit une politique religieuse opposée à celle d’Anastase, il rétablit, le