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PHILISTINS


la pique et l’épée large et courte (fig. 69). 1 Reg., xvii, 5-7. Ils étaient aussi marins et l’histoire enregistre quelques-unes de leurs campagnes navales. Des navires partis d’Ascalon, au commencement de leur séjour dans la Séphélah, battirent les vaisseaux de Sidon et saccagèrent la ville pendant les pre mières années du XIIe siècle avant notre ère. Justin, XVIII, iii, 5. Les monuments de Ramsès III nous ont conservé la forme de leurs navires (voir iig. 230, t. iv, col. 861) et aussi le souvenir de leur défaite par ce pharaon qui les battit sur terre et sur mer avec leurs confédérés. Soit que cette défaite eût ralenti leur ardeur, soit surtout qu’ils trouvassent plus de profit, avec moins de danger, à rester tranquilles dans leur riche plaine, et à se contenter du commerce intérieur ou côtier, ils semblent avoir renoncé, d’ailleurs d’assez bonne heure, aux expéditions aventureuses sur mer.

3° Agriculture et commerce. — Les Philistins, tout en s’exerçant à la guerre, ne négligeaient pas l’agriculture, lis cultivaient le blé, dans leur riche plaine de la Séphélah, qui l’a toujours produit en abondance. Jud., xv, 5 ; cf. IV Reg., viii, 2. Ils s’adonnaient aussi sans doute au commerce, la situation de leur territoire, comme nous l’avons vu col. 289, le rendait un lieu de passage pour les caravanes qui trafiquaient entre l’Éypte et les pays asiatiques et ils devaient mettre à profit cette circonstance si avantageuse.

4° Religion. — En s’établissant sur la côte occidentale de la Méditerranée, les Philistins y apportèrent avec eux la religion de leurs pères. Le culte de Dagon, Jud., xvi, 23 ; I Reg. (Sam.), v, 2 ; I Par., x, 10 ; IMach., x, 84 ; xi, 4 ; voir Dagon, t. ii, col. 1204, et celui de Béelzébub, IV Reg., i, 2, 3, 6, 16 ; voir Béelzébub, t. i, col. 1547, leur était propre, comme celui de Derkéto, connu par Diodore de Sicile, ii, 4 (fig. 70). Mais selon la coutume de la plupart des anciens peuples, à leur culte national ils durent joindre dans la Séphélah le culte des dieux déjà adorés dans le pays. Peut-être Astoreth ou les Astarthés furent-elles du nombre des divinités adoptées ; peut-être aussi vénéraient-ils déjà ces déesses, compagnes de leurs dieux, avant leur émigration. I Reg. (Sam.), xxxi, 10 ; Hérodote, i, 105. Ils avaient des temples consacrés à Dagon et l’on y vénérait sa statue, I Reg., v, 2-5 ; xxxi, 9-10 ; I Par., x, 10 ; I Mach., x, 83-84 ; on lui offrait des sacrifices zébah, . Jud., xvi, 2-3. Des prêtres, kohànîm, étaient voués à son culte. I Reg. (Sam.), vi, 2. On lui demandait conseil dans les circonstances difficiles. I Reg. (Sam.), iii, 2. On consultait aussi les devins (gôsmim ; Vulgate : divini), qui paraissent avoir joui d’un grand crédit, vi, 2. Leurs’ônenim (Vulgate : augures) étaient renommés. Is., n, 6. Les Philistins avaient une coutume religieuse singulière à Azot. À la suite de la chute de la statue de Dagon, dans le temple fameux de cette ville, quand l’arche y avait été déposée, ils ne marchaient pas sur le seuil de la porte, mais le franchissaient d’un bond.

I Reg. (Sam.), v, 4. Cf. Soph., i, 9. Ils emportaient avec eux dans leurs guerres les statues de leurs dieux Çâsabêhém ; Septante : Uoi ; Vulgate : sculptilia sua).

II Reg. (Sam.), v, 21. Voir Idole, 20°, t. iii, col. 821. Ils attribuaient leurs victoires à la protection de leurs divinités et consacraient leurs trophées dans leurs temples. I Reg. (Sam.), v, 1-2 ; xxxi, 9. Ils ne pratiquaient pas la circoncision, ce qui les distinguait des autres habitants de la Palestine et des Égyptiens, et les faisait mépriser par les Israélites qui les appelaient avec dédain « incirconcis ». Jud., XIV, 3 ; xv, 18 ; I Reg. (Sam.), xiv, 6 ; xvii, 26, 36 ; xxxi, 4 ; II Reg. (Sam.), i, 20.

IV. Histoire. — 1° Avant l’établissement des Israé 70, — Derkéto

Calcédoine

gravée du

Musée’du

Louvre.

lites en Palestine. — Nous ne savons rien de l’histoire des Philistins avant leur arrivée en Palestine. Nous ignorons aussi l’époque de cette arrivée. Du temps d’Abraham, il y avait déjà des Philistins (Palœstini dans la Vulgate) dans la terre de Chanaan, Gen., xxi, 33, 34, mais ils paraissent avoir habité alors plus au sud que les émigrants du même nom qui s’établirent plus tard dans la Séphélah. Ils avaient â leur tête un chef qui portait le titre de roi, mélék, et s’appelait Abimélech. Il demeurait à Gérare, Gen., xxxvi, 1, an sud de Gaza. Sur les rapports du roi de Géràre avec Abraham et Isaac, voir Abimélech, 1. 1, col. 53, 54, et Gérabe, t. iii, col. 200. Il faut observer que quelques savants ne croient pas qu’Abimélech fût un véritable Philistin ; ils supposent que le titre de « roi des Philistins i> lui est attribué, non pas parce qu’il était de leur race, mais parce qu’il habitait dans la contrée qui reçut plus tard le nom de Philistie. Quoi qu’il en soit, tout le monde admet que des Philistins étaient en possession de la Séphélah du temps de Moïse, et les Israélites, sur l’ordre de Dieu, évitèrent de se rendre dans la Terre Promise, « par le chemin du pays des Philistins, » quoiqu’il fût le plus court, parce qu’ils n’étaient pas capables de forcer le passage et de lutter contre des hommes aguerris tels que les habitants du pays. Exod., xiii, 17. Les Caphtorim (Philistins) avaient déjà chassé auparavant les llévéens de Gaza, à une époque de date inconnue. Deut., n, 23.

L’histoire antérieure du pays ne nous est connue que très imparfaitement et d’une manière tout à fait fragmentaire, an moyen des rares renseignements épars dans les documents cunéiformes et hiéroglyphiques. Depuis longtemps déjà les plaines qui s’étendent sur le rivage occidental de la Méditerranée avaient été témoins des grands conflits qui avaient mis aux prises l’Afrique septentrionale avec l’Asie occidentale.

Les lettres de Tell el-Amarna fournissent la preuve qu’antérieurement au xve siècle avant notre ère la civilisation babylonienne et probablement sa domination s’étaient implantées sur la côte palestinienne et dans toute la Palestine. Sous la xviii » dynastie égyptienne, le pays de Chanaan faisait partie de l’empire pharaonique sous le nom de Haru. Les noms des villes philistines et de nombreuses villes palestiniennes reviennent constamment dans les lettres de Tell el-Amama, Gaza, Ascalon, Joppé, Lachis, Geth, Gazer, Aïalon, Jérusalem, etc. Thothmès III, Séti I er, Ramsès II, Ménephtah avaient cherché à s’assurer la possession du pays et entretenu des soldats à Gaza. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, ¥ édit., 1884, p. 313 ; H. Brugscb, Geschichte Aegyptens, 1877, p. 529, 581. Ramsès II fit le siège d’Ascalon. Il nous en a laissé la représentation sur les murs du grand temple de Karnak, voir t. i, fig. 286, col. 1061, et elle nous montre que les Philistins n’y étaient pas encore établis ; du moins les hommes que combat le pharaon ne ressemblent-ils en aucune façon à ceux que va nous faire connaître Ramsès III. — C’est du temps de ce derner roi qu’eut lieu la plus grande invasion philistine. Ramsès III nous a conservé sur les bas-reliefs de Médinet-Abou les principaux épisodes de la grande campagne que les Pwlv.satietd’autres peuples de la mer entreprirent contre l’Egypte sous son règne. Le texte qui accompagne les tableaux de la guerre est peu explicite et très incomplet, mais nous voyons par l’ensemble que les confédérés furent battus sur terre (fig. 71) et sur mer (voir col. 291), et il leur fit des prisonniers (fig. 72). Néanmoins pour se débarrasser d’eux, le roi d’Egypte leur fit des concessions et il accorda aux Pulusati la plaine de la Séphélah pour s’y établir. Les nouveaux venus trouvèrent des émigrants déjà établis dans le pays ; , ils s’unirent à eux et apportèrent aux anciens occupants un accroissement de force considérable dont les