Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée
289
290

PHILISTINS

Bidir dans le papyrus Golénischeff, ibid., p. 37. On peut supposer que le titre de sêïén (seranîm) donné dans l’Écriture aux chefs des cinq principales villes des Philistins est un mot de leur langage primitif. Mais ces données sont trop maigres pour en tirer quelque conclusion sur la nature de leur langue originelle. Après leur arrivée en Palestine, ils semblent avoir adopté assez vite le langage du pays ; leurs noms dans l’Ancien Testament et dans les documents cunéiformes, sont pour la plupart sémitiques ou chananéens.

II. Géographie. — L’étendue du pays occupé par les Philistins n’a pas été la même aux diverses époques de leur histoire. Leur territoire, après l’occupation de la Terre Promise par les Hébreux, embrassait surtout la plaine maritime de la Sêphélah qui s’étendait d’Ascalon au nord jusqu’au désert de Gaza au sud et des possessions de la tribu de Juda à l’est à la mer Méditerranée à l’ouest. Jos., xiii, 2-3 ; I Reg. (Sam.), VI, 12 ; Is., IX, 42 (hébreu, II). C’était la Philistie propre. Les Grecs employaient ce nom, dont nous avons fait Palestine, dans un sens imprécis et il s’étendit peu à peu jusqu’au Jourdain. Reland, Palssstina, 1714, p. 38. Les Philistins, malgré les conquêtes qu’ils firent à diverses époques, demeurèrent toujours eux-mêmes renfermés dans leur territoire, qui comprenait cinq villes principales, leur servant de centre : Gaza, Azot, Ascalon, Geth et Accaron, I Reg. (Sam.), vi, 17 ; Jos., xiii, 3 ; Jer., xxv, 20 ; Soph., ii, 4-7, etc. (voir ces noms), et quelques autres bourgs ou villages fortifiés ou non murés, Jabné ou Jamnia, II Par., xxvi, 6 ; Siceleg, I Reg. (Sam.), xxvii, 5, et autres. Deut., ii, 23 ; I Reg. (Sam.), vi, 18.

La plaine de la Sêphélah est plate et unie, avec de légères ondulations ; suffisamment arrosée, fertile et presque partout cultivable. Voir Sêphélah. La côte, depuis le Carmel jusqu’à Gaza, formée de dunes et de collines de sablepeu élevées, ne possède pas de grands ports naturels. Les villes maritimes, Azot, Ascalon, Gaza, avaient de petits ports (y.a.iaiy.ïç), mais peu sûrs, et les Philistins ne purent jamais rivaliser pour leur commerce avec les Phéniciens. En revanche, la route qui longeait la mer avait une importance capitale pour les caravanes qui devaient passer à Gaza pour se rendre en Egypte, ou en Phénicie, et pour remonter en Syrie, en Babylonie et en Assyrie. Les conquérants égyptiens étaient obligés de suivre cette voie pour porter leurs armes au nord et sur les bords de l’Euphrate et du Tigre ; les rois de Ninive et de Babylone devaient faire de même, en sens contraire, pour soumettre la vallée du Nil. Les invasions égyptiennes dans l’Asie antérieure et les invasions babyloniennes en Egypte remontent à une antiquité reculée.

III. Organisation politique. — 1° Gouvernement. — Les Philistins étaient un peuple assez avancé en civilisation. Ils avaient une organisation supérieure à celle des tribus qui habitaient à leur arrivée la terre de Chanaan, et leur supériorité militaire les mit en état de s’établir avec solidité sur le territoire dont ils s’emparèrent. Voir W. M. Mûller, Asien und Europa, p. 364366.

Les Philistins avaient cinq seranîm ou chefs particuliers. On peut supposer que c’était parce qu’ils appartenaient à cinq tribus différentes d’origine. Toutes ces tribus avaient sans doute des liens de parenté et elles avaient pu être attirées, à la même époque ou à des époques différentes, par les besoins de l’émigration, sur la côte occidentale de la Palestine. Les Pulusati étaient peut-être venus les premiers, les Cérèthéens ensuite. Cf. W. M. Mûller, Die Chronologie der Philistereinwanderung, loc. cit., p. 30-42. — Le nom général de seranîm donné à leurs chefs leur est particulier et doit être un reste de leur langue primitive. Il n’est jamais employé qu’au pluriel. On n’en a pas encore découvert


d’étymologie satisfaisante. Les^ Septante [traduisent ce nom le plus souvent par atxzpinai, I Reg. (Sam.), v, 8, 11 ; vi, 4, 12, 16, 18 ; vii, 7 ; tuux, i, 6, T ; et carpoméia, Jos., xiii, 3 ; Jud., iii, 3 ; aussi par apxov-cs ; , Jud., xvi, 5, 8, 18, 23, 27, et par <jT ? xzrna(, I Par., xii, 19. La Vuhjate a repuli, Jos., xw, 3 ; sœtrœpctr, Jud., iii, 3 ; xrc, 8 ; I Reg., v, 8, 11 ; vi, 12, 16 ; vii, 7 ; XXIX, 2, 6, 7, principes, Jud., xvi, 5, 18, 23, 27 ; I Par., xii, Ç19 ; provinciss, I Reg., vi, 5, 18. Seranîm désigne donc certainement le chef de chacune des cinq grandes villes philistines, Gaza, Azot, Ascalon, Geth et Accaron. Jos., xiii, 3.

Ces chefs avaient tout à la fois une autorité militaire et civile. Ils avaient sous leurs ordres des sarîm ou commandants de troupes, I Reg. (Sam.), xviii, 30 (manque dans les Septante ; Vulgate : principes) ; xxix, 3 (o-arpàitac, trcpTtYiY oi ; principes), en temps de guerre. Les. textes parlent tantôt « des armées », IReg. (Sam.), xxiii, 3 ; xxix, 1, et tantôt « de l’armée », xxviii, 1. Chacun des seranîm avait sans doute ses troupes personnelles, cf. I Reg. (Sam.), xxviii, i ; xxix, 2, mais ils agissaient toujours ensemble et d’un commun accord. Leurs forces étaient divisées par groupes de mille, subdivisés en centaines. I Reg. (Sam.), xxix, 2. C’est tantôt le chef de Gaza, nommé le premier, Jos., xiii, 3 ; Amos, i, 6-7, tantôt le chef d’Azot, tantôt celui de Geth ou d’une autre des cinq villes qui paraît avoir été à la tête des Philistins. I Reg. (Sam.), v, 1 ; vi, 17 ; I Par., xx, 6. Chaque sére’n, gouvernait outre sa ville capitale, les dépendances du voisinage. I Par., xviii, 1 ; I Reg. (Sam.), v, 6| ; Jos., xv, 4547.

On ne sait si la dignité des seranîm était héréditaire ou élective et si le titre de roi, donné quelquefois aux chefs philistins, implique une fonction particulière. Ce n’est pas probable. Aucun des rois nommés dans l’Écriture ne régnait sur toutes les villes de la Philistie et ceux qui sont nommés dans les documents cunéiformes sont à la tête des villes où nous savons qu’il y avait des seranîm. Jer., xxv, 20 ; Zæh., ix, 5. La division du pays en cinq districts, qu’on retrouve dès le commencement, peut avoir été le résultat de la manière dont les émigrants avaient fait la conquête du pays, peut-être successivement. Leur politique semble avoir consisté surtout, dans leurs rapporls avec les Israélites, non pas à s’emparer de leur territoire, mais aies empêcher de former un tout compact dont ils auraient eu à redouter la puissance. Dés que les Israélites veulent s’unifier sous Héli et Samuel, il les attaquent. I Reg. (Sam.), vii, 7 ; de même du temps de Saul, xin-xrv ; quand David ne règne que sur le sud de la Palestine, ils le laissent en paix ; dés que les douze tribus se soumettent à lui, ils lui font la guerre. II Reg., v, 17. Pour dominer plus sûrement les Israélites, au moment où ils faisaient effort pour s’unir entre eux, les Philistins leur imposèrent le désarmement et leur interdirent la fabrication des armes, au commencement du règne de Saûl.

I Reg. (Sam.), xiii, 19-23. La supériorité de leur organisation militaire les mettait d’ailleurs en état d’imposer leur volonté à leurs voisins.

2° L’armée philistine. — Les Philistins se distinguaient par leur valeur guerrière. On comptait parmi eux des soldats redoutables, surtout par leur force exceptionnelle. Voir Goliath, t. iii, col. 268. L’histoire de David, II Reg. (Sam.), xv, 18, 19, 22, et ce qui nous est raconté des Cérèthéens et des Phélétiens (voir ces mots), attestent qu’ils avaient le goût des armes et qu’ils en faisaient métier. Ils étaient divisés et groupés d’une manière régulière, I Reg., xxix, 2, armés de l’arc, xxxi, 3 ; I Par., x, 3, mais ce qui faisait surtout leur force et mettait Israël dans l’impossibilité de leur résister en plaine, c’étaient leurs chars. I Reg. (Sam.), xiii, 5 ;

II Reg. (Sam.), i, 6 ; cf. Jud., i, 19. Leurs fantassins avaient des armes défensives comme des armes offensives, le bouclier, le casque, la cuirasse, l’arc, la lance,

V. - 10