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PHILISTINS


place, » La Vulgate appelle les Caphtorim Cappadociens et Caphtor, la Cappadoce. Amos, ix, 6, met à son tour dans la bouche de Dieu ces paroles ; « N’ai-je pas fait venir les Philistins de Caphtor (Vulgate : Palsestinos de Cappadocia) ? » Jérémie, xlvi, 4, appelle aussi les Philistins « les restes de l'île de Caphtor » (Vulgate : Palmsthinos reliquias insulæ Cappadocise). Mais l'Écriture ne précise pas la situation de Caphtor. La table ethnographique, Gen., x, 13-14, nous apprend seulement que les Caphtorim étaient des descendants de Mesraïm. Cf. I Par., i, 12. Le texte de la Genèse, dans sa forme actuelle, représente les Philistins comme issus des Casluim et ne signale aucun rapport de parenté directe entre eux et les Caphtorim : Chasluim, de quibus egressi sunl Philisthiim et Caphtorim, comme traduit la Vulgate. D’après les autres textes scripturaires qui ont été rapportés, il est très vraisemblable qu’il y a une transposition dans le ꝟ. 14 de Gen., x, et que c’est après le mot Caphtorim et non avant, qu’il faut lire l’incidente : « et d’où sont sortis les Philistins. » Quoi qu’il en soit, et de quelque manière <ru.'on interprète le passage de la table ethnographique,

Les Septante et la Vulgate ont traduit le nom de Caphtor par « Cappadoce ». Sur l’identification du nom hébreu, voir Caphtorim, t. ii, col. 211. D’après les renseignements fournis par les documents égyptiens, les Philistins, ou au>moins une partie d’entre eux, durent donc venir de la côte méridionale de l’Asie Mineure, en longeant les côtés de Syrie, peut-être avec les Héthéens, et s'établir finalement dans la Séphéla.

Des savants modernes ont voulu identifier Caphtor avec l'île de Crète et considèrent les Philistins comme des Cretois d’origine. Ils s’appuient principalement sur le nom de Céréthéens donné a une tribu philistine et à une partie des gardes du corps de David. Voir Céréthéens, t. ii, col. 441. De la distinction qu'établit plusieurs fois le texte sacré entre 2e Céréthéen et le Phéléthien = Pbilistin, I Reg., xxx, 14 ; II Reg., viii, 18 ; xv, 18 ; xx, 3, 7, 23 ; III Reg., i, 38, 44 ; IV Reg., XI, 19 ; I Par., xvill, 17, et du parallélisme ou de la synonymie qu'établissent entre les Céréthéens et les Philistins, Sophonie, II, 5 (hébreu : gôï Kerêtîm ; Septante : nipoixoi Kpiitôv, Vulgate : gens perditorum) et Ézéchiel, xxv, 16 (hébreu : Kerêfîm ; Septante : Kçr^a ; ',

Chars des Philistins. D’après Champoilion, Monuments de l’Egypte, pi. ccxx.

l’origine chamitique des Philistins n’en demeure pas moins établie par son témoignage.

Les documents égyptiens ont fourni de nouvelles lumières sur ce peuple. Le nom de Purusati donné par les Égyptiens aux Philistins porte à croire que c'était là leur nom national et qu’on ne doit pas en chercher l'étymologie, comme on l’a fait souvent jusqu'à nos jours, dans une racine sémitique. La manière dont ils sont représentés sur les monuments, leur costume, leur armure, leur type sont ceux que les documents égyptiens attribuent aux peuples de la côte méridionale de l’Asie Mineure et des îles de la mer Egée. W. M. Mûller, Asien und Europa, p. 312, 362. Les inscriptions égyptiennes appellent la côte méridionale de l’Asie Mineure Kefto et même Kptâr, W. M. Mûller, Die Urheimath der Philistâer, dans Stud. zur vorderas. Geschichte, 1900, p. 5 ; H. Sayce, The higher Criticism and the verdict of the Monuments, 2e édit., p. 13, et ce nùm rappelle le Caphtor biblique. De tout cela on peut conclure que les Phéniciens n'étaient pas de race sémitique, à rencontre de plusieurs savants, tels que SchwaÛey, Die Rasse der Philistâer, dans la Zeitschrift fur wissenschaftliche Théologie, 1891, p. 103-108. On a voulu, sans autre preuve qu’une coïncidence fortuite, expliquer le nom des Philistins dans le sens d' « émigrants », en le dérivant de la racine wbs, pis, « émigrer, » qui existe encore en éthiopien, mais cette étymologie suppose que c’est un nom qui leur a été donné par les habitants du pays où ils ont émigré et nous avons vu qu’il est probable que c’est au contraire leur nom primitif. II est vrai que les Septante, dans quelques - livres de l'Écriture, col. 286, ont traduit leur nom par àMoçuXoc, mais ce nom qu’on peut rendre par <c étrangers » n’est pas nécessairement la traduction du mot « Philistins ».

Vulgate : interfectores), on doit conclure qu’il y avait en effet des Philistins d’origine Cretoise et des Philistins venus d’autres contrées. Les découvertes de M. Arthur J. Evans en Crète ont montré' que cette île était un ancien foyer de civilisation très avancé. Evans, Cretan Pictograph and prse-Phœnician Script, in-8°, Londres, 1895 ; Id., The Mycenœan Ti-ee and Pillar EnltanditsMediten’anean Relations, with illustrations from récent Cretan ftnds, in-4°, Londres, 1901 ; Id., Theprehistoric Tombs of Knossos, in-4°, Londres, 1906. La présence de diverses tribus philistines dans la Séphéla s’explique facilement par l’arrivée successive dans cette contrée de divers émigrants qui se sont ensuite plus ou moins unis ou fondus ensemble par suite de la communauté d’intérêts. Les Céréthéens semblent avoir habité l’extrémité méridionale de la Palestine. I Reg. (Sam.), xxx, 14. Mais les détails nous font défaut sur l’histoire de ces diverses émigrations. Nous savons cependant qu’une des invasions principales eut lieu sous le règne du pharaon Ramsès III. Les monuments (fig. 69) de ce roi nous les montrent emmenant avec eux, sur des chars traînés par des bœufs, leurs femmes et leurs enfants. W. M. Mûller, Asien und Europa, p. 366.

On a essayé de faire des inductions sur l’origine des Philistins d’après leur langage. Malheureusement la langue que parlaient primitivement les Philistins ne nous est pas connue. On sait que le roi de Geth, du temps de David et de Salomon, s’appelait Achis (hébreu : 'Akis) ; les inscriptions assyriennes d’Asarhaddon et d’Assurbanipal nomment un Ikausu, roi d’Accaron, qui rappelle le nom d’Achis (cf. W. M. Mûller, Die Urheimath der Philister, dans Studien zur vorderasiatischen Geschichte, 1900, p. 9) ; un roi de Dor est nommé