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PHILIPPES — PHILIPPIENS (ÉPITRE AUX)


d’un amphithéâtre et dans les restes d’un stade, d’un tempte de Claude, etc. Elles ont fourni des inscriptions très intéressantes. — Voir Leake, Travels in northern Greece, 1835, t. iii, p. 214-225 ; Heuzey, Exploration archéologique de Macédoine, Paris, 1864-1876 ; W. Ramsay, St. Paul the Traveller and the Roman Citizen, in-8°, 5e édit., 1900, p. 206-226 ; Id., The Church in the Roman Empire, in-8°, 1896, p. 156-158 ; F. Vigoureux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., p. 211-229 ; Corpus inscriptionum latinarum, t. iii, i"> partie, p. 633-707, et le Supplementum, 7337-7358.

L. Fillion.

    1. PHILIPPI Henri##

PHILIPPI Henri, chronologiste, né aux environs de Saint-Hubert (grand-duché de Luxembourg) le 30 mars 1575, mort à Ratisbonne le 30 novembre 1636. Admis le 26 août 1597 dans la Compagnie de Jésus, il professa plusieurs années les belles-lettres, la théologie et l'Écriture Sainte aux universités de Gratz, Vienne et Prague. Le P. Philippi s’occupa surtout de chronologie. Ses travaux en cette matière, qui se rapportent à l’exégèse, peuvent encore, même à notre époque, être consultés avec profit. Ce sont d’abord des ouvrages généraux : 1° Generalis synopsis sacrorum temporum… intelligentise sacrarum litterarum accommodata, in-4°, Cologne, 1624 ; 2° Manuale chronologicum veteris Testamenti, in-8°, Anvers, 1635 ; 3° Chronologies veteris Testamenti accuratum examen, Cologne, 1637. — On peut signaler ensuite, comme traités plus particuliers : Notes et qussstiones chronologies^ in Pentateuchum Moysis, in-4°, Vienne, 1633 ; — lnlibros Josue, Judicum, Ruth, Regum, Paralipomenon, Esdrse, Nehemise, in-4°, Cologne, 1637 ; — In libros Tobise, Judith, Ésther, Prophetarum, in-4, Cologne, 1637 ; — In duos libros Machabxorum, in-4°, Cologne, 1637. P. Bliard.

    1. PHILIPPIENS##

PHILIPPIENS (ÉPITRE AUX). - I. Importance.

— Cette lettre, la plus épistolaire entre les Épîtres, est une de celles qui offrent, à divers points de vue, le plus d’intérêt parmi les écrits de saint Paul. Ce qui charme d’abord le lecteur, c’est le ton intime et familier, l’abandon touchant avec lequel l’Apôtre épanche ses joies, ses tristesses, ses espérances. L'épltreaux Philippiens est une lettre d’ami. Aucune discussion ni argumentation théologique. Si l’Apôtre parle des judaïsants, ce n’est pas avec une intention de polémique, mais pour prémunir son troupeau, i, 17 ; iii, 2, 18. De même le beau passage sur la kénose (exinanivit) du Christ, ii, 7, si riche en conclusions dogmatiques, n’est là que pour appuyer une exhortation pratique à l’abnégation et au dévouement. L'âme de Paul se reflète donc ici dans ce qu’elle avait de merveilleusement tendre, délicat, affectueux, reconnaissant, pour une communauté répondant à peu près à son idéal. On s’attend à ce qu’une lettre écrite dans de pareils sentiments exprime mieux que toute autre la situation personnelle de l’auteur. Les Philippiens tenaient à être mis au courant de tout ce qui concernait leur apôtre bien-aimé. De fait, la présente Épître est le meilleur document pour combler les lacunes de la fin du livre des Actes. L’historien y peut recueillir des données certaines sur les derniers mois de la captivité de Paul à Rome. Il constate les progrès de l’Evangile dans la cité et jusque dans la maison des Césars, l’effet produit, dans les prétoires, par les chaînes du vaillant prisonnier, les luttes qu’il soutient contre des ennemis envieux et jaloux qui essaient d’exciter les Juifs contre lui et d’aggraver une position déjà si pénible, les espoirs mêlés d’inquiétudes qui traversent l’esprit de Paul et donnent à sa lettre un fond de mélancolie qui contraste avec les autres sentiments exprimés dans la lettre, enfin les projets qu’il nourrissait dans le cas où il serait rendu à la liberté. Mais tout cela n’est rien

auprès de la valeur qui s’attache, pour la théologie, , au chap. il de cette lettre, encore qu’il ait été écrit sans aucune préoccupation dogmatique, dans le seul but de proposer en exemple le renoncement du Verbe fait chair. La conception christologique de l’Apôtre a su trouver, à cet endroit, des expressions qui surpassent en clarté et en précision toutes celles des autres Épttres. A' ce point de vue seul PÉpttre aux Philippiens sérail déjà hors de pair.

II. Les relations de saint Paul avec l'Église de Philippes. — Aucune Église n’a été en rapports aussi étroits et aussi suivis avec l’Apôtre ; aucune ne lui a donné autant de consolations. Il l’appelle lui-même « sa joie et sa couronne ». iv, 1. C’est vers l’automne de l’an 52, dans son second voyage, que saint Paul prêcha l'évangile à Philippes et y fonda la. première communauté chrétienne de Macédoine en compagnie de Silas, de Timothée et de l’auteur des Actes. Voir Act., xvi. Les premières et les plus nombreuses conversions paraissent s'être produites parmi les femmes d’un certain rang, déjà affiliées au judaïsme. La plus connue est Lydie, riche marchande de pourpre, originaire d’Asie Mineure, qui fut baptisée par Paul avec toute sa maison et doDna l’hospitalité à la troupe apostolique. Voir Lydie, col, 447. Ce fut là le commencement de l'Église de Philippes. On sait à la suite de quels événements Paul et Silas durent quitter la communauté naissante. Act., xvi, 16-40. Voir Paul, t. iv, col. 2208, La nouvelle Église devait compter peu de Juifs ; elle était surtout composée de gentils, les femmes paraissent y avoir tenu une place considérable. Leur influence s’y maintint longtemps, puisque dans cette lettre l’Apôtre regarde la mésintelligence de deux d’entre elles, Evodie et Syntyque, comme un sérieux danger pour l'Église de Philippes tout entière, iv, 2, 3.

Il paraît qu’en Macédoine les femmes jouèrent, de tous temps, un rôle social plus considérable que partout ailleurs. C’est ce qu’attestent, en grand nombre, les inscriptions de ce pays. La jeune Eglise, après le départ précipité de l’Apôtre, ne cessa de croître et de prospérer. Saint Luc, que plusieurs critiques supposent originaire de cette ville, voir Luc, col. 376, y continua pendant près de cinq ans l'œuvre de son maître. Les persécutions ne parvinrent pas à ébranler les généreux néophytes, II Cor., viii, 2 : ils restèrent fidèles à Paul et à son Évangile. L’Apôtre ne revit probablement ses chers Philippiens qu'à son départ d'Éphèse vers l’an 58, lors de son troisième voyage à Corinthe, Il se rendit alors en Macédoine pour l'œuvre des collectes. On croit qu’il écrivit à Philippes sa seconde lettre aux Corinthiens, II Cor., ii, 13 ; vii, 5 ; viii, 1 ; ix, 2, 4. Il avait sous les yeux le spectacle de leur foi, de leur générosité, de leur ardeur. Ils étaient prêts, dit-il, non seulement à donner leurs biens, mais à se donner eux-mêmes, II Cor., viii, 1-5, pour l'œuvre du Seigneur. Au printemps de l’année suivante, en se rendant à Jérusalem pour y porter la collecte, saint Paul passa la semaine de Pâques à Philippes, Act., xx, 5, 6 ; il y retrouva saint Luc. Les Épîtres pastorales surtout, I Tim., 13, laissent entendre que l’Apôtre réalisa le vœu qu’il énonçait dans sa lettre aux Philippiens, i, 26 ; ii, 24, et qu’après sa première captivité il revit sa chère Église. Durant les intervalles plus ou moins longs qui séparèrent ces divers séjours, les relations les plus amicales ne cessèrent jamais entre la communauté de Philippes et son fondateur. A diverses reprises, les Philippiens envoyèrent des secours d’argent à leur père bien-aimé, deux fois à Thessalonique, iv, 16 ; une fois, à Corinthe, II Cor., xi, 9, et à Rome, Phil., iv, 18. Cette dernière fois, ils ne se contentèrent pas de secours matériels, ils envoyèrent Épaphrodite, le chef de leur église, auprès du prisonnier. Paul, qui connaissait les sentiments élevés de ces âmes généreuses, ne craignait pas d’accepter d’eux