Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/141

Cette page n’a pas encore été corrigée

273

PHILIPPES

-274

le Grand, qui l’agrandit considérablement, la fortifia et lui donna son propre nom. Sa situation stratégique était fort importante, car elle commandait tout à la fois les routes de Grèce et de Thrace. De plus, on avait découvert des gisements très riches d’or et d’argent dans la montagne voisine, le Pangëe, et ces deux motifs réunis avaient excité la convoitise du roi Philippe. La recherche de l’or fut la grande affaire de toute la région pendant plusieurs siècles, et la ville en obtint un redoublement de prospérité.

Dès l’année 168 avant J.-C, elle tomba sous la domination de Rome. C’est dans sa vaste plaine qu’en 42 avant notre ère Octave et Antoine, héritiers d’e César,

l’année 53. Appelé en Macédoine par une vision surnaturelle, Act., xvi, 9, l’apôtre des gentils traversa la mer Egée, et vint en droite ligne à Philippes, avec Silas, Timothée et saint Luc. Durant un séjour rapide, il réussit à fonder une chrétienté vaillante et généreuse, malgré l’opposition des Juifs et des autorités romaines. Voir Paul (Saint), t. iv, col. 2209. C’était la première fois que Paul annonçait l’évangile en Europe. La persécution qui éclata après son départ contre les néophytes ne fit qu’exciter davantage leur zèle. I Thess., Il, 2. Saint Paul fit à Philippes une seconde visite plus prolongée, pendant son troisième voyage, vers l’année 58, après avoir quitté Éphèse. Act., xx, 1-2. Cette fois, la

66. — Vue de la plaine de Philippes. D’après une photographie de M. H. Cambournac.

remportèrent une victoire décisive sur Brutus et Cassius, les derniers défenseurs de la république. Devenu empereur, Octave établit à Philippes une colonie de vétérans, et lui donna le nom de Colonia Augusta Julia Philippensium. Cf. Pline, H. N., iv, 18 ; Act., xvi, 12. Ce fut un quatrième élément apporté à la population, qui se composait déjà de Macédoniens, de Grecs et de Thraces. Après la bataille d’Actium, 31 avant J.-’C, d’autres vétérans furent envoyés à Philippes. Cf. Dion Cassius, LI, iv, 6. Il n’est donc pas étonnant qu’on ait trouvé sur l’emplacement de la ville de nombreuses monnaies et inscriptions latines (fig. 66). Philippe reçut alors le « jus italicum », qui accordait à ses habitants des droits et des privilèges presque égaux à ceux des citoyens de Rome. Voir Marquardt, Rômische Staatsverwaltung, 2 in-8°, Leipzig, t. i, 1873, p. 187. Les débuts du christianisme à Philippes sont racontés tout au long, dans les termes les plus dramatiques, au" livre des Actes, xvi, 12-40. Rien de plus modeste, et aussi rien de plus touchant. C’était pendant le second voyage apostolique de saint Paul, vers

ville n’est pas mentionnée nommément par l’historien sacré ; mais le texte suppose de la façon la plus évidente que Paul vit alors toutes les chrétientés de Macédoine. Il y revint encore une troisième fois, de Corinthe, pendant ce même voyage, Act., xx, 3-6, vers la Pâque de l’année 59. De Rome, à la fin de sa première captivité, il écrivit aux Philippiens une de ses lettres les plus intimes, voir Philippiens (ÉpIthe aux), qui montre à quel degré il leur était attaché et combien il était payé de retour. Cf. Phil., i, 1 ; ii, 12 ; iv, 3, 10 ; II Cor., xi, 8-9.

Un passage des Actes, xvi, 12, relatif à la ville de Philippes, a de tout temps créé quelque difficulté aux interprètes. Le texte présente en cet endroit plusieurs variantes, qui prouvent qu’on ne le comprenait pas très bien et que les copistes cherchaient à le rendre plus clair. On lit, d’après la leçon la plus commune, qui est vraisemblablement la meilleure : eîç $[), itctcouc, îjTt ; êutVv xpion) ttjç (ispiSo ; TrjçMaxsSovîaç tuoXiç, xoXo>vta. Vulgate : Philippos, quse est prima partis Hac&doniœ civitas, colonia. Le Codex B supprime l’article