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    1. PHILIPPE##

PHILIPPE (SAINT) L’ÉVANGÉLISTE — PHILIPPES

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route » qui mène à Gaza. « L’épifhète de vêtus, vieille, donnée par saint Jérôme à la route conduisant à Gaza par Hébron explique très bien, ditV. Guérin, p. 293, 1e sens que l’on doit donner à celle de déserta, déserte, employée dans les Actes’pour désigner la même voie. Il ne faut pas prendre ce dernier mot à la lettre et croire que cette route était réellement déserte, puisqu’elle traversait des villes et des villages ; elle était seulement abandonnée alors par la plupart de ceux qui se rendaient à Gaza, lesquels en prenaient une autre plus occidentale, comme le font encore les caravanes d’aujourd’hui. »

La fontaine d’Ain ed-Dirrouéh est sur le bord de la route actuelle de Jérusalem à Hébron, au bas de la colline sur laquelle sont les restes de l’antique Bethsur. L’eau de la fontaine s’écoule à un mètre environ au-dessus de la chaussée, à l’est, par un bloc de marbre rouge cannelé, dans un réservoir fait en partie de sarcophages. Le filet d’eau est assez abondant. Les femmes des environs vont y puiser de l’eau dans des outres et laver leur linge dans le réservoir. Les ruines d’une vieille église bâtie au-dessus de la source conservent le souvenir du baptême de l’eunuque éthiopien. L’eau est absorbée sur place dans la terre comme l’observe saint Jérôme. Onomast., p. 105 (Notes prises sur les lieux en mars 1888). Après que l’eunuque eut été baptisé, le nouveau converti et l’apôtre se séparèrent. Les fonctions que l’Éthiopien remplissait à la cour de la reine Candace font croire qu’il était réellement eunuque. Le langage des Actes ne permet pas de supposer que c’était un juif né en Ethiopie ; il devait être un prosélyte de la porte, Is., li, 4-5, son état l’empêchant d’être un prosélyte de justice. Deut., xx.ui, 1. Ce fut, comme le remarque Eusèbe, H. E., ii, 1, t. xx, col., 137, itpwro ? è ? êOvôv, « le premier des gentils converti » et à ce titre l’acte de saint Philippe est particulièrement mémorable. Il remplit bien en cette circonstance ses fonctions d’évangéliste. En conférant le baptême à un descendant de Cham, à un homme de cette race méprisée, à un eunuque et à un Éthiopien, cf. Amos, ix, 7, il montrait que Jésus-Christ était le Sauveur de tous les hommes et qu’il n’excluait personne de son royaume. Cet événement accompli sans témoins, et en faveur d’un prosélyte qui quitta aussitôt la Palestine, eut moins d’éclat que plus tard la conversion du centurion Corneille, mais elle en était comme le prélude. De retour en Ethiopie, le néophyte, d’après la tradition, y prêcha l’Évangile et convertit la reine elle-même. Eusèbe, H. E., ii, 2, t. xx, col. 137 ; S. Jérôme, In. Is., lui, t. xxiv, col. 509 ; Nicéphore, H. E., i, 6, t. cxlv, col. 769. Quant à Philippe, « l’Esprit du Seigneur le ravit à la vue de l’eunuque, » Act., viii, 39, et il prêcha l’Évangile à Azot, dans les villes philislines et sur toute sa route jusqu’à Césarée, ꝟ. 40, où habitait probablement sa famille.

3° Saint Philippe reçoit, saint Paul à Césarée. — Nous ne retrouvons le diacre Philippe que plusieurs années plus tard, et c’est la dernière fois qu’il est nommé dans les Actes, xxi, 8. Saint Paul venant de Ptolémaïde et allant à Jérusalem, à la fin de sa troisième mission, reçut chez lui l’hospitalité comme chez une ancienne connaissance. L’apôtre des gentils devait s’entendre pleinement avec celui qui avait baptisé le premier gentil.. Il demeura plusieurs jours à Césarée avec ses compagnons.dans la maison du diacre Philippe et c’est là que le prophète Agabus annonça à saint Paul sa prochaine captivité. Saint Luc nous apprend, Act., xxi, 9, que leur hôte avait quatre filles « qui prophétisaient », et qui instruisaient sans doute ceux qui voulaient se convertir au christianisme, aidant leur père dans son œuvre d’évangéliste. C’est la mention de ces quatre filles qui a amené la confusion des traditions relatives à Philippe l’apôtre et à Philippe l’évangé liste. Les témoignages anciens qui attribuent trois filles à l’apôtre et le font évêque d’Hiérapolis, ont été rapportés plus haut. Voir Philippe 6, col. 269. Un passage de Caïus, cité par Eusèbe, H. E., iii, 31, t. xx, col. 281, attribue au diacre Philippe ce qui regarde en réalité l’Apôtre du même nom. Cet écrivain ecclésiastique était contemporain du pape Zéphyrin (202-219). Eusèbe, H. E., ii, 25, col. 208. D’après l’Histoire littéraire de la France, t. i, 1, p. 356, il était originaire de la Gaule. Il eut à Rome’une discussion publique avec le montaniste Proclus. qu’il publia plus tard sous le titre de AiâXoyoç T.pbz Hç>6xov ; c’est dans ce dialogue que nous lisons : « Après cela les quatre filles de Philippe furent prophétesses à Hiérapolis en Asie, où l’on voit leur tombeau et celui de leur père Philippe. » Ce nombre de quatre et le titre de prophétesses montrent qu’il faut entendre par là Philippe l’Évangéliste. Act., xxi, 8. Caïus est la seule autorité ancienne qu’on puisse citer en faveur de cette opinion, qui compte encore aujourd’hui des défenseurs. Cependant la plupart des critiques reconnaissent que le témoignage de Caïus n’a pas la valeur de celui de Polycrate qui écrivait avant lui et vivait non loin d’Hiérapolis. Voir J.-B. Lightfoot, St. Paul’s Epistles to the Colossians and to Philemon, Londres, 1875, p. 45.

Un Ménologe grec, dans Lipsius, Die apokryphen Apostelgeschichten, 1889-1890, t. iii, p. 3, appelle les quatre filles de saint Philippe Hermione, Charitine, Irais et Eutychiane. D’après les traditions les plus anciennes, leur père devint évêque de Tralles et il y mourut de mort naturelle. Acta Sanctorum, junii 1. 1, p. 609-Des martyrologes plus récents le font mourir à Césarée. Du temps de saint Jérôme, on montrait encore dans cette dernière ville, la maison où le diacre Philippe avait reçu saint Paul et les chambres de ses quatre filles. Le saint docteur raconte que sainte Paule y fit un pèlerinage. Epist. cviii, 8, t. xxii, col. 82. L’Église célèbre la fête de l’évangéliste saint Philippe le 6 juin.

F. Vigouroux.

    1. PHILIPPES##

PHILIPPES (grec : $fXnra : )i ; Vulgate, Philippi), ville très ancienne et citadelle très forte de la Macédoine (fig. 65). Elle était située entre les monts Hémus

65. — Monnaie de Philippes.

TICLAUDIUS CAESAR. AUG. PM. TRP. IMP. Tète de l’empereur Claude, à gauche. — ^. COL AUG IUL PHILIP. Entre deux cippes, statues de Jules César et d’Auguste, placées sur un piédestal sur lequel on Ht DIVUS AUG.

et Pangée, à l’est du fleuve Strymon, prés de la frontière de Thrace et de la rivière Gangès ou Gangitès, sur une colline élevée (fig. 66). Cf. Appien, De bellis civ., iv, 106. Elle dominait une vaste plaine, d’une grande fertilité, mais dont quelques parties sont marécageuses. Elle n’était séparée de la mer Egée que par environ trois heures de marche, et avait pour port la petite ville de Néapolis Datémon, aujourd’hui Cavalla. Voir Néapolis, t. iv, col. 1542. Ce fut d’abord une colonie fondée par les habitants de l’île de Thasos, située non loin de là. Elle porta en premier lieu le nom de Krenid.es, ou « Fontaines », à cause des sources très abondantes qui l’arrosent. En 356 avant J.-C, elle fut conquise par Philippe II de Macédoine, père d’Alexandre