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PHILIPPE (SAINT) APÔTRE


6. PHILIPPE (saint), un des douze Apôtres (fig.61).

I. Saint Philippe d’après les Évangiles. — Il était originaire de Bethsaïde en Galilée, comme Simon Pierre et André, Joa., i, 44 ; xii, 21. Cette communauté d’origine explique comment il était particulièrement lié avec saint André. Joa., xii, 22 ; vi, 5-8. C’était aussi un ami de Nathanaël ou Barthélémy. Joa., i, 45-46. Saint Philippe est nommé le cinquième dans toutes les listes des Apôtres et les trois Évangélistes nomment immédiatement après lui son ami Barthélémy. Matth., x, 3 ; Marc, iii, 18 ; Luc., vi, 14 ; cf. Açt., i, 13. Cet apôtre est donc placé immédiatement après les deux frères Pierre et André et les deux fils de Zébédée, et ce rang lui revient historiquement, parce qu’il fut un des premiers disciples du Sauveur. Lorsque saint Jean-Baptiste eut

64. — L’apôtre saint Philippe. Type traditionnel. D’après Albert Durer.

révélé à André, qui était son disciple, ce qu’était Jésus, André s’empressa de communiquer la grande nouvelle à son frère Simon et il l’annonça aussi sans doute à son ami Philippe qui était probablement comme lui disciple de Jean-Baptiste. Ces faits se passaient à Béthanie au delà du Jourdain. Joa., i, 28. Le lendemain Jésus, ayant rencontré Philippe, lui dit : « Suis-moi, » Joa., i, 43, et l’heureux élu se mit aussitôt à sa suite, ayant été appelé directement le premier de tous les Apôtres. Il ne tarda pas à faire part de son bonheur à son ami Nathanaël et l’amena à son nouveau Maître. Joa., i, 45, 48. La manière dont Philippe parle à Nathanaël du « prophète » qu’avait prédit Moïse et qu’il venait de rencontrer semble indiquer que la venue du Messie avait été déjà auparavant un sujet d’entretien entre les deux amis. Comme Nathanaël était de Cana, Joa., xxt, 2, on est porté à croire que c’est à son arrivée dans cette ville que Philippe rencontra Nathanaël. Cf. Joa., ii, 1. Celui-ci ne put croire d’abord que quelque chose de bon pût venir de Nazareth : « Viens et vois, » lui dit Philippe, et son ami fut bientôt convaincu. Joa., i, 4649. Philippe avait d’ailleurs mal renseigné, son ami, n’étant pas encore bien instruit lui-même, eu lui parlant de Jésus comme fils de Joseph et originaire de Nazareth. Joa., i, 45.

Les trois synoptiques se contentent de nommer Phi lippe dans leur catalogue des Apôtres, mais saint Jean, né comme lui sur les bords du lac de Tibériade, nous fournit sur sa personne, outre le récit de sa vocation, quelques renseignements particuliers propres à intéresser ses lecteursjl’Asie Mineure. Philippe assista aux noces de Cana, car il doit être compris parmi « les disciples » qui y avaient été invités avec Jésus. Joa., ii, 2. Clément d’Alexandrie, dans ses Stromates, iii, 4, t. viii, col. 1129, £le nomme [comme étant le disciple à qui Jésus aurait dit : « Laisse les morts ensevelir leurs morls », Matth., viii, 22, quand ce disciple, que l’Évangéliste ne désigne pas par son nom, lui aurait demandé d’aller ensevelir son père. Le Maître aurait voulu le former ainsi au détachement nécessaire à un apôtre, mais nous ignorons sur quel fondement Clément d’Alexandrie appuie son identification.

Ce qui est certain, c’est que Notre-Seigneur voulut lui inspirer pleine confiance en lui, lors du miracle de la multiplication des pains. À la vue de la foule qui l’entourait, Jésus lui demanda ; « Ou achèterons-nouc du pain, pour que ce monde puisse manger ? » Jésus, ajoute l’Évangéliste, « disait cela pour l’éprouver, car il savait ce qu’il allait faire. » Philippe s’attendait si peu à un miracle, qu’il lui répondit : « Deux cents deniers de pain ne suffiraient pas pour que chacun en eût un morceau. » Joa., VI, 5-7. Saint Jean Chrysostome conclut de là que Philippe avait particulièrement besoin des instructions du Sauveur. Hom. xlii, 1, in Joa., t. lix, col. 239. Tentât /idem Philippi, consilium petere minime indigens, dit J. Corluy, Comment, in Ev. Joannis, 2e édit, Grand, 1880, p. 135. Des commentateurs modernes ont supposé, en se plaçant à un point de vue plus positif, que si Philippe avait été interrogé directement, c’est parce qu’il était chargé des provisions et que s’il avait parlé de deux cents deniers, c’est parce que c’était la somme qui était alors dans la possession des Apôtres. Cl, Fillion, Évangile selon saint Jean, 1887, p. 118.

Saint Jean nous a conservé dans son Évangile deux autres épisodes où l’apôtre Philippe joua un rôle. Parmi les pèlerins qui s’étaient rendus à Jérusalem à l’occasion de la fête de Pâques, il y avait des prosélytes grecs qui désiraient voir Jésus. Attirés peut-être par le nom grec de Philippe ou hien le connaissant auparavant, ils s’adressèrent à lui afin qu’il les présentât au Maître. Philippe semble n’avoir pas osé le faire lui seul. Il appela son ami André qui était moins timide et les deux ensemble prévinrent Notre-Seigneur qui adressa à la foule un discours, confirmé par une voix du ciel. Joa., xii, 20-30. — Une autre fois, et c’est la quatrième où saint Jean parle nommément de saint Philippe, dans le discours après la Cène, Jésus dit à ses Apôtres qu’ils avaient vu son Père. Philippe ne comprit pas ce que le Maître entendait par là, qu’ils avaient vu le Père dans le Fils qui est un avec lui, et attachant à ces paroles un sens matériel, il répondit à Jésus dans l’espoir de voir quelque théophanie comme les patriarches. ce Seigneur, montrez-nous le Père et cela nous suffit. » « Il y a longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu ? » répliqua le Sauveur (d’après le texte grec). « Philippe, celui qui m’a vu a vu aussi le Père. Comment peux-tu dire : Montrez-nous le Père. Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? » Joa., xiv, 7-10. La demande faite par Philippe avec la simplicité de son caractère fournit ainsi à Jésus-Christ l’occasion de donner à ses Apôtres sur son union avec son Père céleste une leçon profonde qui resta profondément gravée dans la mémoire de saint Jean.

Philippe étant natif de Bethsaïde et, lié comme il l’était avec les fils de Zébedée et Nathanaël, dut être l’un des deux disciples anonymes, Joa., xxi, 2, à qui Jésus ressuscité apparut sur les bords de la mer de Galilée ; . ce n’est toutefois qu’une hypothèse. — Cet apôtre n’est