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PHILADELPHIE — PHILÉMON (ÉPITRE A)


D’après les Constitut. Apost., vii, 46, t. i, col. 1053, son premier évêque, nommé Démétrius, aurait été institué par saint Pierre lui-même. L’apologiste saint Miltiade, dans Eusèbe, H. E., v, 17, t. xx, col. 473, mentionne une prophétesse, nommée Ammia, qui aurait appartenu à l’Église primitive de Philadelphie. Durant la période byzantine, cette ville était le siège d’un évêché qui dépendait du centre métropolitain de Sardes. — Voir Arundell, Discoveries in Asia Minor, in-8°, t. i, p. 34 ; Curtius, Nachtrag zu den Beitràgen zur Geschichte und Topographie Kleinasiens, dans les Abhandlungen der Berliner Akademie, 1873 ; Ramsay, Historical Geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1890, p. 86 ; Id., Cities and Bishoprics of Phrygia, 2 in*, t. i, p. 196 ; t. ii, p. 353 ; Mot Le Camus, Les sept Églises de l’Apocalypse, in-4°, Paris, 1896, p. 203216. L. Fillion.

    1. PHILARQUE##

PHILARQUE (grec : à çuXâpxis ; Vulgate : Philarches), chef de tribu, chef de troupes comme çuXâp xoç. Cf. £ïpt8ctf>x’"]Ç> I Mach., x, 65. Nos éditions de la Vulgate donnent ce mot comme un nom propre, et beaucoup de commentateurs acceptent cette interprétation, mais la phrase grecque : rèv Se ipuXâpxijv t&v Ttepi TijidŒov, s’entend plus naturellement du « commandant ou chef de ceux qui étaient avec Timothée », c’est-à-dire de ses soldats. II Mach., viii, 32 ; cf. ꝟ. 30. Le texte sacré nous dit que Judas Machabée ayant battu Timothée et Bacchide, les vainqueurs mirent à mort le philarque, « homme très pervers, qui avait fait aux Juifs beaucoup de mal. »

1. PHILÉMON (grec, ^iX^mm), riche chrétien de Colosses à qui saint Paul écrivit une de ses lettres. Le nom qu’il portait était très répandu en Phrygie, comme le témoignent Ovide, Metam., viii, 631 ; Aristophane, Aves, 762, et de nombreuses inscriptions. Wieseler, Chron. des Apost. Zeitalt., 1884, p. 452, a prétendu conclure d’un passage de l’Épître aux Golossiens, iv, 7, que Philémon était originaire de Laodicée, et que la lettre qui lui est adressée était celle que l’Apôtre envoya, par les soins de Tychique, à cette dernière Église, Col. iv, 16. Mais il est plus naturel de supposer que Philémon habitait, comme son esclave Onésime, Col., iv, 9, « l’un d’entre vous, » la ville de Colosses. On y montrait encore sa maison au temps de Théodoret, InEpist. adP hi lem., Procem., t. xxvi, col. 601, et les Constitutions apostoliques, Iv, 46, t. i, col. 1053, en font l’évêque de cette cité. D’après les Menées grecques du 22 novembre, il aurait subi là le martyre en compagnie d’Appia, d’Archippe et d’Onésime. J.-B. Lightfoot, The Apostolic Fathers, lgnatius, Londres, 1884, t. ii, p. 535. Saint Paul n’ayant jamais été à Colosses, il est probable que Philémon et les siens l’avaient connu dans un voyage à Éphèse. Act., xix, 26 ; I Cor., xvi, 19. En tout cas, c’est à l’Apôtre lui-même, qu’il devait sa conversion, ꝟ. 19.

Philémon paraît avoir joui d’une certaine fortune : il a des esclaves ; il reçoit de nombreux amis dans sa maison, ꝟ. 22 ; il est connu par sa libéralité envers les pauvres, ꝟ. 5-7 ; la communauté chrétienne se réunit chez lui, % 2. L’épithète de cruvEpyrfç, que lui donne Paul, % 1, laisse entendre qu’il servait avec zèle la cause de l’Évangile parmi ses compatriotes. C’était une âme généreuse, droite, loyale, toute dévouée à la personne de l’Apôtre, ꝟ. 13, 17, 22. — Les traditions le présentent tantôt comme prêtre, tantôt comme évêque ou comme diacre ; les martyrologes grecs l’appellent simplement « un saint apôtre’». Lightfoot, lgnatius, il, p. 535. Philémon semble avoir été marié : sa femme est sans doute cette Appie qui figure avec lui, dans l’adresse de l’Épître à côté d’Archippe lequel, vraisemblablement, était leur fils. C. Toussaint.

2. PHILÉMON (ÉPITRE A). — Cette lettre se distingue des autres Épitres de l’Apôtre par des caractères tout particuliers. C’est d’abord la plus courte : elle n’a que quelques lignes. Elle semble, de plus, avoir été écrite tout entière de la main de Paul, ꝟ. 19, cas fort rare pour les Épitres de saint Paul. Enfin elle n’est adressée ni à une église, ni à un chef d’église comme les lettres pastorales, mais à une famille, plus exactement encore, à un ami personnel, pour une affaire d’ordre’privé.

I. Contenu de l’Épître. — Malgré son peu d’étendue, ce billet présente les divisions habituelles des grandes épîtres : préambule, corps du sujet, épilogue.— « Préambule, f 17. — Il se compose de l’adresse et de l’action de grâces. L’adresse mentionne en première ligne Philémon, le chef de famille, à qui la lettre est principalement destinée. Elle y ajoute les noms d’Appia sa femme et d’Archippe son fils. Les autres membres de la famille du riche Colossien sont désignés par ces mots « l’église qui se réunit dans ta maison ». L’action de grâces, en louant, d’une façon délicate, la foi et la charité de Philémon, prépare la requête que l’Apôtre va lui présenter, f 1-7.

2° Corps de l’Epître, ꝟ. 8-21. — Saint Paul y sollicite le pardon d’Onésime, avec un art consommé. L’Apôtre n’aborde son sujet qu’avec mille précautions. Il n’énonce pas de suite l’objet de sa demande. Il rappelle d’abord à Philémon quel est celui qui la lui adresse, f 8-9, c’est Paul lui-même. Au besoin, il pourrait commander, il aime mieux, par amour, le supplier et demander, comme service personnel, ce qu’il pourrait exiger comme apôtre. Comment Philémon pourrait-il refuser cette grâce à celui qui passe sa vie au service des gentils, qui endure, en ce moment même, toutes les souffrances de la captivité, et qui est arrivé à l’âge de la vieillesse ? À ces motifs, Paul joint ceux qu’il trouve dans la personne de son client, f 1016. Celui en faveur de qui il intercède est son « fils spirituel », qu’il a enfanté dans sa prison ; c’est cet Onésime qui, jusqu’ici, il est vrai, n’a guère justifié la signification de son nom (Onésime, en grec, signifie « utile » ) mais qui, désormais, en est tellement digne, que Paul l’aurait volontiers gardé auprès de lui pour l’aider dans l’œuvre de l’Évangile et faire pour lui tout ce que Philémon ferait lui-même s’il était.’présent, mais Paul n’a voulu devoir cette précieuse assistance qu’à la bonne volonté de Philémon lui-même. De plus, celui pour qui parle l’Apôtre n’est plus un simple esclave, c’est « un frère » et un frère pour l’éternité, frère aimé de Paul et, à plus forte raison, de Philémon qui l’avait aimé autrefois comme maître, en sorte que si Onésime a été séparé de Philémon pour un temps, c’est afin qu’il le recouvre pour l’éternité, non plus comme un esclave, mais comme un frère bien-aimé. L’Apôtre prononce alors le mot décisif : « Reçois-le, ꝟ. 17-21, comme tu me recevrais moi-même < » Il est vrai qu’Onésime ne s’est pas enfui seulement de chez son maître, mais qu’il lui a causé quelque grave dommage. Mais Paul s’offre pour le réparer. Il s’engage, par écrit, à indemniser Philémon, bien qu’au fond celui-ci soit son débiteur puisqu’il lui doit son salut. Cette idée remplit l’âme de Paul de confiance. Il reproduit sa prière, au ꝟ. 20, sur un ton qui écarte jusqu’à la possibilité d’un refus. Bien plus, au verset suivant, il attend de Philémon quelque chose de mieux encore. Quoi donc ? Le tour de phrase est général et laisse aux interprètes la place à diverses hypothèses. Les uns supposent un bienfait quelconque en plus du bon accueil réservé à Onésime, d’autres (De Wette, Oltramare, Reuss, Godet), l’affranchissement pur et simple.

3° Épilogue, 22-25. — L’Apôtre prie Philémon de lui préparer un logement, car il espère suivre de près Onésime à Colosses. Les autres versets contiennent les