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PHIHAHIROTH — PHILADELPHIE


Héroopolis dont il fait le commencement du golfe arabique. Son témoignage en perd toute sa valeur.

Mais peut-être que la géologie donnera raison à M. Naville ? Linant de Eellefonds lui est tout entier favorable et il s’en prévaut à plusieurs reprises. Store-City of Pithom, p. 25, 26, etc. Partant d’un point communément admis, savoir que la mer Rouge et la mer Méditerranée ont communiqué dans lestempspréhistoriques, il signale trois atterrissements successifs intervenus entre les deux mers. Le premier est antérieur à l’histoire, c’est celui qui existe entre les lagunes les plus au sud du lac Menzaleh et le lac Timsah, nommé seuil de Gisr. Le second se trouve entre le lac Timsah et les lacs Amers, c’est le seuil du Sérapéum. Le troisième est situé entre les lacs Amers et le fond du golfe actuel, c’est le seuil de Chalouf. Selon l’auteur, l’atterrissement du Sérapéum s’est produit après Moïse, à plus forte raison celui de Chalouf, et il explique dans ce sens les textes des anciens. Linant, Mémoires sur les principaux travaux d’utilité publique exécutés en Egypte depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos jours, Paris, 1872-1873, p. 178-194, surtout p. 195-197, où l’auteur se résume. Les autres géologues sont moins affirmalifs. Ils s’accordent en général pour dire que la mer Ronge n’a pas dû dépasser le Sérapéum depuis les temps historiques. Mais ils admettent par contre que les lacs Amers, à une époque récente, n’ont fait qu’un avec la mer Rouge. Cf. Lecointre, La campagne de Moïse pour la sortie d’Egypte (1882), p. 37-38. La difficulté glt donc tout entière dans le seuil de Chalouf, Par sa nature, il est hors de doute qu’il est bien antérieur à Moïse, puisqu’il est d’origine tertiaire. Cf. 0. Fraas, -4ms dern Orient : geologische Beobachtungen am Nil, auf der Sinai-Halbinsel und in Syrien, 1867, p. 170-173 ; O.Ritt, Histoire de l’Isthme de Suez, p. 5. Mais ce seuil a pu être soulevé par les modernes tremblements de terre ou les mouvements du sol. C’est l’opinion de M. Ritt, loc. cit., p. 4-5. Il n’insiste pas et passe à des preuves d’un autre ordre, aux mesures données par les anciens sur la largeur de l’isthme. « Hérodote, dit-il, rapporte que la dislance du mont Casius, formant cap sur la Méditerranée, à la mer Erythrée était de mille stades, c’est-à-dire d’environ cent kilomètres, ie stade unitaire employé par le savant historien dans toutes ses observations équivalant à peu près à cent mètres. Or, d’après l’examen de la carte, la distance du cap Casius à la mer Rouge est un peu supérieure à la plus petite largeur de l’isthme. Il résulte donc de l’assertion d’Hérodote, que l’isthme de Suez n’avait pas plus de quatre-vingt-dix à quatre-vingtquinze kilomètres de large, il y a deux mille ans, " c’està-dire que la mer Rouge devait faire, à cette époque, une pointe d’environ cinquante kilomètres dans l’intérieur de l’isthme. Loc. cit., p. 5. Cf. Linant, loc. cit., p. 161-165. M. Vigouroux répond que M. Ritt « suppose que le stade d’Hérodote n'était que de trois cents pieds ; en réalité, il était du double, c’est-à-dire de six cents, comme nous le lisons formellement dans la description du lac Moeris, où il est dit que le stade équivaut à cent oryges et l’oryge à six pieds. Hérodote, ii, 149. Le stade était donc de six cents pieds. Par conséquent la distance du mont Casius au golfe de Suez, était, non pas de quatre-vingt-quinze, mais de cent quatre-vingtcinq kilomètres : c’est plus que la distance actuelle, laquelle ne dépasse pas cent treize kilomètres environ, s La Bible et les découvertes modernes, t. ii, 6e édit., 1896, p. 397-398 et p. 390-396, utilisées ci-dessus. C’est même, trop, et nous restons perplexes sur la nature du stade employé ici par un auteur qui change à ce sujet d’une page à l’autre. Lecointre, loc. cit., p. 93-99. Les chiffres d’Hérodote, répond-on, confirmés par ceux de Strabon, XI, i, 5, 6 ; XVII, 1, 21, de Pline, H. N., v, 2, de l’Itinéraire, s’appliquent sans doute à la route


suivie, et c ette route avait ses circuits et ses détours Nous aurions ainsi l’explication dé la différence entre ces distances et celles des modernes qui mesurent en ligne droite. Vigouroux, loc. cit., p. 399.

V. Conclusion. — Que conclure maintenant par rapport à Phihahiroth ? Évidemment, il faut reculer cette station plus au sud que ne le fait Naville, que ne le suppose Linant. Mais combien plus au sud la reporter ? En admettant qu’au temps d’Hérodote, c’est-à-dire au v s siècle avant J.-C, la largeur de l’isthme ait répondu à peu près à ce qu’elle est aujourd’hui, s’ensnit-il qu’au temps de l’Exode, c’est-à-dire au XIIIe siècle avant J.-C, il en ait été de même ? Le seuil de Chalouf, par son origine tertiaire, semble nous l’assurer. Mais ce seuil est un soulèvement, de l’avis de tous les géologues ; et, suivant l’ingénieur Lecointe, ce soulèvement qui correspond à un affaissement du côté de la Méditerranée, se poursuit toujours, puisque le fond du canal recreusé par Amrou est resté par places, à Chalouf spécialement, « dans un état de conservation vraiment merveilleux ; les talus sont réguliers, les arêtes vives, le fond de cailloux et d’argile parfaitement plat et sans trace d’ensablement… Sa cote est de 17 m 76, tandis que celle de la hauteur de la mer Rouge est de 18<J6 : il n’aurait donc plus aujourd’hui que soixante centimètres à demi marée, et resterait toujours à sec à marée basse : par suite le canal serait hors de service. » Loc. cit., p. 38. Le même auteur en déduit que le seuil a dû se relever, au minimum, de quatre mètres vingt depuis Ptolémée Philadelphie et « qu'à l'époque de Moïse, il devait être profondément submergé ». Loc. cit., p. 39. Il s’en faut que tous se soient ralliés à cette opinion. Le dernier mot sur la question, controversée entré savants qui ne cherchent pas à supprimer le caractère miraculeux du passage de la mer Rouge, le dernier mot est aux fouilles nouvelles et à leurs révélations. En attendant, on peut penser avec les uns que Phihahirot se trouvait en face des lacs Amers, avec les autres, qu’elle était vers Adjroud, en face de la mer Rouge proprement dite. Cette dernière opinion repose sur la tradition juive alexandrine, acceptée par les premiers chrétiens, et qui peut n'être qu’une accommodation aux conditions géographiques de l'époque. Peut-être encore nous forcerait-elle à reporter trop haut Phihahiroth pour que son identification si séduisante avec Pikeheret n’en souffrît pas. Pourtant, qui sait ? L’innombrable multitude des Hébreux avec leurs troupeaux et leurs bagages occupait une immense place et le « vis-à-vis de Phihahiroth » peut nous donner de la marge.

C. Lagier.

    1. PHILADELPHIE##

PHILADELPHIE (grec : $0Mnl<?la), ville ancienne de Lydie, en Asie Mineure, sur la rive méridionale du Kogamos, affluent de l’Hermus, actuellement Alachehr,

£0. — Monnaie de Philadelphie (dernière partie du i" siècle de notre ère). => Tête de Diane, à gauche, avec un carquois. — H). Apollon jouant de la lyre : *LAAEA*EaN EPMinnoC APXIEPEÏC.

c’est-à-dire « la bigarrée », dans le vilayet d’Aïdîn, dans le pachalik d’Anatolie, à 118 kil. de Smjrne, qui lui est reliée par une ligne de chemin de fer. Elle était bâtie sur les derniers contreforts du mont Tmolus, au bord du haut plateau central de l’Asie Mineure (fig. 60). Voir la carte de Lydie, t. iv, col. 448. Elle est mentionnée deux fois dans le Nouveau Testament : Apoc, i, 11, dans la liste des sept Églises de l’Asie

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