Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1292

Cette page n’a pas encore été corrigée
2519
2520
ZACHARIE (LIVRE DE)


de repentir au sein du peuple de Dieu, xiii, 1-6. — (J) Après avoir encore été purifié dans le creuset de la souffrance, Israël sera transfiguré par le Seigneur, xiii, 7-xiv, 21. — 1° Le troupeau sera frappé en même temps que le pasteur, xiii, 7-9. — 2° Le grand jour du Sèigneu r et la nouvelle Jérusalem, xiv, 1-21 : tableau vivant et grandiose qui achève dignement la prophétie. Voir une analyse détaillée dans Cornely, Historica et critica Introductio in libros sacros, t. ii, p. 596-601.

II. Le style et le genre littéraire. — 1° La diction de Zacharie est assez pure, surtout pour l’époque de décadence littéraire où il écrivit ses oracles. Son style est frais, imagé, vivant. Il emploie des comparaisons très expressives. Cf. ii, 8-9 ; ix, 15-16 ; x, 3-5 ; xi, 7, 10, 14 ; xii, 3, 4, 6, 8 ; xiv, 4, 20, etc. Certaines formules prophétiques produisent un bel effet par leur répétition. Cf. i, 3, 4 ; 1, 17 et ii, 13 ; iv, 9 et vi, 15 ; vii, 9-10 et viii, 16-17, etc. Zacharie a formé sa diction d’après celle des anciens prophètes ; aussi les aramaïsmes sont-ils assez rares chez lui. Comme écrivain, il a beaucoup plus de vie et d’entrain que son contemporain Aggée. Les chap. i-vi sont composés en prose ordinaire. On rencontre déjà plus d’élan dans les chap. vu et vm. Les chap. ix-xiv sont en général bien écrits et rappellent les oracles d’Isaïe par leur profondeur, leur ampleur, leur variété, les ornements de leur langage. Cf. Knabenbauer, Proph. Min., t. ii, p. 215. Zacharie demeure original, même lorsqu’il prend les anciens écrivains pour guides. Toutefois, la multiplicité des images et le brusque passage de l’une à l’autre créent souvent une certaine obscurité, comme c’est également le cas pour le prophète Osée (t.iv, col. 1917). Les rabbins s’en sont plaints avec quelque amertume, cf. Fùrsl, Zum Kanon des A. Test., Leipzig, 1868, p. 43. Saint Jérôme, à leur suite, t. xxv, col. 1417, nomme Zacharie « le plus obscur » des petits prophètes. Ce qui est vrai, c’est que « de nombreux détails— spécialement dans les chap. ix-xiv — demeureront toujours incompréhensibles et obscurs pour nous, parce que nous ne sommes que très imparfaitement renseignés sur toute llépoque d’après l’exil. » Cornill, Einleitung in das A. T., 2e édit, p. 200. Cf. Reinke, Beitrâge zur Erklârung des A. T., t. vi, p. 112. — 2° Le texte hébreu ne nous a pas été transmis dans un état de parfaite préservation. On a pu, en. divers endroits, le corriger au moyen du texte des LXX.Cf. Kaulen, Einleitung in die h. Schrift, & édit., p. 367 ; Klostermann, dans la Theologische Literaturzeitung de Schûrer, t.iv, 1879, p. 561 sq.

III. Authenticité et unité du livre. — 1° Chap. iviu. — La question d’authenticité ne présente aucune difficulté en ce qui concerne les chap. i-vm, car elle est tellement garantie de toutes manières, par les arguments extrinsèques et intrinsèques, que les critiques eux-mêmes ne songent pas à la contester. Voir Cornill, Einleitung in das Alte 2’esiam., 2’, édit., p. 195 ; Driver, An Introduction to tlie lileralure of the Old Testament, 5e édit., p. 322. La tradition de la synagogue et celle de l’Église, la situation historique et religieuse, tout indique bien l’époque marquée par l’auteur lui-même.

2° Chap. ix-xiv. — Il s’est ouvert depuis de longues années, au sujet de cette seconde moitié du livre, un grand débat, dont nous devons d’abord exposer l’origine et les phases principales. — a) Comme l’on sait, saint Matthieu, xxvil, 9, attribue à Jérémie le passage Zach., IX, 12. Sans autre motif que celui de sauvegarder la véracité de l’évangéliste, l’Anglais Joseph Alede (-{1638) prétendit que le prophète d’Anathoth était l’auteur non seulement de ce verset, mais de tout l’ensemble des chap. ix-xi de Zacharie, dont il fait partie. Plusieurs autres Anglais du XVIIe et du xviiie siècle, entre autres, Whiston, Hammond, Kidder, etc., acceptèrent cette théorie. Dans son commentaire du livre de

Zacharie publié en 1785, An attempt towards an improved version and an exploration of the twelve Minor Prophets, l’archevêque anglican W. Newcome enseigne que les chap. ix-xiv sont tous antérieurs à l’exil, avec cette différence pourtant, que les chap. jxxi ont été composés quelque temps avant la fin du royaume des dix tribus (722 avant J.-C), et les chap. xiixiv, un peu avant la ruine du royaume de Juda et la prise de Jérusalem par les Chaldéens. Presque en même temps avait paru l’ouvrage d’un prédicateur protestant de Hambourg, B. G. Flûgge, Die Weissagungen welche den Schriften des Prophète », Zacharias beîgebogen sind, Hambourg, 1784, qui développe une thèse analogue, mais par des procédés plus violents, puisque Flùgge morcelle Zach., ix-xiv, en neuf fragments, qui auraient été composés à différentes époques, mais bien, avant la captivité de Babylone. On les aurait ensuitejuxtaposés et rattachés au livre de Zacharie. C’est surtout l’ouvrage de Flùgge qui mit à l’ordre du jour la question de l’origine de ces six chapitres. Jusqu’alors aucun doute ne s’était élevé à leur sujet, malgré les assertions de Mede et de ses premiers imitateurs. — 6) Pendant près d’un siècle, jusqu’en 1881, les critiques et les exégètes rationalistes se laissèrent fasciner parcette théorie, qui, à la manière de Newcome, faisait remonter la composition de Zach., ix-xi, au vm" siècle avant J.-C. et les chap. xii-xiv à la fin du vu" siècle ou un peu plus tard. La section Zach., ix-xi, aurait donc eu. pour auteur un contemporain d’Osée et d’Isaïe, peut-être le Zacharie, fils de Barachie, qui est mentionné Is. r vm, 2 ; elle se rapporterait surtout au royaume des dix tribus et à la catastrophe qui devait amener sa. ruine. La section Zach., xh-xiv, formerait un oracle parallèle, concernant le royaume de Juda et la période qui précéda immédiatement sa fin. Sentiment assez extraordinaire en soi, puisque, dans le monde de la critique avancée, on est beaucoup plus porté à donnerune date récente qu’une date ancienne aux écrits bibliques. D’assez nombreux critiques contemporains, appartenant tous au protestantisme, s’y sont ralliés et l’ont soutenu avec énergie, entre autres, L. Diestel, . dans le Bibel-Lexicon de Schenkel, t. v, p. 129-134 ; . Ewald, Propheten des AltenBundes, 2e édit., t. ii, p. 248 ; Bleek, Einleitung, 4e édit., p. 438-439 ; Kuenen, Onderzoek naar het onstaan en de venameling van de boeken des Ouden Verbonds, Leide, 1889, p. 402-426- ; E. Reuss, La Bible : les Prophètes, t. i, p. 176-193, 347-360. Le nombre de ses partisans a beaucoup diminué de nos jours. Les principaux sont actuellement, Orelli, Das Buch Ezechiel und die zwôlf kleinen Proph., p. 361-363 ; Duhm, Théologie der Propheten, u. 141-143, 225-228 ; H. Kônig, Einleitung in das A. T., p. 364-376 ; Driver, Introduction, p. 324-332. Ces divers critiques ne sont pas d’accord sur les dates à assigner à chacune des deux sections. En outre, Kuenen suppose que les chap. ix-xi, auxquels il joint le passage xiii, 7-9, remontent dans leur ensemble au vine siècle avant notre ère, mais que certains détails ont subi des modifications et ont été accommodés à une époque plus tardive par un prophète qui vivait après l’exil. — c) Dès l’année- 1864, au tome ii, p. 216, de sa Neue exeget. krit-Aehrenlese, in-8°, Leipzig, Bottcher protestait contre l’opinion qui regarde les chap. ix-xiv de Zacharie comme plus ou moins antérieurs à l’exil. À son sens, ils furent écrits au temps des guerres que se livrèrent Séleucus de Syrie et Ptolémée d’Egypte, après la mort d’Alexandre le Grand. Eichborn, dans la 4e édit. de son Einleitung in das A. T., descendit encore plus bas. Vatke, Einleitung, 1882, p. 709, qui avait d’abord placé la composition de ces chapitres sous le règne d’Artaxercès Longue-Main (464-425 avant J.-C), se décida ensuite pour l’époque des Machabées (années 170 et suiv.). Toutes ces varia-