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VULGATE

p. 79-84. Cf. Pallavicini, Histoire du concile de Trente, 1. VII, c. xii, édit. Migne, t. ii, col. 192-194. Sur les travaux entrepris à Trente, voir dom Höpfl, Kardinal Wilhelm Sirlets Annotationen zum N. T., p. 9-13, 40 ; Mercati, dans Theologische Revue, 1909, p. 60-62 ; Le Plat, Monument., t. iv, p. 104-110.

Éditions privées. — Comme les premiers travaux furent vite interrompus, des particuliers entreprirent de corriger le texte de la Vulgate. — 1. Éditions de Louvain. — Les théologiens de Louvain y travaillèrent les premiers. Sur l’œuvre du dominicain Jean Henten, voir t. ii, col. 1475. Après la mort de Henten (1566), son édition fut perfectionnée, sous la direction de Luc de Bruges. Elle eut, sous cette nouvelle forme, neuf éditions (1573-1594) et celle de 1583 servit aux correcteurs romains. — 2. Le Nouveau Testament de Zeger. — Un franciscain flamand, Tacite-Nicolas Zeger, publia, de son côté, en 1553, des Scholia et des Castigationes sur le Nouveau Testament, et il se proposait de corriger la Vulgate d’après les leçons des Pères et des manuscrits. Voir Critici sacri, 3e édit., Amsterdam, 1698, t. vii. Dans une lettre du 15 août 1553, ibid., p. xii-xvi, il demandait au pape Jules III d’approuver sa correction et de déclarer authentique son édition. Cf. R. Simon, Histoire critique des commentaires du N. T., Rotterdam, 1693, c. xxxix, p. 573-575 ; Dissertation critique sur les principaux actes manuscrits du N. T. (à la suite de l’ouvrage précédent), p. 78-79.

La Bible sixtine. — 1. Sa préparation. — Les travaux de correction, entrepris à Rome dès 1546, marchèrent lentement jusqu’en 1554 ; Sirlet s’occupait du Nouveau Testament et Nicolas Majoranus de l’Ancien. H. Höpfl, op. cit., p. 24-25, 37 ; Mercati, loc. cit. Pie IV qui, avant son élévation au siège pontifical, avait favorisé Majoranus, institua une congrégation de cardinaux et de consulleurs. Quelques manuscrits, notamment le Paulinus, furent collationnés, mais la mort de Færnus en 1561 interrompit les recherches, et le concile de Trente fut clos en 1563, avant que la correction officielle de la Vulgate ne fût terminée. Saint Pie V confirma la congrégation établie par son prédécesseur et nomma de nouveaux membres. On reprit tout ce qui avait déjà été exécuté, afin de profiter des leçons de manuscrits anciens, récemment apportés à Rome. On avançait si lentement que, du 28 avril au 7 décembre 1569, au cours de 26 sessions générales, on n’avait relevé les variantes que de deux seuls livres, la Genèse et l’Exode. Sous Grégoire XIII, à l’instigation du cardinal Perretti et sous sa direction, on édita la version des Septante. Voir col. 1639-1641. Devenu pape sous le nom de Sixte V, le cardinal Perretti, dès la seconde année de son pontificat (1586), fit reprendre activement la correction de la Vulgate. On avait fait venir d’excellents manuscrits latins de différentes bibliothèques de l’Italie, de l’Espagne et de la Flandre. Sixte V stimulait le zèle des correcteurs. Après plus de deux années d’étude, l’œuvre était achevée ; elle fut présentée au pape au commencement de 1589. Sixte V revit lui-même le texte entier ; il maintint la plupart des corrections faites, mais il en rejeta un certain nombre, malgré l’opposition du cardinal Carafa, et détermina lui-même les leçons qu’il fallait admettre à leur place, comme il s’en était réservé le droit, dès le 22 janvier 1588. Bullarium romanum, Naples, t. viii, p. 996. Il surveilla de très près l’impression, qui fut faite au Vatican, non pas par Paul Manuce, mais par Dominique Basa, de Venise. Voir Mgr Baumgarten, Die Vulgata Sixtina von 1590 und ihre Einführungsbulle, Munster, 1911, p. 1-19, 135. L’impression avait commencé avant que le pape n’eût achevé la revision de l’œuvre des correcteurs. Ainsi, le 3 juin, Sixte V disait à l’ambassadeur de Venise qu’il en était arrivé à l’Apocalypse et que le livre de la Sagesse était sous presse. Ibid., p. 136. Les Avvisi di Roma annonçaient, le 1er novembre, que l’Ancien Testament allait paraître, et le 25, qu’il était entre les mains des cardinaux de la Congrégation de l’Index. Ibid., p. 22. L’impression était terminée le 10 avril 1590. Les Avvisi di Roma annonçaient, le 2 mai, que des exemplaires avaient été distribués aux cardinaux et aux principaux officiers de la cour pontificale, et que la vente était confiée au seul imprimeur du palais, Dominique Basa. Ibid., p. 23. Le 31 mai, Sixte V fit expédier aux princes 25 exemplaires de la nouvelle Bible, avec des brefs, datés du 29. Ibid., p. 24.

2. Sa description. — La Biblia sacra Vulgatæ editionis ad concilii Tridentini prsescriptum emendata a Sixto V P. M. recognita et approbata forme un volume in-f° en trois parties de 1140 pages à deux colonnes. Le texte est imprimé en grands caractères, sans séparation des versets, dont les chiffres sont indiqués à la marge et qui sont différents de ceux de Robert Estienne. L’impression est fort belle et on n’y a compté qu’une quarantaine de fautes typographiques. Le texte est précédé de la bulle Æternus ille, qui promulguait la nouvelle édition. On n’en connaît qu’un petit nombre d’exemplaires : 15 en Italie, 8 en Allemagne, 4 en Autriche, 8 en Angleterre, 3 à la Bibliothèque nationale de Paris (cotés À 216, 216 bis et 216 ter, réserve), 1 à Saint-Pétersbourg, 1 à Madrid et 1 à New-York. Ibid., p. 66-82. On ignore quels sont les détenteurs actuels d’autres exemplaires, dont on a gardé la trace. Ibid., p. 82-85. Leur prix est très élevé. Leurs dimensions ne sont pas les mêmes et le papier est différent. Il y a des exemplaires de luxe. Des fautes d’impression ont été corrigées par des moyens différents et en nombre plus ou moins grand. Le pape lui-même mettait la main à cette correction. Ibid., p. 24, 95 ; Le Bachelet, op. cit., p. 193-194.

3. Sa publication. — On a prétendu que Sixte V n’avait pas attribué à sa Bible une autorité définitive et qu’il ne la considérait que comme un essai. Cette opinion n’est plus soutenable. En effet, l’original de la bulle Æternus ille, qui promulgue l’édition sixtine et déclare qu’elle représente la Vulgate reconnue authentique par le concile de Trente-, a été retrouvé aux archives du Vatican (registre des Epislolæ ad principes, t. xxii), avec deux épreuves successivement corrigées, et deux exemplaires d’une édition spéciale, tirée le 22 août 1590. L’original contient l’attestation des cursores, qui avaient affiché la bulle le 10 avril 1590 aux lieux fixés par le droit. La bulle est datée du 1er mars 1589, mais aussi de la cinquième année du pontificat de Sixte V, qui avait commencé le 24 avril 1585, par conséquent du 1er mars 1590, selon notre manière actuelle de compter les années à partir du 1er janvier, tandis que, à cette époque, la cour romaine faisait débuter l’année ecclésiastique au 25 mars. Cf. Mgr Baumgarten, Biblische Zeitschrift, 1907, t- v, p. 189-191 ; Die Vulgata Sixtina von 1590, p. 28-39. Dans les brefs aux princes, dont Mgr Baumgarten connaît douze exemplaires, le pape affirme qu’il a décidé par une constitution perpétuelle, déjà éditée, que sa Bible corrigée doit être reçue par tous. Les témoignages opposés, recueillis par le P. Le Bachelet, op. cit., p. 81-88, perdent ainsi toute valeur, et l’hypothèse d’une anticipation de la promulgation de la bulle, hypothèse imaginée par le P. Azor, entraînerait la falsification d’un acte apostolique, soumise dès lors aux peines tes plus graves. Mgr Baumgarten, Die Vulgata Sixtina von 1590, p. 96-134. Pour une édition diplomatique et critique de la bulle, voir Biblische Zeitschrift, 1907, t. v, p. 337-354 ; Die Vulgata Sixtina von 1590, p. 40-65. Dans les derniers jours de sa vie, Sixte V avait l’intention de faire imprimer une sorte