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VULGATE

inventé en vue de multiplier les exemplaires de la Sainte Écriture. La première Bible imprimée fut celle de Gutenberg, Fust et Schoffer à Mayence, sans indication de lieu ni de date. La seconde parut à Bamberg chez Pfister en 1460. La première qui soit datée est sortie des presses de Fust et de Schôlfer à Mayence en 1462, sans parler du Psautier daté de 1459. On évalue à près d’une centaine les éditions de la Vulgate qui sont antérieures à 1500. W. A. Copinger en a dressé la liste. Incunabula biblica or the first half century of the latin Bible being a bibliographical account of the various editions of the latin Bible between 1450 and 1500 with an Appendix containing a chronological list of the editions of the sixteenth century, in-f°, Londres, 1892. Elle contient 124 éditions, dont 13 sont douteuses. Léopold Delisle en a retranché 12. Journal des savants, 1893, p. 202-218. Il n’en resterait donc plus que 99. De 1501 à 1520, on en compte 57 de certaines. Voir encore G. Vicaire, Les Incunabula biblica de W.A. Copinger et la Bibliographical Society, Paris, 1893 ; H. F. Moule, Historical catalogue of the printed éditions of Holy Scripture in the library of the british and foreign Bible society, Londres, 1909, t. ii. Mlle Marie Pellechet a dressé la liste de toutes les Bibles imprimées en France avant 1500, qu’elle a vues elle-même. Catalogue général des incunables des bibliothèques de France, 1897, t. i, n. 2263-2386. Cf. F. Falk, Die Bibel am Ausgange des Miltelalters, p. 23-24, 91-97. La plupart de ces éditions n’ont aucune valeur critique. Les imprimeurs ne recouraient pas aux anciens manuscrits antérieurs à Alcuin ni même aux Bibles d’Alcuin, mais à des manuscrits récents, vulgaires, écrits au XIIIe et au XIVe siècle, dont le maniement était facile en raison de leur petit format, et qu’ils publiaient tels quels. J. Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford, 1898, t. i, fasc. 5, p. 721. Les premières éditions qui aient donné réellement un texte corrigé d’après les manuscrits sont, en dehors de la Polyglotte de Complute, voir t. v, col. 517-518. celles d’Adrien Gumelli, Paris, 1504, d’Albert Castellani, Venise, 1511, d’Hittorp, Cologne, 1520, de Robert Estienne, de 1528, 1532, 1534, 1540, 1545, 1546, à Paris, de 1555, 1557, à Genève, voir t. ii, col. 1982 ; la meilleure est celle de 1540. R. Gregory, Textkritik des Neuen Testaments, Leipzig, 1902, t. ii, p. 619. Sur les manuscrits dont s’est servi Robert Estienne, voir J. Wordsworth, OUI latin biblical texts, Oxford, 1883, 1. 1, p. 4754 ; G. Jacob, Zur Geschichte des Psalmentextes der Vulgata in 16. Jahrhundert, dans Zeitschrift fur aittestamentliche Wissenschaft, 1900, p. 49-80. Nommons encore l’édition de Jean Benoît, qui parut à Paris en 1541 et qui eut onze autres éditions jusqu’en 1569. Sur l’édition de Castellani, voir t. ii, col. 1475. Cf. F. Kaulen, Geschichte der Vulgata, p. 356-378.

b) Les corrections de la Vulgate. — Protestants et catholiques se mirent aussi à corriger la Vulgate sur les textes originaux. And. Osiander publia une édition ainsi corrigée en 1522 à Nuremberg. Un libraire de Nuremberg, Jean Petrejus, imprima en 1527 et 1529 deux éditions qui étaient corrigées plus complètement et qui furent plusieurs fois réimprimées par d’autres. La Bible de Wittemberg, de 1529, contenait des corrections plus arbitraires encore, et elle fut l’objet de discussions de la part des protestants eux-mêmes. Conrad Pellican mit à la base de ses commentaires une édition de la Vulgate, corrigée d’après le texte hébreu, 7 in-f°, Zurich, 1532-1640. Les catholiques imitèrent les protestants et entrèrent dans cette voie nouvelle de corriger à leur gré la Vulgate. Sur le correctoire du dominicain Jacques de Gouda, voir t. ii, col. 1475. En 1527, J. Rudel publia à Cologne une revision de la Vulgate d’après les textes originaux, qui eut plusieurs éditions. En Italie, le chanoine régulier Augustin

Steuchus, plus tard évêque de Gubbio, revisa l’Ancien Testament sur le texte hébreu, et son œuvre parut à Venise en 1529. Un peu plus tard, en 1542, le bénédictin Isidore Clarius éditait à Venise une Bible entière corrigée sur les textes originaux. Comme il suivait fréquemment le texte de Sébastien Munster, la Congrégation de l’Index interdit son œuvre qui n’était plus le texte de la Vulgate. F. Kaulen, op. cit., p. 322-336.

c) Nouvelles versions de la Bible. — Au début du XVIe siècle, on multiplia les versions de la Bible, directement faites sur les textes originaux. Félix Pratensis, juif converti, traduisit les Psaumes sur le texte hébraïque, en 1515, et Érasme, le Nouveau Testament sur le grec, 1516. Voir t. ii, col. 1903-1905 ; A. Bludau, Die beiden ersten Erasmus-Ausgaben des Neuen Testaments, und ihre Gegner, dans Biblische Studien, Fribourg-en-Brisgau, 1902, t. vii, fasc. 5, p. 33-48. L’opposition d’Érasme contre la Vulgate se manifestait dans ses notes. Aussi le capucin Richard du Mans et le futur cardinal Sirlet en entreprirent-ils plus tard une réfutation directe. Voir H. Höpfl, Kardinal Wilhelm Sirlet Annotationen zum Neuen Testament, ibid., 1908, t. xiii, fasc. 2, p. 68-81. Santé Pagnino et le cardinal Cajetan traduisirent la Bible entière. Augustin Giustiniani traduisit seulement le Psautier et Job. Voir t. ii, col. 1476-1477. Les protestants firent aussi des versions latines nouvelles. Il suffit de rappeler celles de Bucer, de Sébastien Munster, de Castelion et de Léon de Juda. Voir F. Kaulen, op. cit., p. 336-356.

Tous ces efforts, faits en des sens divers, eurent pour résultat de discréditer de plus en plus la Vulgate et de jeter la confusion la plus grande dans le monde chrétien au sujet du texte sacré des Écritures. Il fallait apporter un remède à cette situation troublée. Seule l’autorité de l’Église catholique pouvait rétablir l’unité que les travaux des particuliers avaient rompue. L’Église le fit au concile de Trente.

V. Authenticité déclarée par le concile de Trente. — 1° Rédaction et promulgation du décret. — La question de la Vulgate fut mise en délibération dans les congrégations particulières des théologiens, le 1er mars 1546, à propos des « abus concernant les Livres Saints ». Il s’agissait notamment de décider quelle version on adopterait, et d’avoir une édition correcte. Le cardinal de Sainte-Croix, résumant les avis, dit qu’on choisissait la Vulgate, parce que, parmi tant d’éditions, elle est verior et potior. Massarelli, Diarium III, dans S. Merkle, Concilivm Tridentinum, Fribourg-en-Brisgau, 1901, t. i, p. 500, 504, 506, 507 ; S. Ehses, ibid., 1911, t. v, p. 22, 27. Cf. A. Theiner, Acta genuina ss. cecum. Concilii Tridentini, Agram, 1874, t. i, p. 60-63 ; Le Plat, Monument, ad historiam concilii Tridentini, Louvain, 1783, t. iii, p. 393. Les délégués furent nommés, le 5 mars, pour rédiger un projet de décret sur les abus en question ; ils se réunirent, le 13 mars. Merkle, ibid., p. 508, 509, 512 ; S. Ehses, t. v, p. 27. Leur projet fut lu à la congrégation générale du 17 mars. « Le premier abus, y est-il dit, est d’avoir des éditions diverses de la Sainte Écriture et de les vouloir employer comme authentiques, dans les leçons publiques, les discussions et les prédications. Le remède est d’avoir une seule édition, à savoir, l’ancienne et vulgaire, que tous emploient comme authentique dans les leçons publiques, les discussions, les commentaires et les prédications et que personne n’ose rejeter ou contredire, sans rien enlever toutefois à l’autorité de la pure et véritable traduction des Septante, dont les Apôtres se sont servis quelquefois, et sans rejeter les autres éditions, autant qu’elles aident à comprendre cette Vulgate authentique. » Le second abus était l’altération des exemplaires de la Vulgate qui étaient en circulation. Le remède