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VULGATE

texte. Ce sont les Évangiles de saint Gauzelin, évêque de Toul (conservés au trésor de la cathédrale de Nancy), voir L. Bigot, Les Évangiles du comte Arnold, Nancy, 1910, de Saint-Corneille (British Muséum, additionnel 11848), de Lothaire (B. N., latin, 366), de Du Fay (B. N., 9385), les mss. 287, 267, S63 de la même bibliothèque, l’Hamilton 248 (à la bibliothèque royale de Berlin), le ms. B. ii, 11, de la bibliothèque de l’université de Bâle, le Harléien 2790, provenant de Nevers, enfin le ms. 324 de la Bibliothèque nationale. La plus grande variété règne entre eux. Pour le texte, ils se rangent en deux groupes. Le premier (ms. Harléien 2790, B. N., 17227, Nancy, additionnel 11848, B. N., 267 et 9285) a un texte apparenté aux Bibles de Monza, de Bamberg et de Zurich, qui viennent de Tours. Le second (B. N., 274 et 266) contient un texte parent de celui de la première Bible de Charles le Chauve, par conséquent, un autre état du texte des Évangiles à Tours. Il faut probablement en rapprocher le ms. Hamilton248 et celui de Bâle. Le n° 263 de la Bibliothèque nationale, quoique interpolé, rentre dans un de ces deux groupes.

d) Les grandes Bibles de Tours. — Sous le règne de Charles le Chauve, entre 840 et 850, furent exécutées, dans la semi-onciale carolingienne, les belles Bibles entières de l'école de Tours. Les unes reproduisent fidèlement le style traditionnel : les Bibles de Bamberg (bibliothèque royale, A. 1. 5), de Zurich (bibliothèque cantonale, 6, 1), de Grandval (British Muséum, addit. 10546), de Cologne (bibliothèque du chapitre, n° 1), de la Bibliothèque nationale (latin, 47 et 68), lems. Harléien 2805, la Bible du comte Rorigon (B. N., latin, n° 3), la première Bible de Charles le Chauve (B. N., latin, n° 1). Les autres s’en écartent et forment des manuscrits dissidents : la première Bible de Saint-Aubin d’Angers (bibliothèque de la ville d’Angers, n° 1), une autre Bible (même bibliothèque, n° 2), celle de Monza (archives de la collégiale, G. 1), celle de Bâle (bibliothèque de l’université, A. N. 1. 3), enfin le ms. 9397 de la Bibliothèque nationale de Paris. Il faut y joindre un Nouveau Testament, venant de Saint-Denis (B. N., latin, 250), qui se place au même rang que la Bible de Grandval. Leur texte est assez divergent dans les détails. Comparé à celui de Vallicellanus, il suit cette progression descendante au point de vue de la ressemblance : Monza, Angers, Bamberg, Zurich, Berne, B. N., 47, Grandval, Cologne, B. N., 3 et 1. Les modifications se font progressivement, et ce sont des altérations. À l’origine, le texte diffère peu de celui du Vallicellanus et il en arrive à ne lui ressembler en rien. En 50 ans, surtout de 840 à 850, la recension d’Alcuin est devenue un texte vulgaire et abâtardi ; elle a été successivement déformée par la réintégration des leçons étrangères dont l’exclusion avait constitué sa pureté relative.

3. Les écoles du nord de la France. — Après la dispersion des moines de Saint-Martin de Tours, l’art calligraphique se développa au nord de la France. On y transcrivit un texte différent de celui de Tours. On le trouve dans trois Évangiles (B. N., 261), l’additionnel 11849 au British Muséum et le ms. 1171 de la bibliothèque de l’Arsenal à Paris. À Reims, l’archevêque Ebbon (816-835) fait transcrire les Évangiles (bibliothèque de la ville d'Épernay, n° 1), duquel il faut rapprocher un ms. provenant de Notre-Dame et signé d’Antoine Loisel (B. N., 17968), mais copié pour l'Église de Beauvais. Hincmar, successeur d’Ebbon, dotait sa cathédrale d’une Bible, conservée aujourd’hui à la bibliothèque de la ville de Reims, n » s 1 et 2, et qui reproduit le texte alcuinien du Vallicellanus. La calligraphie franco-saxonne, dont Léopold Delisle a décrit les caractères et catalogué les monuments, Mémoire sur d’anciens sacramentaires, dans les Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1886, t. xxxii, 1re partie ; L'évangéliaire de Saint-Vaast d’Arras et la calligraphie franco-saxonne, in-f°, Paris, 1888, a produit un certain nombre de manuscrits bibliques : la seconde Bible de Charles le Chauve (B. N., latin, n° 2), qui provient de Saint-Denis, les Évangiles de la bibliothèque royale de La Haye, n° 22, ceux d’Utrecht, le manuscrit inachevé de la bibliothèque publique de Boulogne, n° 12, l'évangéliaire n° 1045 de la bibliothèque d’Arras. S. Berger y a joint quatre manuscrits des Évangiles : Bibliothèque de la ville de Lyon, n° 357, B. N., 257, bibliothèque de Leyde, n » 48, bibliothèque de la ville de Tours, n° 23, Des manuscrits plus récents, du ixe au xiie siècle, reproduisent le même texte : bibliothèque de Cambrai, n° 309, bibliothèque royale de Berlin (ms. Hamilton 253), bibliothèque de l’Arsenal, n° 592, bibliothèque de Lille, n° 15, et le Psautier n » 774 de la bibliothèque de l’université de Leipzig. Leur texte, notamment celui des Évangiles, se rapproche beaucoup de celui des plus récents manuscrits en lettres d’or et plus encore des manuscrits du groupe de Reims. On rattache avec beaucoup de vraisemblance l'école franco-saxonne à Saint-Vaast d’Arras. Une dernière série de manuscrits de grand luxe est de la même contrée et du même temps. Elle comprend le Codex Paulinus (Rome, Saint-Paul-hors-les-Murs), les Évangiles de Saint-Emmeran (bibliothèque royale de Munich, lat., 14000) et le Psautier de Charles le Chauve (B. N., 1152). Leur texte est un texte de compilation, diversement formé et pris de divers côtés. M. Janitschek croit, non sans raison, que ces trois manuscrits ont été copiés à Corbie ; ils viennent au moins de la Picardie.

Du Xe au XIIe siècle. — Cette époque est beaucoup moins étudiée et beaucoup moins connue que les précédentes. « C’est l'époque des textes copiés sans ensemble et sans règle, mais en même temps des textes médiocres et de seconde main, » a écrit S. Berger, Histoire de la Vulgate, p. 329. Différents personnages se préoccupaient toutefois de corriger les manuscrits fautifs ou de donner des copies correctes ; mais nous sommes peu renseignés sur leur travail. L’auteur de la Vie de saint Dunstan, n° 34, nous apprend que cet archevêque deCantorbéry († 998), à ses heures de loisir, lisait la Sainte Écriture et en corrigeait les manuscrits, Pat. lat., t. cxxxvii, col. 443. Or, une partie du ms. Bodléien, auct. F. 4. 32 à Oxford, comprenant des fragments grecs-latins de la Bible, est signée par saint Dunstan. Haddan et Stubs, Councils and eccles. documents relat. to Gr. Britain and Ireland, Oxford, 1869, 1. 1, p. 192 ; H. Bradshaw, Collected papers, 1889, p. 455, 483. Au témoignage de Guibert de Nogent, auteur de sa Vie, c. XV, un autre archevêque de Cantorbéry, le B. Lanfranc(† 1089), corrigea lui-même et fit corriger par ses disciples secundum orthodoxam fidem tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, comme ceux des Pères, qui étaient corrompus par de trop nombreuses fautes de copiste. Toute l'Église occidentale, au moins celle de la France et de l’Angleterre, se servait de cette correction. Pat. lat., t. cl, col. 55. Robert du Mont répète la même chose dans sa Chronique, ainsi que Florigenus, ibid., col. 94-95, et que Mathieu Paris, Historia Anglorum, ann. 1089. Nous ignorons au juste quel fut ce travail de Lanfranc, si ce fut une recension proprement dite ou une simple correction des fautes de copie et où on le retrouverait. Un autre moine du Bec, Gandolphe, qui fut abbé de Saint-Alban, puis évêque de Rochester, corrigea, lui aussi, les fautes de copie des Livres Saints. On conservait à Rochester le premier volume d’une Bible, perdu depuis, qui était signé de sa main. Cf. Histoire littéraire de la France, t. vii, p. 118 ; t. ix, p. 373-374 ; note de Fabricius, Pat. lat., t. clix, col. 813-814. Sigebert de Gembloux, De scriptoribus ecclesiasticis, c. clxiv, Pat. lat., t. clx, col. 585,