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VULGATE

d’Alcala (n. 33 et 34 de l’université de Madrid), xiie-xiiie, le manuscrit de San Isidro de Léon (n. 1-3), copie du Legionensis, prise en 1162. Le second groupe, dit « castillan », comprend deux manuscrits espagnols, la première bible d’Àlcala (n. 31 de l’université de Madrid), IXe siècle, et celle du maréchal de Noailles (Bibliothèque nationale de Paris, latin 6), Xe, qui diffèrent beaucoup des manuscrits visigoths et sont remplis du souvenir de saint Isidore de Séville. Cette recension a été établie au IXe siècle en Castille et au Xe en Catalogne. "Voir encore dom Andrés, El codex visigotico de la Bibla de San Pedro de Cardena (xe siècle), dans Boletin de la Real Academia de la Historia, 1912, t. ix, p. 101.

2. Les Bibles irlandaises et anglo-saxonnes. — L’usage de la version de saint Jérôme en Grande-Bretagne et en Irlande n’est guère attesté avant le viiie siècle que par les citations bibliques des écrivains irlandais ou bretons. M. Haddan, dans Haddan et Stubbs, Councils and eccl. documents relat. to Gr. Britain and Ireland, Oxford, 1869, t. i, p. 192, l’a constaté dans les œuvres de saint Gildas, au vie siècle, et il a conclu que le texte cité ressemblait à celui du Codex Amiatinus, sans lui être pourtant identique. Aux viie et viiie siècles, la nouvelle version a pénétré en Écosse et en Irlande et se retrouve dans les écrits de Cummian et d’Adaman et dans les documents du droit canon irlandais. L’ancien texte biblique, qui était usité en Irlande et dont on rencontre des traces dans les citations irlandaises de la Vulgate hiéronymienne, était un texte « européen », dont nous avons un témoin excellent dans le Codex Usserianus, pour les Évangiles. Les manuscrits irlandais et anglo-saxons de la Vulgate sont très nombreux, mais, sauf de rares exceptions, ils ne « ont pas beaucoup plus anciens que le viiie siècle et dis ne reproduisent pas une Bible complète. Ils sont étroitement groupés entre eux et leur témoignage est unanime. Leur texte est formé de la fusion des manuscrits romains, apportés par les apôtres de la Grande-Bretagne, et des manuscrits irlandais antérieurs. Cette fusion a commencé dans le Kent et les manuscrits qui portent le nom de saint Augustin de Cantorbéry (deux Évangiles du VIIe siècle : n. 286 à Corpus Christi Collège de Cantorbéry et Bodley 857, et un Psautier du xve siècle, ms. Cotton. Vespar. A. 1), ont déjà un texte un peu mêlé, ayant la saveur du terroir irlandais. Dom Chapman a soutenu toutefois que les manuscrits de saint Augustin de Cantorbéry n’avaient pas de leçons irlandaises et étaient des textes romains purs. Notes on the early history of the Vulgate Gospels, Oxford, 1908, p. 181-202. Il a rapproché leur texte des Évangiles des citations des Homélies de saint Grégoire le Grand, p. 210-216. Les meilleurs manuscrits du type irlandais proviennent de Murcie ou de Northumbrie : ils reproduisent la version hiéronymienne avec les interpolations irlandaises caractéristiques. L’introduction de ce texte en Angleterre est due à Théodore de Tarse, archevêque de Cantorbéry (668-690), et à Wilfrid, évêque d’York (667-709). Les abbés de Wearmouth et de Jarrow dans le Northumberland, Benoît Biscop et Ceolfrid, rapportent de Rome, à chacun de leurs pèlerinages, des copies de la Vulgate, desquelles dérivent les manuscrits northumbriens. Le meilleur est le célèbre Codex Amiatinus, écrit en 716. Voir t. i, col. 480-483. Le texte des Évangiles a dû être copié -sur le manuscrit napolitain du moine Adrien. Voir dom Morin, La liturgie de Naples au temps de S. Grégoire, dans la Revue bénédictine, 1891, t. viii, p. 481-483. Le fragment d’Utrecht et le fragment de Durham (A. ii, 17) sont deux frères et peut-être deux frères jumeaux de l’Amiatinus. Il faut rapprocher du même codex le Stonyhurst St. John et le manuscrit de Durham (A. ii, 16), écrit de la main de saint Bède. Le plus beau de tous les manuscrits northumbriens est le Lindisfarnensis, Book of Lindisfarne, au British Muséum (Nero D. IV). Il est signé d’Ædfrith, qui occupa le siège de l’île sainte (698-721) et il reproduit un calendrier liturgique de l’Église de Naples. Voir dom Morin, loc. cit. ; dom Chapman, op. cit., p. 43-77. D’autres manuscrits en grand nombre reproduisent le texte irlandais, mais plus mêlé de leçons étrangères. S. Berger a étudié surtout les manuscrits de Dublin : le Codex Durmachensis, Book of Durrow (Trinity Collège, A. 4, 5), le Codex Kenanensis, Book of Kells (Trinity Collège, A. l, 6), e deuxième manuscrit d’Ussher (Trinity Collège, A. 4, 6), le Stowe St. John (bibliothèque de Royal Irish Academy) et il se borne à citer 23 autres manuscrits irlandais. Op. cit., p. 43-44. Il avait parlé auparavant, p. 31-34, du Book of Armagh et du Book of Mulling, les deux plus importants manuscrits nationaux de l’Irlande, qui sont du IXe siècle seulement, et qui reproduisent des textes de transition entre les anciens textes irlandais et le texte northumbrien proprement dit.

Les Irlandais ont transporté leur texte biblique en dehors des Iles britanniques. La Neustrie, l’Austrasie, l’Alémanie, la Rhétie et l’Italie ont connu des manuscrits du type irlandais. La première de ces contrées nous offre d’abord trois manuscrits de Tours, aujourd’hui dispersés : le manuscrit de Saint-Gatien (Bibliothèque nationale de Paris, nouvelles acquisitions, 1587), du viiie siècle, que J. M. Heer vient d’éditer, Evangelium Gatianum, Fribourg-en-Brisgau, 1910 ; le manuscrit de Marmoutiers (British Muséum, Egerton 609), du IXe ; le n. 22 de la bibliothèque publique de Tours, aussi du IXe. Deux autres manuscrits s’en rapprochent par la géographie et le texte : le n » 13 169 de la Bibliothèque nationale de Paris, du Xe siècle, et le n° 20 de la bibliothèque d’Angers. Il faut mettre à côté d’eux le manuscrit dit d’Æthelstan (British Museum, I.A.XV111), du ixe-xe siècle, dont l’origine est inconnue, et enfin le Codex Bigotianus (Bibliothèque nationale de Paris, lat. 281 et 298), du viiie siècle, en écriture onciale. Tous ces manuscrits ne contiennent que les Évangiles. Les Épîtres et l’Apocalypse sont reproduites dans un manuscrit (Harléien, 1772), du viiie-ixe siècle, dont l’ornementation est irlandaise, sinon le texte lui-même. Pour l’Ancien Testament, il n’y a à signaler sur le continent que le Psautier double de Saint-Ouen (bibliothèque de Rouen, 24), du Xe siècle, et le manuscrit des prophètes (Bibliothèque nationale, 9382), du IXe. En Austrasie, il y avait à l’abbaye de Saint-Arnoul de Metz un manuscrit anglo-saxon des Évangiles, qui est du VIIIe siècle et qui appartient aujourd’hui à la bibliothèque princière d’Œttingen-Wallerstein. L’abbaye d’Echternach possédait un autre manuscrit des Évangiles, écrit en une belle semi-onciale saxonne du viiie siècle. Il est maintenant à la Bibliothèque nationale de Paris, 9389. Son texte est nettement irlandais. Une note de première main, copiée sur quelque vieil exemplaire, porte la date 558 et déclare que le texte a été corrigé, au temps de Cassiodore, avant d’être transcrit, sur le manuscrit d’Eugippius, l’auteur de la vie de saint Séverin et l’abréviateur de saint Augustin. Cette note rattache le texte irlandais à un manuscrit napolitain du VIe siècle. Des manuscrits de Wurzbourg, le manuscrit dit de saint Kilian (M p. th. g. i a) ne semble avoir rien d’irlandais, mais trois autres proviennent véritablement des Iles britanniques : pour les Évangiles, le ms. Mp. th. f. 61, écrit au viiie siècle, et pour saint Paul, les deux mss. Mp. th. f. 12, du IXe, et Mp. th. f. 69, qu’on dit être du viiie. Le Laudianus latin 102 de la Bodléienne vient de Wurzbourg et il est écrit en une minuscule saxonne qui paraît être du début du Xe siècle. Il contient les Évangiles et son texte, qui est composite, a des leçons irlandaises. En Alémanie, nous