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VULGATE

tine et romaine. C’est par excellence la version ecclésiastique de l’Écriture, l’instrument providentiel de la diffusion de la révélation divine au sein de l’humanité, et le véhicule de la pensée du Saint-Esprit à travers le monde entier.

III. Manuscrits. — Voir t. iv, col : 692, 695-698, et la liste supplémentaire de Gregory, Textkritik des N. T., Leipzig, 1909, t. iii, p. 1335-1343, qui arrive au total de 2472. Quelques-uns ont des articles spéciaux dans ce Dictionnaire : l’Amiatinus, t. i, col. 480-483 (avec fac-similé) ; le Bigotianus, ibid., col. 1794 ; le Bodleianus, ibid., col. 1825 ; le Cavensis, t. ii, col. 353 ; le Forojuliensis, ibid., col. 231 7-2318 ; le Fuldensis, ibid., col. 2413 ; le Gigas librorum, t. iii, col. 238-239 ; le Kenanensis, col. 1886-1887 ; le Legionensis I, II et III), t. iv, col. 159-160 ; le Lindisfarnensis, ibid., col. 267 ; le Paulinus, ibid., col. 2232 ; le Toletanus, i. v, col. 22642265 ; le Vindobonensis, col. 2437 ; l’Urbinas, col. 2358.

IV. Histoire. — Cette histoire n’est pas encore parfaitement tirée au clair pour toutes les époques, quoiqu’elle soit de jour en jour mieux connue. Ses premiers temps sont les moins explorés et nous ne pouvons les caractériser que par leurs traits généraux.

Au Ve et au VIe siècle. — La nouvelle version de saint Jérôme fut discutée du vivant même de son auteur, qui nous l’apprend lui-même en plusieurs de ses préfaces, notamment dans ses deux préfaces au livre de Job, t. xxviii, col. 1079 ; t. xxix, col. 61. Rufin, devenu son adversaire, le traita d’hérétique et de faussaire, dans ses Invectives. Cf. S. Jérôme, Apologia adversus libros Rufini, II, 24-35, t. xxiii, col. 447-456. Saint Augustin n’approuva pas d’abord le dessein de saint Jérôme de faire une version nouvelle sur l’hébreu et il conseillait au saint docteur de se borner à reviser l’ancienne traduction latine sur les Septante. Epist. lvi, cir, t. xxii, col. 566, 832-834. Saint Jérôme justifia son entreprise et exposa à l’évêque d’Hippone les raisons qui l’y avaient engagé. Epist. cv, exil, col. 834-837, 928-931. Vers la fin de sa vie toutefois, l’évêque d’Hippone, satisfait par les explications de saint Jérôme, Epist. cxvi, a. 34, t. xxii, col. 952, reconnut le mérite de l’œuvre du solitaire de Bethléhem et il la cita pour prouver l’éloquence des prophètes d’Israël. De doctrina christiana, iv, 15, t. xxxiv, col. 95. Quant au Nouveau Testament, saint Augustin suivait soit la revision de saint Jérôme, soit l’ancienne version. Nous en avons deux exemples curieux dans son traité De consensu evangelistarum, en 400, où il se sert des deux versions des Évangiles, et dans sa controverse avec le manichéen Félix, en 404 : il y cite Luc, xxiv, 36-49, d’après le texte revu et Actes, i, i-ii, 12, selon le texte africain. De actis cum Felice manichæo, 1. I, c. m-v, t. xlii, col. 520-522 ; Corpus de Vienne, 1892, t. xxv, fasc. 2, p. 802-807. On retrouve aussi des leçons africaines des mêmes chapitres des Actes dans Contra epistolam quam vocant Fundamenti, c. ix, t. xlii, col. 179-180 ; Corpus de Vienne, 1891, t. xxv, fasc. 1, p. 203-205 ; Ad catholicos epistola, de unitate Ecclesiæ, c. xi, n. 27, t. xlii, col. 409-410. Cf. F. C. Burkitt, The Old latinand the Itala, dans Texts and studies, Cambridge, 1896, t. lv, n. 3, p. 57-58, 68-78. Du vivant de saint Jérôme, Sophrone, patriarche de Constantinople, traduisit en grec la version latine des Psaumes et des Prophètes. De viris, 134, t. xxiii, col. 715. £n 398, un évêque d’Andalousie, nommé Lucinius, avait envoyé des scribes à Rome et à Bethléhem pour prendre copie de la Bible sous les yeux de saint’Jérôme ; ils rapportèrent un exemplaire presque complet, auquel il ne manquait que le Pentateuque. S. Jérôme, Epist. LXXI, ad Lucinium, 4, t. xxil, col. 671, cf. col. 683. Mais nous ne savons pas quel était le texte de cette Bible.

Malgré sa supériorité sur les anciennes versions latines, la traduction de saint Jérôme ne passa pas vite dans l’usage public et universel, tant était grand l’attachement aux vieux textes, et ce ne fut que progressivement qu’on en reconnut le mérite. Peu à peu on en vint à la préférer aux anciennes traductions. C’est en Gaule qu’elle se répandit d’abord insensiblement, sans qu’on puisse fixer la date de son introduction en ce pays. Cassien, Collat., xxiii, 8, t. xlix, col. 1259, l’appelle emendatior translatio. Prosper d’Aquitaine approuve l’œuvre de saint Jérôme à Bethléhem. Chronic. ann. 386, t. li, col. 586. Saint Eucher de Lyon en fait usage et cite une fois au moins le psautier hébraïque. Voir Libellus de formulis spiritualis intelligentiæ, édit. F. Pauly, Graz, 1884. Dom Chapman, Notes on the early history of the Vulgata Gospels, Oxford, 1908, p. 173-177. Saint Vincent de Lérins, saint Mamert, Fauste de Riez, Salvien se servent de la version de saint Jérôme. Dom Chapman, op. cit., p. 164-173. Saint Césaire d’Arles remplace les citations des Psaumes, faites par saint Augustin d’après l’ancien Psautier, par les leçons du Psautier romain. G. Morin, dans la Revue bénédictine, juillet 1899, p. 293. Le texte de ses sermons est si mal assuré qu’on ne pourra déterminer quel texte latin des Écritures il suivait que quand aura paru l’édition critique de ses œuvres que prépare dom Morin. Saint Avit de Vienne cite partiellement la version de l’Ancien Testament par saint Jérôme, ainsi que saint Grégoire de Tours, mais le texte est déjà un texte mêlé de leçons de l’ancienne version. Cf. Sam. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du moyen âge, Paris, 1893, p. 1-5 ; M. Bonnet, Le latin de Grégoire de Tours, Paris, 1890, p. 54. Les poètes latins du Ve siècle, Hilaire, Dracontius, Cl. Victor, saint Avit et l’auteur du De Sodoma se sont inspirés surtout de la Vulgate et les emprunts qu’ils ont faits à l’Italique sont assez rares. S. Gamber, Le livre de la Genèse dans la poésie latine au Ve siècle, 1899.

En Afrique, on garde les anciens textes. On croyait qu’il en avait été de même dans la Grande-Bretagne et que saint Patrice avait cité la vieille version. Dom Chapman, op. cit., p. 162-164, a montré que ce saint citait la Vulgate. Au commencement du Ve siècle, la version de saint Jérôme était citée dans les écrits du Breton Fastidius. À Rome, le pape saint Léon cite encore la vieille traduction des Évangiles. Sédulius Marius Mercator, Victor de Vite et le pape Vigile ont adopté la version de saint Jérôme. Dans ses Morales sur Job, saint Grégoire le Grand explique la nouvelle traduction, tout en recourant, à l’occasion, à l’ancienne et il déclare que le siège apostolique se sert de ces deux versions. Epist. miss., c. v, t. lxxv, col. 516. Ce pape cite aussi la Vulgate dans ses Homélies sur les Évangiles et ses leçons ont exercé une grande influence sur les manuscrits de la Vulgate. Dom Chapman, op. cit., p. 203-210. Au sud de l’Italie, Cassiodore possédait dans son monastère de Vivarium un manuscrit de l’ancienne version latine, et un autre de la traduction de saint Jérôme, Dans son commentaire du Psautier, il interprète le Psautier romain. Soucieux d’offrir à ses moines un texte pur, il fit transcrire la version hiéronymienne en neuf manuscrits, et pour faciliter la lecture, il avait divisé le texte en cola et en commata. Instit. div., c. XII, t. LXX, col. 1124. Il a apporté un soin spécial à l’édition du Psautier, des Prophètes et des Épîtres apostoliques ; malgré son grand âge, il a lu lui-même les neuf codices en entier, en les collationnant avec d’anciens manuscrits que ses amis lisaient en sa présence. Ibid., præf., col. 1109. En tête de chacun des livres, il avait mis des sommaires analytiques, réunis à part dans son Liber titulorum. Il conseille à ses moines de recopier attentivement son texte et d’éviter les fautes de transcription. Il donne les règles à suivre pour corriger les fautes des copistes, ibid., c. xiv, xv,