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VULGATE

Bethléhem plusieurs livres de l’Ancien Testament sur le texte grec des Septante : d’abord, semble-t-il, le Psautier sur les Hexaples d’Origène ; aussi y introduisit-il les astérisques et les obèles. Præfatio, t. xxix, col. 119-120. Ce psautier, employé dans la liturgie des Églises des Gaules, fut appelé, pour cette raison, Psautier gallican. Saint Pie V l’introduisit dans la liturgie romaine, Sixte V et Clément VIII dans l’édition officielle de la Vulgate. Voir t. iii, col. 1307-1308.

À la même époque ou peu après, saint Jérôme revisa encore sur les Septante Job, Præfatio, t. xxix, col. 59 ; voir t. iii, col. 1308, puis les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique et les Chroniques. Voir les préfaces, t. xxviii, col. 1241-1244, 1323-1328. Mais cette revision n’avait pas été trop profonde. La plus grande partie de ce travail était perdu déjà même du temps de saint Jérôme, et seul le livre de Job nous est parvenu dans cet état. Il a été édité pour la première fois par Martianay en 1693, puis par Vallarsi, en 1740 (dans Pal. lat., t. xxix, col. 61-114), puis par Sabatier en 1743. P. de Lagarde l'a réédité, Mittheilungen, 1887, t. ii, p. 193-237 ; Caspari a publié une partie d’un manuscrit de Saint-Gall, Christiania, 1893. Voir t. iii, col. 1564.

Livres directement traduits sur le texte original. — Saint Jérôme, qui avait commencé à apprendre l’hébreu avec l’aide d’un rabbin converti durant sa retraite au désert de Chalcis (373-378), Epist. cxxv, ad Rusticum, n. 12, t. xxii, col. 1079, reprit cette étude, lors de son séjour à Bethléhem. Il eut pour maître le juif Bar Anina, qui se faisait payer très cher les leçons qu’il donnait de nuit. Epist. LXXXIV, ad Pammachium et Oceanum, n. 3, col. 745. Rufin eut le mauvais goût de le nommer Barabbas et de dire que saint Jérôme le préférait à Jésus. Apologia ad Hieronymum, 1. II, n. 12, t. xxi, col. 595. Cf. S. Jérôme, Apologia adversus libros Rufini, t. xxiii, col. 407. Pour traduire le livre de Job, Jérôme eut recours à un autre juif de Lydda, très célèbre, mais dont les leçons étaient payées chèrement. Præfatio in Job, t. xxviii, col. 1081. Il éprouva de grandes difficultés à cette étude. Prsefatio in Daniel., t. xxviii, col. 1292 ; Epist. cviii, ad Eustochium et Paulum, n. 26, t. xxii, col. 902. Il y avait perdu son latin, car, depuis plus de quinze ans, écrivait-il en 386 ou 387, il n’avait pas ouvert Cicéron, Virgile et tout autre auteur profane. Comment, in Epist. ad Gal., l. III, prol., t. xxvi, col. 399. Son but en traduisant les Livres saints sur le texte hébreu, était de rendre plus claire pour tous la « vérité hébraïque » et surtout de fournir aux apologistes chrétiens un texte biblique sûr, qui leur servirait dans la polémique avec les Juifs ; ils ne seraient plus ainsi exposés à s’entendre dire : Ce passage n’est pas dans l’hébreu. Præfatio in translat. Isaiæ, t. xxviii, col. 774. Il y fut occupé de 390 à 405, avec une interruption, causée par la maladie, de 396 à 398. Epist. xltx, 4, t. xxii, col. 512. Sur l’ordre dans lequel il traduisit les livres de l’Ancien Testament, voir t. iii, col. 1308. Son Psalterium hebraieum n’est pas entré dans la Vulgate. Ses préfaces et ses lettres témoignent de l’opposition que souleva son projet : on lui reprochait de vouloir supplanter les Septante. Saint Augustin, qui avait fait bon accueil à sa revision du Nouveau Testament, ne comprenait pas son but et lui conseillait de se borner à revoir l’Ancien Testament sur les Septante. Epist. cxii, 20, t. xxii, col. 928.

Saint Jérôme avait pu se procurer le manuscrit hébreu dont on se servait à la synagogue de Bethléhem et il l’avait copié lui-même. Epist. xxxyi, ad Damasum, n. 1, t. xxii, col. 452. Il n’en avait pas d’autres à qui il put le comparer, et il lui était impossible de faire le travail de comparaison qu’il avait exécuté pour le Nouveau Testament. Les critiques modernes ont constaté que le texte dont il disposait ressemblait au texte établi par les massorètes, sans lui être absolument identique. Les différences sont peu nombreuses et ont peu d’importance. L’identité existe jusque dans certaines fautes de copistes, II Par., xxi, 5, 20 ; xxii, 1, 2 ; Is., xxxix, 1 (Mérodach-Baladan) ; IV Reg., xx, 12 (Bérodach-Baladan) ; dans des coupes défectueuses de mots, I Reg., 1, 24 ; Ezech, , xlviii, 11 ; Os., vi, 5 ; xi, 2 ; Zach., xi, 7 ; Ps. xvi, 3 ; lxxi, 3 ; lxxv, 2 ; lxxvi, 7 ; cvi, 7 ; dans l’omission des mêmes mots, III Reg., vin, 16 ; Jos., ii, 1 ; I Reg., xiv, 24-26 ; xxix, 10, etc. ; dans des doubles leçons, gloses ou altérations diverses. II Reg., VI, 3, 4 ; Jon., i, 8 ; I Reg., iii, 3-5 ; I Par., vi, 13 ; II Reg., iii, 3. La conformité avec l’hébreu et l’opposition avec les Septante existent non seulement par la suppression des longues additions de la version grecque dans les livres des Rois, dans Jérémie et dans les Proverbes, mais encore en beaucoup de détails : par exemple, pour les nombres, I Reg., ix, 22 ; xi, 8 (deux fois) ; xiii, 5 ; xxiii, 13 ; xxvii, 2 ; xxx, 9 ; II Reg., xv, 7 ; III Reg., ix, 28 ; x, 16 (deux fois), 26 ; xii, 21 ; pour des lettres confondues. Driver, Notes on the hebrew text of the books of Samuel, Oxford, 1890, p. lxvi-lxvii, a cité vingt exemples tirés des Psaumes où les Septante ont lu ו lorsque le texte massorétique a י. Or, dix-sept fois, saint Jérôme est d’accord avec les massorètes. Voir encore Zach., v, 6. De même, ו et ז ont été confondus. Num., xxvi, 32, 36, 40, 57. Selon Wellhausen, Einleitung in das A. T., de Bleek, 6e édit., Berlin, 1893, P- 557, saint Jérôme différerait des massorétes surtout dans la lecture des matres lectionis. Cependant, même sur ce point, il est parfois d’accord avec eux au sujet de l’écriture pleine. Ainsi Gen., xxiii, 16 : Ephron, Ephran, Qusest.in Gen., t. xxiii, col. 973. Cf. W.Nowack, Die Bedeutung des Hieronymus für die alttestamentliche Textkritik, Gœttingue, 1875 ; H. P. Smith, The value of the Vulgate Old Testament for textual criticism, dans Presbyterian and reformed Review, avril 1891.

Saint Jérôme mettait parfois un soin particulier à lire son manuscrit. Ainsi pour le livre des Paralipomènes, dont les noms propres sont si défectueux dans les manuscrits grecs et latins, il en a collationné le texte d’un bout à l’autre avec un docteur de la loi de Tibériade, très renommé. Præfatio ad Domninum et Rogatianum, t. xxix, col. 401-402. D’autres fois, il était plus pressé et c’est ainsi qu’il traduisit en un jour le livre de Tobie. Præfatio in librum Tobiæ, t. xxix, col. 26. Il visita aussi toute la Palestine avec des juifs très instruits, afin d’être à même de traduire plus exactement les passages bibliques, qui ont trait à la géographie de cette contrée. Præfatio in libr. Paralipom., t. xxix, col. 401. Du reste, il se faisait aider par ses maîtres hébreux pour la traduction des passages difficiles. Il recourait enfin, quand il le jugeait nécessaire, aux versions grecques faites par les Juifs Aquila, Symmaque et Théodotion, qu’il connaissait par les Hexaples d’Origène. Comment. in Eccle., prol., t. xxiii, col. 1011-1012 ; Epist. xxxii, ad Marcellam, t. xxii, col. 446.

C’est à ces anciennes versions juives ou à la tradition des rabbins qui furent ses maîtres qu’il a emprunté certaines interprétations singulières ou même erronées, qui s’écartent du texte hébraïque. Ainsi il doit à Symmaque la fausse traduction d’Eccle., vi, 5. Voici un certain nombre d’exemples, pris dans la Genèse seulement, où il a suivi la tradition rabbinique : a principio, ii, 8 ; usque ad convallem illustrem, xii, 6 ; in terram visionis, xxii, 2 ; abundantiam, xxvi, 33 ; verno tempore, xxxV. 6 ; vemum tempus, xlviii, 7 ; quo nato, parere ultra cessavit, xxxviii, 5 ; in bivio, xxxviii, 14. Cependant, il rejette certaines traditions rabbiniques, qu’il cite dans son Liber quæstionum hebraicarum in Genesim. Ainsi il traduit Ur Chaldæorum, Gen., xi, 28„