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VOILE — YOIX

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II Par., iii, 14. Cf. Josèphe, Anl. jud., VIII, iii, 3. Dans le second Temple, un premier rideau fermait l’entrée extérieure du Saint. C’était un tapis de Babylone, dans la confection duquel entraient les quatre couleurs liturgiques. Cf. Josèphe, Bell, jud., V, v, 4 ; Middoth, rv, 7. Un autre voile fermait le Saint des saints, bien que ce lieu ne contînt plus l’Arche d’alliance. Antiochus Epiphane s’empara de ce voile. I Mach., i, 22. D’après le Talmud, ce voile était double et composé en réalité de deux voiles distincts, espacés l’un de l’autre d’une coudée. Au jour de l’Expiation, le grand-prêtre pénétrait entre les deux par le côté sud et entrait par le côté nord dans le Saint des saints. Cf. Reland, Anliquitates sacres, Utrecht, 1741, p. 63. « — Au moment de la mort de Notre-Seigneur, le voile du Temple, xocraTO-Ta 7|ia toO vaoû, vélum templi, se déchira par le milieu, depuis le haut jusqu’en bas. Matth., xxvii, 51 ; Marc, xv, 38 ; Luc, xxiii, 45. Mais de quel voile s’agit-il ? On pense communément que le voile qui se déchira fut celui du Saint des saints, celui qui est appelé « le second voile » dans l’Épître aux Hébreux, ix, 3, et to é(i(ûT « Tov xaTocTtsra<7[ia, « le voile intérieur », dans Philon, De gigant., 12, édit. Mangey, t. i, p. 270. Cf. Knabenbauer, Ev. sec. Matth., Paris, 1893, t. ii, p. 536." Cependant, les textes évangéliques disent simplement io xataitSTa(7|Jia toO vaov, expression qui semble se rapporter plus naturellement au voile qui fermait le Temple proprement dit ou naos, c’est-à-dire le Saint. Ce voile était le seul visible du parvis des prêtres et du parvis d’Israël, tandis que celui du Saint des saints ne pouvait être vu que des quelques prêtres qui pénétraient dans le Saint pour le service du culte ; or les Évangélistes font certainement allusion à une manifestation extérieure et facilement constatable de la puissance de Dieu. Aussi saint Jérôme dit-il formellement qu’il s’agit du voile extérieur, de celui qu’on voyait du dehors. Epist. cxx, 8, 2, t. xxii, col. 992. C’est aussi l’avis de saint Thomas, Summ. theol., Ia H 58, q. cil, a. 4, ad4 um ; etc. La signification symbolique de cet événement est importante, de quelque voile qu’il soit question. Le Christ rédempteur est entré, par la vertu de son sang, dans le véritable Saint des saints et nous en a ouvert l’entrée, rendant ainsi le voile inutile. Hebr., ix, 9. On peut dire aussi que, par l’établissement de la religion nouvelle, il a abrogé le culte ancien, spécialement les cérémonies qui se pratiquaient dans le Saint, supprimant pour tous l’interdiction de contempler des rites qui cessaient d’être sacrés. C’est à quoi fait probablement allusion l’Épitre aux Hébreux, x, 19-21 : « Nous avons par le sang de Jésus libre accès dans le sanctuaire, ta àyi’a, par la voie nouvelle et vivante qu’il a inaugurée pour nous à travers le voile, xaxaité-TacTjia, velamen, c’est-à-dire à travers sa chair. » D’ailleurs, le second voile ne fermait qu’un emplacement vide, tandis que le premier empêchait de voir des objets permanents et des cérémonies quotidiennes ; c’est donc celui-ci, semble-t-il, qui perdait le plus sa raison d’être à la mort de Jésus-Christ. Cf. Lagrange, Évang. sel. S. Marc, Paris, 1911, p. 408. — Saint Jérôme, Epist. cxx, 8, 2, t. xxii, col. 992 ; In Matth., iv, 27, t. xxvi, col. 213, rapporte, d’après l’Evangile selon les Hébreux, qu’à la mort du Christ le linteau du Temple, dont les dimensions étaient considérables, se brisa et tomba. Il est possible que cette rupture et cette chute aient été l’effet du tremblement de terre et aient naturellement entraîné la déchirure du rideau du haut en bas. Bien qu’accompli avec l’intervention de causes secondes, le miracle n’en eût pas été moins significatif.

H. Lesêtre.

VOIX (hébreu : qôl ; Septante : çmviq), son émis par le larynx des êtres animés. — Dans la Sainte Écriture, une voix est attribuée non seulement aux hommes et

aux animaux, mais anthropomorphiquement à Dieu, et métaphoriquement aux êtres inanimés.

1° Voix de Dieu. — La voix de Dieu, appelée aussi voix du ciel, s’est fait entendre à Adam, Gen., iii, 8, à Abraham, Gen., xxvi, 5, à Moise. Act., vii, 31. Elle » retenti au baptême de Notre-Seigneur, Matth., iii, 17 ; . Marc, i. Il ; Luc, iii, 22, à sa transfiguration, Matth., xvii, 5 ; Marc, ix, 6 ; Luc, ix, 35 ; II Pet., i, 17, et unefois dans le Temple. Joa., zii, 28. —Mais ordinairement, , la voix de Dieu désigne ses ordres, auxquels il ne faut pas faire la sourde oreille. Exod., IV, 1 ; Deut., iv, 30 ; v, 23 ; viii, 20 ; I Reg., xv, 2 ; Ps. xcv (xciv), 8 ; Hebr., m, 7 ; etc.

2° Voix’de l’homme. — La voix de l’homme a un timbre particulier à chacun, qui permet de le reconnaître. Ainsi en fut-il pour Jacob, Gen., xxvii, 22, pour le lévite de Michas, Jud., xviii, 3, pour David, I Reg. r xxvi, 17, pour l’Époux, Cant., v, 2, pour saint Pierre, . Act., XII, 14 ; etc. — L’homme fait entendre sa vois, dans la prière, Jos., x, 14 ; III Reg., xviii, 27 ; . Ps. xxviii (xxvii), 2 ; etc. ; dans le chant, Exod., xxxii, 18, xxxvi, 6 ; Ezech., xxxiii, 32 ; dansla joie, Ps. xlii (xu), 5 ; cxviii (cxvii), 15 ; Jer., vii, 34 ; xvi, 9, et surtout dans la douleur qui, en Orient, est particulièrement démonstrative et bruyante* Gen., xlv, 2 ; Jud., ii, 4 ; xxi, 2 ; Ruth, i, 9 ; 1 Reg., xi, 4 ; xxiv, 17 ; xxx, 4 ; II Reg., ii, 32 ; xiii, 36 ; xv, 23 ; xix, 4 ; Ps. vi, 9 ;

I Esd., iii, 12 ; Judith, xiv, 14 ; Jer., iii, 21 ; ix, 19 ; Dan., vi, 20 ; etc. — Il y a la voix de la femme qui accouche, Jer., iv, 31 ; la voix du nouveau-né, Sap., vu, 3 ; la voix des sentinelles, Is., lii, 8 ; la voix des exacteurs, Job, iii, 18 ; Is., xvi, 9, 10 ; la voix du ventriloque, Is., xxix, 4, 6 ; la voix des multitudes. I Reg. r iv, 6 ; III Reg., i, 41 ; Dan., x, 6 ; I Mach., vi, 41 ; Luc., . xxiii, 23 ; Act., xiv, 10 ; xxii, 22 ; etc. — On n’entendra pas au dehors la voix du Messie, Is., xlii, 2 ; Matth., xii, 19, ce qui sera la marque de son humilité et de sa simplicité. Mais on a entendu la voix qui criait dans le désert, Is., xl, 3 ; Matth., iii, 3 ; Marc, i, 3 ; Luc, iii, 4 ; Joa., i, 23 ; la voix des prophètes, Act., xiii, 27 ; la voix du Fils de Dieu appelant Lazare du tombeau, Joa., xr r 43, mourant sur la croix, Matth., xxvii, 46, 50 ; Marc, xv, 34, 37 ; Luc, xxiii, 46, apparaissant à Saul sur lechemin de Damas. Act., ix, 4. Les morts l’entendront au moment du dernier jugement. Joa., v, 25. — Une voix est attribuée aux anges, I Thés., iv, 15 ; Apoc, v,

2, 11, 12, et les démons se font entendre par l’organe des possédés. Act., viii, 7 ; etc. — Quelquefois, la voix est mentionnée pour la langue que l’on parle. Eccle., v, 2 ; II Mach., xv, 29, 37 ; I Cor., xiv, 10 ; Gal., iv, 20 ;

II Pet., ii, 16 ; etc. Les flatteurs s’écrient, après la harangue d’Hérode Agrippa : « C’est la voix d’un dieu, non d’un homme. » Act., xii, 22.

3° Voix des animaux. — Il y a la voix des quadrupèdes domestiques, IReg », xv, 14 ; Tob., ii, 21 ; Sap., xvii, 18 ; Jer., viii, 16 ; ix, 10, la voix des lions, Job, iv, 10 ; Jer., ii, 15 ; Ezech., xix, 7 ; Am., iii, 4 ; Zach., xi,

3, et la voix des oiseaux. Eccle., x, 20 ; xii, 4 ; Cant., ii, 12 ; Soph., ii, 14 ; Nah., ii, 8 ; Marc, xiv, 30.

4° Voix des choses inanimées. — Les auteurs sacrés donnent le nom de voix au bruit que font certains agents naturels. Ils mentionnent ainsi la voix du vent, Joa., iii, 8 ; Act., ii, 6 ; la voix du tonnerre, Job, xxxvii,

4, 5 ; Ps. xxix (xxviii), 3-9 ; lxxvii (lxxvi), 19 ; Apoc, vi, l ; x, 3, qui est aussi appelée la voix de Dieu, Ps. xxix (xxviii), 3-9 ; la voix delà mer, Jer., vi, 23 ; L, 42 ; Hab., iii, 10 ; la voix des grandes eaux, Ezech., i, 24 ; xliii, 2 ; Apoc, i, 15 ; xiv, 2 ; la voix de la pluie, III Reg., xvik, 41 ; la voix des ailes qui battent, Ezech., i, 24 ; iii, 13 ; la voix des épines qui brûlent, Eccle., vii, 6 ; la voix d’une feuille agitée. Lev., xxvi, 36. — D’autres bruits artificiels prennent aussi le nom de voix. On prête ainsi une Voix à la meule, Jer., xxv, 10 ; au marteau, Eccli., xxxviii,