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VŒU — VOIE


tarthé. Jer., xiiv, 25. Plus corrects sont les vœux que des matelots phéniciens font à Jéhovah, après avoir jeté Jonas à la mer. Jon., i, 16. Les idoles sont indifférentes aux vœux que l’on fait en leur honneur. Bar., vi, 34. — La casuistique rabbinique s'était exercée sur les vœux pour tirer des conclusions vraiment abusives. Voir Corban, t. ii, col. 958. Par la formule : « Qônam (corban) ! si tu tires quelque utilité de moi, » Nedarim, viii, 7, ils s’interdisaient de faire quoi que ce fût pour quelqu’un, même pour un père ou une mère, sous prétexte de tout consacrer à Dieu. Cette consécration n'était d’ailleurs qu’hypothétique ; elle n’engageait nullement. Josèphe, Cont. Apion., 1, 22, cite Théophraste disant que les lois tyriennes prohibaient les serments étrangers, entre autres le corban. L’expérience avait sans doute appris aux Tyriens qu’on ne pouvait pas se fier à cette forme de serment juif. Voir Temple, col. 2068. De même, par la formule : « Qônam ! si ma femme tire de moi quelque plaisir, » on s’obligeait à répudier sa femme. On pouvait même s’interdire par vœu d’accomplir un acte prescrit par la Loi, comme la construction des huttes pour la fête des Tabernacles, le port des thephillin, etc. Nedarim, ii, 2. Hors les cas de légèreté de la part de celui qui avait fait le vœu, d’erreur ou de contrainte, le vœu obligeait. Nedarim, m ; ix, 1. En cas de nécessité, on en était quitte pour faire accomplir par un autre la chose qu’on s'était interdite. Nedarim, v, 6. C’est contre ces abus que Notre-Seigneur protesta, en déclarant que la loi de Dieu devait avoir le pas sur les traditions humaines. Marc, vii, 11-13. Cf. Lagrange, Évangile selon S. Marc, Paris, 1911, p 176. H. Lesêtre

VOIE (hébreu : dérék, 'orah, mesillâh, Sebîl ; Septante : éSd ; , Tpî60ç), route, chemin, sentier pour aller d’un endroit à un autre. Voir Routes, col. 1229. Ces mots sont pris par les auteurs sacrés, non seulement dans leur sens propre, mais encore dans plusieurs sens métaphoriques importants.

1° La voie matérielle. — Il y en a de différentes sortes : la voie publique et entretenue avec un certain soin, mesillâh, ôôô ; , semita, Jud., XX, 31, 32 ; I Reg., vi, 12 ; Is, xl, 3 ; la voie droite, Ps. cvii (cvi), 7 ; Prov., xii, 15 ; xxi, 2 ; Eccli., xlix, 11 ; la belle route, Prov., m, 17 ; la voie aplanie, Eccli., xxi, 11 ; Is., xl, 4 ; Luc, m, 5 ; la voie déserte, Eccli., xlix, 8 ; Lam., i, 4 ; Soph., ni, 6 ; la voie difficile, Eccli., xxxii, 25 ; Ps. xvii (xvi), 4 ; la voie non tracée, Ps. cvn (cvi), 40 ; la voie spacieuse, et la voie étroite, miS'ôl, aïXal, angustia, Num., xxii, 24 ; Matth., vii, 13 ; la voie tortueuse, ma'âqasSïm, <rxoXtâ, prava, Is., xlii, 16 ; la voie ténébreuse et glissante, Ps. xxxv (xxxiv), 6 ; Prov., ii, 13 ; iv, 19 ; Jer., xxiii, 12 ; la voie boueuse et souillée, Ps. x, 5 ; Eccli., ix, 10 ; Zach., x, 5 ; la voie semée d’obstacles. Is., lvii, 14 ; Jer., l, 26 ; Lam., iii, 9. — La tête de route, r’oS dérék, ou mère de route, 'êm dérék, Ezech., xxi, 26, est le carrefour d’où partent une ou plusieurs routes. Prov., viii, 2 ; Is., ii, 20 ; Ezech., xvi, 25, 31 ; Nah., iii, 10 ; Matth, xxii, 9 : 81e£ô801 t&v 68&v, exitus viarum, le point de départ ou d’arrivée des routes. Il importait alors de montrer le chemin, yâlêr, Prov., xii, 26, aux passants qui l’ignoraient. — Chaque année, à partir du 15 adar, c’est-à-dire un mois avant la Pàque, on mettait en état les voies de communication, à l’usage des pèlerins qui se rendaient à Jérusalem. Cf. Reland, Antiquilates sacrx, Utrecht, 1741, p. 228. — On réparait également les routes quand un roi devait y passer. Is., xl, 3 ; Matth., iii, 3, etc. Cet usage subsiste encore en Orient.

2° La vie humaine. — Vivre, c’est être sur la voie, in via. Matth., v, 25. On s’en va ainsi par le « chemin de toute la terre », par celui qui mène tous les hommes à la mort. Jos., xxiii, 14. Malgré toute son industrie,

l’homme est incapable d’allonger ce chemin d’une coudée. Matth., vi, 27. Sur ce chemin, les patriarches se considéraient comme des voyageurs. Hebr., xi, 13. Cf. Job, iii, 22 ; viii, 19 ; Am., ii, 7.

3° La condition de chacun. — Rachel suit la voie des femmes, c’est-à-dire subit ce qui leur est ordinaire. Gen., xxxi, 35. Les voies de l’impie sont souvent prospères. Ps. x (xi), 4. Il faut remettre à Dieu sa voie, c’est-à-dire son sort. Ps. xxxvii (xxxvi), 5. La * voie de l’Egypte » est le sort que Dieu a jadis infligé à ce pays. Is., x, 24. Cf. Job, iii, 23 ; xxiv, 4 ; Agg., i, 5.

4° La conduite de l’homme. — Il y a la voie des bons, Prov., ii, 20, qui est celle de la sagesse et de la justice, Prov., ix, 6 ; xvi, 31, et la voie des méchants, Ps. I, 1 ; Prov., iv, 14 ; xii, 15 ; Is., lv, 7, qui est la voie du mal. Ps. cxxxix (cxxxviii), 24. Les « fruits de la voie » sont les conséquences de la conduite. Prov„, i, 31. « Garder sa voie », c’est veiller sur sa conduite,

III Reg., ii, 4 ; viii, 25 : Ps. xxxix (xxxviii), 2. Marcher dans la voie ou dans les voies de quelqu’un, c’est imiter ses exemples. III Reg., xv, 26, 34 ; xvi, 2, 19 ; xxii, 23 ;

IV Reg., viii, 18, 27 ; xvi, 3 ; II Par., xi, 17 ; Eccli., xl viii, 25 ; etc. Toutes les voies de l’homme sont familières à Dieu. Ps. cxxxix (cxxxviii), 3. Il a laissé les nations suivre leurs voies. Act., xiv, 15.

5° Les entreprises particulières. — David était habile dans toutes ses voies. I Reg., xviii, 14. La femme forte veillait sur la voie, c’est-à-dire sur la marche, hâlikâh, Starptëri, semitse, de sa maison. Prov., xxxi, 27.

6° La conduite de Dieu. — La voie de Dieu est parfaite, Ps. xviii (xvii), 31, droite, Ezech., xviii, 25, et juste. Deut., xxxii, 4 ; Job, xxi, 31 ; xxxvi, 23 ; Ps.cxlv (cxliv), 17 ; Ose., xiv, 10 ; Apoc, xv, 3. Les voies de Dieu ne sont pas celles des hommes. Is., lv, 8,

7° L'œuvre de Dieu. — Dieu a créé la sagesse au commencement de ses voies, c’est-à-dire de son action créatrice. Prov., viii, 22. Les voies de Dieu sont ses œuvres. Job, xxvi, 14 ; xl, 19.

8° La volonté de Dieu. — La voie de Dieu est la conduite vertueuse qu’il prescrit aux hommes. Gen., xviii, 19 ; Ps. v, 9 ; xxv (xxiv), 4 ; xxvii (xxvi), 11 ; Jer., v, 4 ; etc. On demande à Dieu qu’il fasse connaître et aide à suivre cette voie. Ps. xxv (xxiv), 9 ; lxxxvi (lxxxv), 11 ; Is., ii, 3 ; Mich., iv, 2. Suivre les voies de Dieu, c’est mener une vie conforme à la volonté divine. Deut., viii, 6 ; x, 12 ; xi, 22 ; xix, 9 ; xxvi, 17 ; xxviii, 9 ; xxx, 16 ; Jos., xxii, 5 ; III Reg., iii, 14 ; viii, 58 ; xi, 33 ; Ps. lxxxi (lxxx), 14 ; Is., xxii, 24 ; Zach., iii, 7 ; etc. Les pharisiens reconnaissent que Jésus-Christ enseigne vraiment la « voie de Dieu ». Matth., xxii, 16 ; Marc, xii, 14 ; Luc, xx, 21. Cf. Act., xiii, 10.. Marcher dans deux voies, Eccli., ii, 14 (12), Vulgate, iii, 28, c’est tantôt suivre et tantôt transgresser la volonté divine.

9° La religion. — Le Psalmiste demande à Dieu de voir s’il n’est pas dans la voie des idoles, dérék 'oséb, 686 ; àvo ; ua< ; , via iniquitatis, et de le mener dans la voie d’autrefois, celle des ancêtres, dérék 'ôlâm, ôôé ; aiwvsa, via seterna'. Ps. cxxxix (cxxxviii), 24. Ces sentiers d’autrefois sont la « voie du salut ». Jer., vi, 16 ; xviii, 15. La « voie de Bersabée » est le culte idolâtrique rendu au veau d’orde Bersabée. Am., viii, 14.— Dans la loi nouvelle, Jésus-Christ est lui même la voie, Joa., xiv, 6, qu’il faut suivre pour aller au Père. L’idée d’un chemin à suivre se retrouve dans les appels du Sauveur à embrasser son genre de vie. Matth., ix, 9 ; x, 38 ; xvi, 24 ; Marc, ii, 14 ; viii, 34 ; Luc, ix, 23 ; xviii, 22 ; Joa., I, 43 ; etc. À le suivre, on ne marche pas dans les ténèbres. Joa., viii, 12. Celui qui ne suit pas le Sauveur et ses disciples n’appartient pas à sa religion. Marc, ix, 37 ; Luc, IX, 49. Les Apôtres désignent par le nom de « voie » la religion nouvelle. Act., ix, 2 ; xviii, 26 ; xix, 9, 23 ; xxii, 4 ; xxiv, 22. Saint Pierre l’appelle ô5ôç tt, c