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PHENIGIE


statues votives, et une seule chambre du trésor de Curium plus de trois eents^ objets consacrés, en argentou argentés. Di Gesnola, Cyprus, p. 146, 325, 306-334.

VI. Histoire. — i. caractère de leur gouvernement. — Les villes phéniciennes étaient autonomes, lors-~ qu’elles apparaissent dans l’histoire, et sous le gouvernement d’un roi ; pendant la période de la prépondérance égyptienne, de 1600 à 1350 environ, aucune d’elles ne paraît avoir prédominé sur les autres. Elles tenaient surtout à la liberté de leur commerce ; le reste semble leur avoir importé peu ; elles n’ont jamais eu le goût des conquêtes ; elles se soumettaient même sans trop de difficulté aux rois d’Egypte et d’Assyrie plus forts qu’elles et leur payaient tribut, quand ils faisaient campagne contre leur territoire. Une inscription égyptienne antérieure à Moïse est à ce sujet très significative.

Sur le tombeau de Rekhmara qui fut préfet de Thèbes sous Thothmès III (XVIIIe dynastie), on voit le défunt recevant au nom du Pharaon les hommages des nations tributaires. Parmi elles sont représentés les Phéniciens (fig. 56). « Viennent, dit l’inscription, et sont les bienvenus les princes de Phénicie et des îles qui sont au

und Europa, p. 208-212, nie que les Fenh = Fenkhu des textes hiéroglyphiques soient lesPhéniciens mais, quoi qu’il en soit de ce nom, les guerres des Pharaons contre le pays sont historiques.

m. suprémat[e de siBON. — Ce qu’ils faisaient à l’égard des Égyptiens, auxquels ils payaient tribut dans l’intérêt de leur commerce, les Phéniciens le firent à l’égard de presque tous leurs vainqueurs, à toutes les périodes de leur histoire. Après avoir été à peu près égales entre elles, les cités phéniciennes acquirent cependant plus ou moins d’importance. Aradus (Arvad) et surtout Sidon exercèrent d’abord une certaine suprématie. Du temps d’Homère, tous les marchands de Phénicie n’étaient connus que comme Sidoniens. Itiad., xxhi, 743-748 ; mi, 290-295 ; Odys., iv, 613-619 ; xv, 460. Avec le déclin de la puissance égyptienne, après Ramsès II, du temps de Moïse, Sidon se fit connaître comme « Sidon la grande ». Jos., xi, 8 ; xix, 28. Son territoire s’étendit jusqu’à Laïs (Dan). Jud., xviii, 7-8. Ce fut sans doute la crainte qu’inspirait son pouvoir qui empêcha les Hébreux, lors de la conquête de la Terre Promise, de s’emparer de villes qui n’auraient

56. — Phéniciens apportant leur tribut en Egypte. Tombeau de Rekhmara. Mémoires de la mission du Caire, t. v, fasc. i, pi. v.

milieu de la Grande Verte (la mer), à l’état de courbés et d’inclinés pour les volontés de sa majesté le roi du midi et du nord, Ramenkheper, vivificateur éternellement. Ses victoires sur tous les pays [ont porté] chez eux le dégoût [de combattre ( ?)]. Leurs apports sur leur dos, ils présentent l’hommage [pour que leur soient donnés] les souffles de vie, comme désireux de subsister par l’émanation de sa majesté… » Ph. Virey, Le tombeau de Rekhmara, dans les Mémoires de la mission du Caire, t. v, fasc. 1, p. 38. Les Égyptiens avaient de bonne heure envahi la Phénicie.

u. la phénicie sous les ÉGYPTIENS. — La plus ancienne inscription égyptienne qui mentionne la Phénicie la nomme Dahé ou Zahi. W. Max Mûller, Asien und Europa, p. 176-182. D’après ses calculs, entre 1587 et 1562 avant notre ère, Aahmés atteignit son territoire. Il nomme des Fenkhu qui travaillaient dans des carrières. Thothmès I er, vers 1541-1516, envahit toute la Syrie jusqu’à l’Eupbrate. Thothmès III, vers 1503-1449, mentionne la 23e année de son règne une victoire sur les Fenkhu et les autres habitants de la Syrie ; la 29e année, il fait une campagne contre les Rutennu, Tunep, Arvad et Zahi et s’empare d’un riche butin ; sa 30e année, il prend Cédés, Simyra et Arvad ; sa 34e année, il fait payer tribut au pays de Zahi, de Rutennou et d’Asi (Cypre). Aménophis III, vers 1414-1379, tient sous sa domination la Phénicie et la Syrie tout entière. Les lettres de Tell el-Amarna nomment les gouverneurs de Tyr, de Béryte, de Simyra, de Gebal, d’Accho, de Sidon, etc., qui représentaient le Pharaon dans ces villes à cette époque. Voir Keilinschrifiliche Bibliothek, t. v, 1896, p. 131, 133, 151, 267, 271, etc. Ramsès II envahit à son tour le pays et une inscription de lui se voit encore près du Nahr-el-Kelb (le Lycus). — M. W. M. Mûller, Asien

pu leur résister par leurs propres forces, Accho, Achazib, Aphec, Jud., i, 31 ; cf. Eccli., XLVi, 21, et qui avaient été attribuées à Aser, lors du partage de la Terre Sainte. Cf. Jos., xix, 26.

Les cités du voisinage de Sidon, Sarepta, Heldun, peut-être Béryte (Beyrouth), Ecdippe et Accho acceptèrent sa suzeraineté. Elle se distingua particulièrement pendant cette période par ses progrès dans les arts, dans la guerre et dans la navigation. Les premiers navigateurs grecs les rencontrèrent dans toutes les parties de la Méditerranée où ils s’aventuraient, et l’on savait qu’ils fréquentaient de plus des régions inconnues à l’Héllade. Une guerre qu’ils eurent à soutenir contre les Philistins, qui s’étaient établis au sud de leur pays sur les rives de la Méditerranée, leur mérita une grande réputation d’audace, mais elle fut pour eux un échec fatal à leur puissance. Les Philistins, conduits par le chef des Ascalonites, assiégèrent Sidon par terre, la bloqués rent et voulurent la forcer à se rendre, mais ses habitants se sauvèrent par mer et se réfugièrent à Tyr, Justin, Hist.P/uHpp., xviii, 3. Avant cette défaite, à l’époque des Juges et antérieurement à la judicature de Jephté, les Sidoniens avaient opprimé les Israélites, Jud., x, 12, mais nous n’avons aucun détail à ce sujet.

iv. suprématie de tyr. — L’hégémonie passa alors à Tyr. C’était vers 1250 avant notre ère. Voir J. Kenrick, Phœnicia, p. 343. Elle dura jusqu’en 877. Du temps de Josué, Tyr est appelée « une ville forte », Jos., XIX, 29 et elle ne le cédait probablement alors qu’à Sidon en importance. L’arrivée dans ses murs des Sidoniens vaincus lui assura la suprématie. Dans le Voyage d’un Égyptien, trad. Chabas, 1866, p. 169, vers 1350, elle est mentionnée comme un port « plus riche en poissons qu’en sable ». Vers 1130, la colonisation de Gadés