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VIGNE DE SODOME — VIN


C’est une image créée par l’auteur pour caractériser Israël infidèle. Il ressemble aux habitants de Sodome -et de Gomorrhe, comme s’il était de leur race au lieu de descendre des patriarches. La corruption morale -d’Israël est souvent comparée dans l’Ecriture aux péchés de Sodome et de Gomorrhe. La vigne et ses fruits sont ici des termes figurés représentant le peuple et ses actes : il est dégénéré et ne produit plus rien que de mauvais et d’empoisonné. C’est ainsi qu’au verset suivant on compare ses actions à un vin qui serait un venin d’aspic. La mer Morte aux eaux très amères est censée communiquer son amertume à tous les produits qui .poussent sur ses bords et spécialement à ceux des villes maudites de Sodome et de Gomorrhe.

E. Levesque. VIGNERON (hébreu : korêm), celui qui cultive la vigne. — La culture de la vigne tenait une grande place dans la vie agricole des Israélites. Mais elle était relative>ment facile. Cf.Schwalm, La vie privée du peuple juif, Paris, 1910, p. 12-14. Le roi Ozias avait des vignerons qui travaillaient pour lui sur les coteaux des montagnes. II Par., xxvi, 10. Isaïe, Lxi, 5, prédit qu'à la restauration les étrangers seront les vignerons d’Israël. Les temps de sécheresse persistante faisaient la désolation des vignerons. Joël., i, 11. Après la déportation chaldéenne, Nabuzardan choisit dans le menu peuple des laboureurs et des vignerons pour demeurer en Palestine et empêcher le sol de devenir improductif. IV Reg., xxv, 12 ; Jer., lii, 16. — Notre-Seigneur met en scène des vignerons dans deux de ses paraboles. Dans la première, il s’agit d’une vigne voisine de la ville. Le propriétaire loue sur la place publique des vignerons qui y vont travailler, moyennant un denier de salaire pour la journée. Matth., xx, 1-15. Dans l’autre parabole, il est question d’une exploitation éloignée et considérable, comme devaient être celles du roi Ozias. Le maître l’a louée à des vignerons qui, pour leur salaire, ont une part de la récolte, tandis que l’autre -doit lui revenir. C’est pourquoi, à plusieurs reprises, il envoie des serviteurs vers les vignerons pour recevoir ce qui lui revient. Mais ceux-ci brutalisent et tuent les envoyés, méritant ainsi d'être mis à mort à leur tour, « près quoi le maître affermera la vigne à d’autres vignerons. Matth., xxi, 33-39 ; Marc, xii, 1-8 ; Luc., xx,

"9-15.

H. Lesêtre.
    1. VILLA##

VILLA (grec : àyp<5ç), domaine rural. — La Vulgate emploie souvent le mot villa pour désigner le Ijtâsêr, xup.ii, le village ou hameau situé dans la campagne et -sans entourage de murs. Exod., vni, 13 ; Lev., XXV, 31 ; Num., xxxiv, 4, 9 ; Jos., xv, 32-62 ; xix, 6-38 ; Cant., vu, 11 ; Esth., ix, 19 ; II Esd., xi, 30 ; xii, 28. Dans l'Évangile, les villages ou hameaux, xwnai, dans lesquels passe Notre-Seigneur, n’excluent pas le bien de campagne, le domaine, àfpàç, villa, habité par un certain nombre de personnes, mais constituant la propriété d’un particulier. Marc, vi, 36, 56 ; Luc, viii, 34 ; ix, 12. À l'époque évangélique, en effet, les domaines ruraux n'étaient pas rares en Palestine. Si le maître n’y résidait pas, comme le père du prodigue, Luc, xv, 25, des fermiers et des serviteurs les faisaient valoir, sous la surveillance d’un intendant, quand le domaine avait de l’importance. Cf. Schwalm, La vie privée du peuple juif, Paris, 1910, p. 485-511. L’un des invités de la parabole vient de faire l’acquisition d’une villa, à distance de la ville. Il lui faut aller la visiter et il s’excuse de ne pas répondre à l’invitation au festin qui lui est faite. Matth., xxii, 5 ; Luc, xiv, 18. La villa comprenait certainement, avec des champs et des vignes, des bâtiments d’exploitation et d’habitation. Celui auquel se loua le fils prodigue possédait une villa dans laquelle on faisait de l'élevage, particulièrement celui des pourceaux. Luc, xv, 15. Simon le Cyrénéen


revenait d’un domaine rural, quand on l’arrêta à la porte de la ville pour aider le Sauveur à porter sa croix. Marc, xv, 21 ; Luc, xxui, 26. Les deux disciples se rendaient à une villa voisine d’Emmaûs, quand le Sauveur ressuscité se joignit à eux. Marc, xvi, 12. Saint Luc, xxiv, 28, suppose que le lieu où ils s’arrêtèrent ensemble se rencontrait avant qu’on arrivât dans la bourgade. Gethsémani est appelé en grec xwpi’ov, c’està-dire « emplacement, champ, domaine ou jardin », et parla Vulgate villa. Matth., xxvi, 36. Il est vraisemblable qu’il n’y avait pas de domaine rural à une si grande proximité delà ville, mais que Gethsémani était un jardin, peut-être muni encore du nécessaire pour le pressurage de l’huile. Saint Jean, xviii, 1, appelle ce

lieu un « jardin ».

H. Lesêtre.
    1. VILLALPANDO Jean-Baptiste##

VILLALPANDO Jean-Baptiste, jésuite espagnol, né à Cordoue en 1552 ou 1555, mort à Rome le 22 mai 1608. Il fut l'élève du P. Prado, son collaborateur et son continuateur : In Ezeehielem explanaliones et apparatus Urbis ac Templi Hierosolymitani, 3 in-f°, Rome, 1596-1604. Il mourut avant d’avoir achevé le travail. Voir Prado, col. 593. Cf. Ch. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. viii, 1898, col. 768.

VIN, liquide extrait du raisin par pression. Voir Pressoir, col. 613.

1° Ses noms. — La Palestine était un pays vignoble, et le vin y avait une grande importance au double point de vue alimentaire et commercial. Aussi un assez grand nombre de mots sont-ils employés pour désigner le précieux liquide. 1. Yaîn, mot probablement primitif, qui se retrouve dans l’assyrien înu, l'éthiopien vâyn, le grec oTvoc, le latin vinum, etc. — 2. flémér, chaldéen : hâmar, de l}âmar, « bouillir, fermenter », oivo ; , merum. — 3. Bobè', le vin de bonne qualité, oïvo ; , vinum. — 4. Sémér, le très bon vin débarrassé de sa lie, olvo ; , vindemia defxcata. Is., xxv, 6. — 5. TiroS, le vin non fermenté ou vin doux. Voir MOUT, t. iv, col. 1330. — 6. 'Âsîs, le premier viii, le vin doux, Y>.uxac[jiô ; , dulcedo ; olvoç véoç, mustum. — 7. Mézég, mésék, mimsdk, le vin mélangé, x£pa<j|/.a, mixtum. — Métaphoriquement, le vin est aussi appelé dam 'ânâbim, at|x « (rtacpuX^ç, sanguis uvx, « le sang de la grappe ». Gen., xlix, 11 ; Deut., xxxii, 14 ; Eccli., xxxix, 26.

2° Son origine. — Le vin est considéré comme un don de Dieu. Isaac souhaite à Jacob que Dieu lui donne l’abondance du froment et du vin. Gen., xxvii, 28. La Palestine est un pays de froment et de viii, Deut., xxxin, 28, et Juda, en particulier, « lave son vêtement dans le viii, » Gen., xlix, II. Dieu donne à son peuple « le sang de la grappe, le vin généreux. » Deut., xxxii, 14 ; cf. xi, 14. Pour le juste, la cuve déborde de vin nouveau. Prov., iii, 10. Mais il n’y aura pas de vin pour Israël infidèle, Deut., xxviii, 39, 51, et le vin de ses ennemis sera comme le venin des serpents. Deut., xxxii, 33.

3° Son traitement. — Noé s'était sans doute contenté de boire le jus qu’il venait d’exprimer des raisins, comme le fait supposer son inexpérience des effets du vin. Gen., ix, 21. Plus tard, on recueillit le vin au sortir du pressoir et on le conserva dans différents récipients, cruches de terre, I Reg., x, 3 ; xvi, 20 ; Jer., xiii, 12, et outres faites de peau. Jos., ix, 13 ; I Reg., xxv, 18 ; II Reg., xvi, 1 ; Judith, x, 5. Voir Outre, t.iv, col. 1936. On gardait ces récipients dans des celliers, voir Cellier, t. ii, col. 396, et dans des magasins, pour l’usage du Temple, I Par., ix, 29, ou des agglomérations. II Par., xi, 11 ; xxxii, 28. Le vin fermente et dépose au fond des récipients la lie, composée de matières diverses qui, à la longue, peuvent nuire à la qualité du vin. C’est pourquoi l’on transvasait le vin d’un récipient dans un

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