Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1241

Cette page n’a pas encore été corrigée
2423
2424
VIGNE


est toujours faible et formée d’un bois mou, bon seulement pour le feu. Les feuilles distiques, larges et palminervées, présentent cinq à sept divisions de profondeur très variable, presque lancinées dans le type sauvage. Chez ce dernier les fruits petits et acerbes deviennent beaucoup plus gros par la culture et se gorgent d’une pulpe sucrée. Ils renferment les graines ou pépins, formés par un petit embryon dans un albumen corné et protégé lui-même par un testa osseux. À l’état naturel, ces baies sont saupoudrées sur leur pellicule par les germes du ferment alcoolique ou Saccharomyces dont les cellules dormantes repassant à l’état de vie active dans la cuve où l’on écrase la vendange ont pour rôle de transformer le moût en vin.

La vigne paraît spontanée dans la partie orientale de la région méditerranéenne : ailleurs, elle est seulement sortie des cultures et disséminée par les oiseaux. Du

549. — Vitis vinifera.

Teste, introduite dès la plus haute antiquité sous tous les climats où les étés sont assez chauds pour produire habituellement la maturité des raisins, elle a par suite donné naissance à d’innombrables variétés distinguées surtout par la saveur et la coloration des fruits.

F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Noms. — La vigne se nomme ordinairement géfén (assyrien : gupnu ; arabe : iafri). Le mot èorêq (arabe : surik) est employé pour désigner une vigne de choix, Is., v, 2 ; Jer., ii, 21, ou bien il sert dans le parallélisme de synonyme à géfén ; Gen., xlix, 11 ; Is., xvi, 8. Dans Lev., xxv, 5, 11, nàzir exprime une vigne non émondée, par allusion au nâzîr (Vulgate : nazarœus ; Num., vi, 18), dont la chevelure ne devait pas être coupée. Dans certains cas, géfén désigne spécialement le cep ou tronc de la vigne, Gen., xlix, ii, en rapport avec les sàrxgim, Gen., xl, 10-12 ; Joel, l, 7, les branches ou sarments, ou bien avec les Seluhôt, « r provins ». Is., xli, 8. Cf. Joa., xv, 1-5.

— Les’askelôt sont les grappes, Is., lxv, 8 ; Mich., vii, 1 ; Cant., vii, 9. Comme ii, peut y avoir des’askelôt, « grappes », de henné ou cypre, Cant., i, 14, on trouve souvent l’expression plus précise’aHkelôf’ânâbim, « grappes de raisins », Num., iii, 23, ou’askelôt géfén, « grappes de vigne », Cant., vii, 9, ou celle-ci équivalente, « les grappes, ’askelôt, ont mûri leurs raisins. » Gen., xl, 10. Cependant le mot peut s’employer seul :

le contexte plus ou moins éloigné suffit à préciser le sens. —’Éndb (assyrien : enbu ; arabe : inab), le grain de raisin, est employé d’ordinaire au pluriel, ’ânâbim. Le bôsér est la grappe encore verie, non mûre. Job, XV, 33 ; Jer., xxxi, 29-30 ; Ezech., xviii, 2. Dans le grain de raisin, ’ëndb, on distingue zdg, la peau, et harsannîm, les pépins. Num., vi, 4. Le raisin sec se dit simmvq. I Reg., xxv, 18. Semddar est la fleur de la vigne, oivtt16>), Cant., ii, 13, 15 ; vii, 13. La traduction de la Vulgate dans ce dernier passage semble plutôt avoir vu dans ce mot la première formation du fruit, le raisin encore vert. — Une certaine quantité de pieds de vigne forme le kéréni (cf. assyrien : karanu), le vignoble. Le kéréni est originairement le lieu où l’on plante la vigne, mais comme souvent on y mêlait des figuiers, ce mot s’est entendu par dérivation d’un lieu planté de figuiers ou d’oliviers, d’un verger. Dans Jud., xv, 5, la. Vulgate a séparé les deux mots et rendu par vineta et oliveta, le kérem zait, plantation d’oliviers. Kérem se prend aussi pour la vigne elle-même : Aussi un kôrêm est un vigneron. Joël, i, 1 ; Is., lxi, 5.

— Avec le mot kérém se sont formés des noms de lieu, par exemple : ’Abël-Kerâmim, le pré des vignes, que la Vulgate rend par Abel quse est vineis consita. Jud., XI, 33, — Le jus qui est sorti du ënâb ou grain de raisin, et qui n’est pas encore fermenté est le’dsîs, Joël, i, 5 ; iv, 18, oufiroS, Deut., xxxii, 28 ; IV Reg., xviii, 32, Is., xxxvi, 17 ; lv, 31, s vin doux, moût ». Le liquide exprimé qui a fermenté forme le vin proprement dit, yain, ou poétiquement hémér.

2° Pays vignobles. — La vigne croît spontanément dans l’Asie occidentale tempérée. En Arménie, dans la région au sud du Caucase et de la mer Caspienne, et dans celle de l’Oxus, la vigne pousse des rameaux vigoureux qui s’attachent aux arbres des forêts jusqu’aux sommets les plus élevés et donne des fruits excellents sans qu’il soit nécessaire de la tailler et de la cultiver. « Dans la Margiane (portion de la Bactriane), dit Strabon, 1. II, c. i, 14, le pays abonde en vignes, et on y trouve des ceps si gros qu’il faut deux hommes pour les embrasser, ainsi que des grappes de raisins de deux coudées de longueur. » Il est intéressant de constater, que la région de l’Ararat où la Bible place Noé au sortir de l’Arche, et où il cultive la vigne, Gen., ix, 20, est regardée comme l’endroit où se touchent les trois rameaux principaux de la race caucasienne, représentés par Sem, Cham et Japhet, et comme la patrie primitive de la vigne. Ad. Pictet, Les origines indo-européennes, Paris, 2e édit., t. i, p. 299.

Dès la plus haute antiquité on trouve la vigne en Assyrie. Voir fig.552, col. 2429. Elle est représentée sur d’anciens monuments, soit sous sa forme naturelle, soit sous une forme hiératique. E. Bonavia, The flora of the Assyrian monuments, in-8°, Londres, 1894, p. 11, fig. 6 ; p. 49, fig. 21 ; p. 52, fig. 23 ; p. 61, fig. 27. Sur les bas-reliefs de l’époque des Sargonides se voient souvent des vignes, soit isolées, comme la vigne de Koyoundjik grimpant sur un pin, Rawlinson, The ftve great monarchies of the ancient eastern world, Londres, in-8°, 4e édit., 1879, t. i, p. 353, soit disposées en berceau de verdure, comme celle à l’ombre de laquelle repose Assurbanipal couché (fig. 550). Rawlinson, t. i, p. 473 ; Perrot et Chipiez, Hisl. de l’art, t. ii, p. 107, 652. Assurbanipal parle de plantations de vigne faites sur les bords du canal de Kalakh. À Delattre, Les travaux hydrauliques en Babylonie, dans la Revue des quest. scientif., 1888, t. xxiv, p. 481. Sennachérib, dans V Inscription de Bavian, H. Pognon, Paris, 1879, in-8°, p. 9, rappelle les vignes qu’il a plantées aux environs de Ninive. — La vigne était aussi cultivée en Perse, et c’est avec abondance qu’on servait à la table royale les vins des meil-