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PHENICIE


cependant, quoique matériel surtout. Quand ils inven^ tèrent l’écriture alphabétique et la communiquèrent aux Grecs, ils devinrent les bienfaiteurs de l’humanité et ils supplantèrent peu à peu toutes les écritures imparfaites imaginées jusque-là. "Voir Alphabet, 1. 1, col. 402. Ils ne nous ont guère laissé d’ailleurs que quelques inscriptions, la plupart religieuses, et point de littérature, absorbés qu’ils étaient par leurs opérations mercantiles. L’existence de Sanchoniaton est révoquée en doute, Philon de Byblos et les autres écrivains anciens qu’a produits la Phénicie ne sont pas antérieurs au commencement de notre ère.

V. Religion. — La religion des Phéniciens eut une

54. — Prêtre carthaginois. Musée Lavigerie à Carthage.

grande influence sur les Israélites, à toutes les époques de leur histoire et particulièrement à l’époque d’Achab, où la reine Jézabel, Phénicienne d’origine, et fille d’Ithobal, grand-prêtre d’Astarthé (Ménandre d’Éphèse, fragm. 1, dans les Hist. grssc. fragm., édit. Didot, t. iv, p. 446), voulut la faire dominer par la force dans le royaume des dix tribus. Le voisinage et la prospérité de la Phénicie ne pouvaient manquer d’exercer une fâcheuse influence sur les Israélites, déjà enclins par eux-mêmes à l’idolâtrie. Aussi adorèrent-ils les dieux de Tyr et de Sidon et pratiquèrent-ils les rites de leur religion. Jud., x, 6. A la tête du panthéon phénicien étaient le dieu Baal et sa compagne, la déesse Astarthé ou Astoreth. Voir Baal, t. î, col. 1315, et Astarthé, col. 1180. Chaque ville eut son Baal ; de là les Baalim, Jud., ii, 11 ; iii, 7 ;

x, 6, etc., Baal-samin ou des cieux, Baal des mouches, voir Béelzébub, t. i, col. 1547, etc. Les autres principales divinités phéniciennes furent El, Melkarth (fig. 52), Dagon, t. ii, col. 1204 ; Hadad, t. iii, col. 391. Adonis, voir Thammuz, Sydik, Eschmûn, les Cabires. Onca, Tanith, Tanata ou Anaïtis, Baalith, Baaltis ou Beltis. On honorait ces divinités par des sacrifices et par des hymnes, des processions et des offrandes votives. On élevait des temples et des autels en leur honneur (fig. 53). Des prêtres (fig. 54) et des prêtresses (fig. 55) étaient attachés à leur service. Leur culte était déshonoré par des sacrifices humains, Porphyre, De abstin.,

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55. — Prêtresse carthaginoise. Musée Lavigerie à Carthage.

il, 56 ; Quinte Curce, iv, 15 ; cf., 1er., xix, 4-5 ; Mich., vi, 7 ; IV Eeg., iii, 27 ; xvi, 3 ; xxi, 6, et par des pratiques licencieuses. Ovide, Metam., x, 240 ; Hérodote, I, 199 ; Justin, xviii, 5 ; Eusèbe, Vita Const., iii, 55, 3, t xx, col. 1120 ; Lucien, De Dea Syra, 50-52 ; Corpus inscript, semit., t. i, fasc. 1, p. 92. Les Phéniciens n’avaient qu’une idée vague de l’immortalité de l’àme, mais ils faisaient des provisions pour la vie d’outre-tombe. « Après la pluie le soleil brille de nouveau, » lit-on sur une inscription funéraire. Gesenius, Monum., p. 147. Us étaient très religieux à leur façon et ils faisaient fréquemment des vœux à leurs dieux, comme le prouvent spécialement les nombreuses stèles votives trouvées à Carthage, voir Corpus inscript, semit., part, i, t. i, et les ex-votos trouvés en grande quantité en Chypre, où le temple de Golgi a fourni à ceux qui l’ont fouillé 228