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VIEIL HOMME — VIEILLESSE

VIEIL HOMME, état d’âme de celui qui n’est pas encore régénéré par la grâce. — Saint Paul se sert de cette expression pour caractériser la situation morale de la race d’Adam prévaricateur, par opposition avec celle de Jésus-Christ rédempteur. « Comme, par la désobéissance d’un seul homme, tous, malgré leur nombre, ont été constitués pécheurs, de même aussi par l’obéissance d’un seul, tous, malgré leur nombre, seront constitués justes. » Rom., v, 18, 19. Cf. Prat, Théologie de saint Paul, Paris, 1908, t. i, p. 299. L’héritage du premier, avec la concupiscence et le péché, constitue le vieil homme ; l’héritage du second, avec la vie de la grâce, constitue l’homme nouveau ou intérieur. Saint Paul explique que, par le baptême, le chrétien reçoit une nouvelle vie, après que le vieil homme a été crucifié et que le péché a été ainsi détruit en lui. Rom., VI, 4-6. La vieille vie disparaît alors pour faire place à un esprit nouveau. Rom., vii, 6. Le chrétien doit donc cesser de se conformer au siècle présent, pour se transformer par le renouvellement de l’esprit, Rom., xii, 2, et devenir ainsi l’homme intérieur. Rom., vii, 22. Par son sang, Jésus-Christ a créé l’homme nouveau, Eph., Il, 15, et son Esprit fortifie l’homme intérieur. Eph., m, 16. On ne comprend vraiment le Christ et son œuvre que si l’on renonce à sa vie passée, en se dépouillant du vieil homme, corrompu par des convoitises trompeuses, pour revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables. Eph., iv, 22-24. Le Christ est tout en tous, Grecs ou Juifs, s’ils dépouillent le vieil homme avec ses œuvres, pour revêtir l’homme nouveau, qui se renouvelle sans cesse à l’image de celui qui l’a créé. Col., iii, 9-11. Quiconque est ainsi en Jésus-Christ est une nouvelle créature, pour laquelle les choses anciennes, qui constituaient le vieil homme, sont passées et remplacées par quelque chose de tout nouveau, la vie de Jésus-Christ dans l’âme régénérée. II Cor., v, 17. Il importe donc fort peu d’être circoncis ou incirconcis ; « ce qui est tout, c’est d’être une nouvelle créature. » Gal., vi, 15. De ces différents textes, il résulte que le vieil homme désigne l’héritage d’Adam se perpétuant en chacun par les instincts pervers ou purement naturels et aboutissant au péché, tandis que l’homme nouveau est constitué par la vie divine qui, de Jésus-Christ, passe au chrétien et se traduit en actes surnaturellement bons.

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VIEILLARD (hébreu : zàqên, et celui qui a des cheveux blancs : yâšiš, yâšêš, ṡàb ; chaldéen : ʿaṭṭiq), celui qui est avancé en âge. — 1° Les vieillards n’ont des enfants que par miracle. Gen., xviii, 11 ; IV Reg., iv, 17 ; Luc, 1, 18 ; etc. Ils sont, comme les enfants, à l’une des extrémités de la vie, si bien que par l’expression « des enfants aux vieillards », on comprend tous les hommes. Gen., xix, 4 ; Exod., x, 9 ; Deut., xxxii, 25 ; Jos., VI, 21 ; Esth., iii, 13 ; Ps. cxlix(cxlviii), 12 ; Jer., xxxi, 13 ; Li, 22 ; Lam., ii, 21 ; Jo., ll, 16. C’est une malédiction que dans une famille il n’y ait pas de vieillards. I Reg., Il, 31 32. Isaïe, LV, 20, annonce qu’à l’époque de la restauration spirituelle, il n’y aura plus de vieillard qui n’accomplisse tout son temps. — 2° L’expérience est la couronne des vieillards. Eccli., xxv, 8. Aussi, bien qu’il y ait des vieillards insensés, Eccli., xxv, 4, et qu’un roi trop vieux ne soit pas désirable, Eccle., iv, 13, c’étaient les vieillards ou anciens qui exerçaient l’autorité chez les Hébreux dans toutes les questions qui ne ressortissaient pas au pouvoir royal. Voir Anciens, 1. 1, col. 554.

— 3° La loi ordonnait de respecter et d’honorer le vieillard. Lev., xix, 32. De fait, le chef de famille gardait l’autorité pleine et entière sur tous les siens jusqu’à sa mort. Là où il y a des vieillards, le jeune homme doit être sobre de paroles. Eccli., xxxii, 13 (9). Saint Paul ne veut pas que l’évêque reprenne le vieillard 1 avec rudesse, mais qu’il l’avertisse comme un père, I Tim., v, 1. Il doit recommander aux vieillards d’être sobres, graves, circonspects, saints dans la foi, la charité et la patience. Tit., ii, 2. Les jeunes gens doivent être soumis aux anciens. I Pet., v, 5. — 4° Les vieillards du temps de Zorobabel pleuraient en se rappelant les magnificences de l’ancien Temple. I Esd., iii, 12. — Parmi les vieillards indignes de leur âge, la Sainte Écriture signale les deux accusateurs de Suzanne, Dan., xiii, 5-50, et ceux de la femme adultère. Joa., viii, 9.

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VIEILLESSE (hébreu : zoqên, ziqnâh, ṡêb ; Septante : γῆρας, γῆρoς, πρεσϐεῖον), état de celui qui compte de nombreuses années de vie. Voir Longévité, t. iv, col. 355.

Ses caractères. — La vieillesse entraîne d’ordinaire avec elle un affaiblissement général des organes, des forces, de la santé et quelquefois des facultés. On remarque que, malgré son âge, Moïse avait gardé sa vue et ses forces. Deut., xxxiv, 7, Mais, par suite de la vieillesse, Isaac et le prophète Ahias devinrent aveugles, Gen., xxvii, 12 ; III Reg., xiv, 4, David ne pouvait plus se réchauffer, III Reg., i, 1, et le roi Asa fut podagre. III Reg., xv, 23. Le grand-prêtre Héli n’avait plus l’énergie nécessaire pour corriger ses fils, I Reg., . II, 22-26, et les Israélites, en voyant se prolonger la vieillesse de Samuel, demandèrent un roi. I Reg., viii, 1. Tobie et sa femme, devenus vieux, appellent leur fils leur « bâton de vieillesse ». Tob., v, 23 ; x, 4. La femme n’enfante plus dans la vieillesse. L’enfantement de Sara, Gen., xxi, 2, et d’Elisabeth, Luc, i, 36, sont présentés comme des faveurs divines. Si la vieillesse amène des infirmités, elle-même vient prématurément chez ceux qui ont beaucoup de soucis. Eccli., xxx, 26 (24).

— L’Ecclésiaste, xii, 2-7, a laissé une description symbolique de la vieillesse : « Avant que s’obscurcissent le soleil et la lumière, la lune et les étoiles (symbole de tristesse), et que les nuages reviennent après la pluie (peines sur peines), temps où tremblent les gardiens de la maison (les bras), où se courbent les hommes forts (les jambes), où celles qui moulent s’arrêtent parce que leur nombre est réduit (les dents), où sont obscurcis ceux qui regardent par les fenêtres (les yeux), où les deux battants de la porte se ferment sur la rue (les lèvres), tandis que s’affaiblit le bruit de la meule (la parole devenant difficile), où l’on se lève au chant de l’oiseau (le sommeil court), où disparaissent toutes les filles du chant (les sons que n’entendent plus les oreilles), où l’on redoute les lieux élevés (à cause de la difficulté de monter), où l’on a des terreurs dans le chemin (en prévision des obstacles), où l’amandier fleurit (les cheveux blancs), où la sauterelle devient pesante (les talons s’appesantissent), où la câpre n’a plus d’effet (l’impuissance de rien produire), voir Câpre, t. ii, col. 222 ; car l’homme s’en va vers la demeure éternelle et les pleureurs parcourent les rues ; avant que se rompe le cordon d’argent (le fil de la vie), que se brise l’ampoule d’or (la vie dont le fil est brisé), que le seau se détache sur la fontaine, que la poulie se casse dans la citerne (le corps, que l’âme ne soutient plus, s’abîme dans le tombeau), et que la poussière, retournant à la terre, redevienne ce qu’elle était, pendant que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné. » Cf. Rosenmüller, Koheleth, Leipzig, 1830, p. 226-241.

Ses prérogatives. — La vieillesse a l’expérience et la sagesse, du moins chez le juste. Ps. xxvii (xxvi), 25 ; xcn (xci), 15 ; ’Eccli., xxv, 5 (4). Les cheveux blancs sont une couronne d’honneur. Prov., xvi, 31. Il ne faut donc pas mépriser la vieillesse, Eccli., viii, 7 (6), surtout dans son père, Eccli., iii, 14 (12), et dans sa mère. Prov., xxiii, 22. Toutefois, la vieillesse des impies ne