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VICE — VIE

’belles-à leurs parents, ingrats, impies, sans affection, -sans loyauté, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, insolents, enflés d’orgueil, amis des voluptés plus que de Dieu, ayant les dehors de la piété sans en avoir la réalité. » II Tim., in, 2-5. Avant leur conversion, les chrétiens étaient <( insensés, indociles, égarés, esclaves de toutes sortes -de convoitises et de jouissances, vivant dans la malignité et l’envie, dignes de haine et se haïssant les uns les autres. » Tit., iii, 3. Saint Pierre décrit aussi cette vie d’autrefois, dans « le désordre, les convoitises, -l’ivrognerie, les orgies, les excès de boisson et le culte criminel des idoles. » IPet., iv, 2. Saint Jude, 8-16, -fait un tableau détaillé de la vie que mènent les enne--mis de la doctrine du Christ, vie de honteuses souillures, de blasphèmes, de bonne chère, d’inconstance, d’impiété et d’égoïsme. Enfin saint Jean réserve à la -seconde mort, c’est-à-dire à la mort éternelle, « les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les magiciens, les idolâtres et tous les menteurs. » Apoc, xxi, 8. — Les chrétiens ont à combattre tous ces vices, en crucifiant leur chair avec ses passions et ses convoitises. Gal., v, 24. Cf. Eph., iv, 31 ; v, 4 ; » Col., iii, 8. — On s’est demandé si ces énumérations de vices, particulièrement dans saint Paul, ne laissaient cas supposer une influence des écoles philosophiques grecques et surtout des stoïciens. L’influence est indéniable sur Phijoji, familier avec les longues énumérations de vices qu’il rattache à l’amour du plaisir. Sans doute, comme Philon, De virtut., 182, édit. Mangey, t. ii, p. 406, saint Paul fait de l’oubli de Dieu le principe de tous les vices ; mais ses énumérations n’ont rien de systématique. Les épithètes dont il se sert sont quelquefois assez vagues et toujours sans prétention philosophique. L’Apôtre, comme les autres écrivains « acres, s’inspire bien plutôt de son expérience et du spectacle qu’il a sous les yeux. Il ne nomme pas les vices dans un ordre logique, mais tels qu’ils se présentent à sa pensée ou à ses souvenirs, parfois peut-être suivant leur influence ou leur gravilé dans le milieu où il écrit. Ainsi procèdent l’auteur de la Sagesse, les autres écrivains du Nouveau Testament, la ûidachè, v, 1, le livre d’Hénoch, lxv, 6, 7 ; lxix, 3-14 ; xci, 4-8 ; xcix, 1-15, la Didascalie, 12, etc. Cf. Lagrange, Le catalogue des vices dans Vépître aux Romains, dans la Revue biblique, octobre 1911, p. 534-549. — Sur les vices en particulier, voir Avarice, t, i, col. 1285 ; Colère, t. ii, col. 833 ; Fornication, col. 2314 ; Fourberie, col. 2339 ; Fraude, col. 2398 ; Gourmandise, t. iii, col. 281 ; Haine, col. 400 ; Ignorance, col. 837 ; Impudicité, col. 855 ; Incrédulité, col. 871 ; Ingratitude, col. 877 ; Injustice, col. 878 ; Ivresse, col. 1048 ; Jalousie, col. 1112 ; Luxure, t. iv, col. 436 ; Mensonge, col. 973 ; Mépris, col. 979 ; Moquerie, col. 1258 ; Oisiveté, col. 1774 ; Orgueil, col. 1864 ; Paresse, col. 2162 ; Parjure, col. 2169 ; Prostitution, t. v, col. 765 ; Rapine, col. 987 ; Respect humain, col. 1056 ; Superstition, col. 1882 ; Témérité, col. 2019 ; Vanité, col. 2376 ; Vengeance,

col. 2390 ; Vol.

H. Lesêtre.
    1. VICTIME##

VICTIME (hébreu : zébaff, l.iag, mô’éd), être vivant qu’on immole dans un sacrifice. — L’hébreu n’a pas de mot spécial pour désigner la victime proprement dite.’Quand Isaac demande à son père où est la victime de l’holocauste, le mot que la Vulgate rend par victima est séh, 7rpd ?aTov, « agneau ». Gen., xxii, 7. Les victimes que la Sagesse immole pour les servir à ses invités portent le nom de tébafy, Bûjia, animaux tués. Prov., ix, 2. Le zébafy. est le sacrifice, 6Wa, sacrificium, et, par métonymie, la victime elle-même, Is., 1, 11 ; Ps. LI (l), 18, spécialement la victime pacifique, zébafy seldmîm, offerte dans les sacrifices eucharistiques, Lev., iii, 1 ; rv, 10, par opposition à la minffâh, sacrifice non san glant, I Reg., ii, 29 ; Ps. xl (xxxix), 7, et à l’holocauste, ’ôlàh. Voir Holocauste, t. iii, col. 729, et Oblation, t. IV, col. 1725. Le frâg, « jour de fête », est aussi parfois la victime qu’on offre ce jour-là. Même alors les versions traduisent par èoptiri, solemnilas, dies solemnis. Exod., xxiii, 18 ; Ps. cxviii (cxvii), 27 ; Mal., ii, 3. Le mô’êd a le même sens que le fydget est seniblablement traduit. II Par., xxx, 22. — Dans le Nouveau-Testament, la Ouata, victima ou hostia, désigne équivalemment le sacrifice ou la victime. Marc, ix, 48 ; Luc, ii, 24 ; Act., vii, 41 ; Heb., ix, 26 ; x, 5 ; etc. Au désert, on n’a point offert à Dieu de victimes et de sacrifices, <j ?àyta x « 8’j<r£a ; , victimas et hostias. Act., vii, 42. Sur les victimes dans les sacrifices de l’ancienne Loi, voir Sacrifice, t. v, col. 1322. — Les apôtres parlent de victimes spirituelles, offertes à Dieu par la pratique des vertus chrétiennes. Rom., xil, 1 ; Eph., v, 2 ; Phil.,

iv, 18 ; IPet., ii, 5.

H. Lesêtre.
    1. VICTOIRE##

VICTOIRE (hébreu : gebùrâh, « supériorité », yéSâ-’àh, « délivrance », milhdmâh, « succès de guerre » ), succès remporté à main armée contre les ennemis. — La victoire est la conséquence ordinaire de la guerre pour l’un des deux partis combattants. Voir Guerre, t. iii, col. 362. Aussi la Sainte Écriture enregistre-t-elle un grand nombre de victoires remportées tantôt par les Israélites, tantôt par leurs ennemis. La victoire est souvent appelée une délivrance, yesA’àh, I Reg., xiv, 45 ; II Par., xx, 17 ; Hab., iii, 8, quand elle soustrait les Israélites au joug de leurs oppresseurs. Alors Dieu délivre, hôsîya’, c’est-à-dire donne la victoire. Deut., xx, 4 ; Jos., xxii, 4 ; II Reg., viii, 6, 16. La victoire, en effet, ne dépend pas de l’effectif militaire. Ps. ixxxm (xxxii), 16, 17 ;

I Mach., iii, 19. Elle n’appartient pas toujours au plus vaillant. Eccli., îx, 11. Nul n’a droit de dire : « C’est ma main qui m’a secouru. » Jud., vii, 2 ; Job, XL, 9, 14. Dieu seul a la main assez puissante pour assurer la victoire aux autres. Ps. xliv (xliii), 4 ; xcvm (xcvn), 1, et à lui-même. Is., lix, 16 ; lxiii, 5. Voilà pourquoi il est dit que le Seigneur est avec celui auquel il veut assurer la victoire. Exod., iii, 12 ; Deut., xx, 1 ; Jos., i, 5 ; iii, 7 ; Jud., vi, 12 ; etc. — On demande à Dieu de ne pas permettre le triomphe de l’impie. Job, xvii, 4. Le Messie viendra pour faire triompher la justice. Matth., xii, 20. La vertu remporte la victoire et triomphe dans l’éternité. Sap., iv, 2. La victoire de la mort a été anéantie en droit par la résurrection du Sauveur. I Cor., xv, 54-57. Jésus-Christ a triomphé de toutes les puissances adverses par sa croix. Col., ii, 15. Dieu nous fait triompher nous-mêmes par le Christ,

II Cor., ii, 14, et, grâce à lui, notre foi est victorieuse du monde. I Joa, v, 4. — D’après la Vulgate, Prov., XXI, 28, « l’homme obéissant racontera sa victoire. » Le sens est différent dans l’hébreu : « L’homme qui écoute parlera toujours, » parce qu’il méritera toujours d’être écouté. Septante : « L’homme obéissant et réservé parlera. » L’erreur de la Vulgate, partagée par Aquila, Symmaque et Théodotion, provient de ce qu’elle fait dériver lânésab, , « pour toujours », du radical

chaldéen nesah, « vaincre ».

H. Lesêtre.

VIE (hébreu : hayim, fiayydh ; chaldéen : hay), état d’un être doué d’une activité propre et en mesure de l’exercer. La vie appartient aux végétaux, aux animaux, aux hommes et aux êtres purement spirituels ; elle se manifeste chez ces différents êtres par des phénomènes particuliers. Les auteurs sacrés envisagent la vie à divers points de vue, en Dieu d’abord, et ensuite dans l’homme,

I. En Dieu. — Dieu est vie par excellence. De toute éternité, la vie est en lui et en son Verbe. Joa., i, 4. La Sainte Écriture appelle souvent Dieu « le Dieu vivant ». par opposition avec les faux dieux qui ne sont que néant ou des êtres créés, comme les démons. Num., xiv,