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VEUVE — VICE


comptent plus pour l’Église. I Tim., v, 3-8. Certaines veuves étaient inscrites sur le rôle de l’Eglise pour être assistées et aussi pour remplir certaines fonctions. Les conditions suivantes étaient requises pour l’admission de ces veuves : avoir soixante ans au moins, n’avoir eu qu’un seul mari, jouir d’une bonne réputation au double point de vue de l’éducation de ses enfants et de la pratique des bonnes œuvres. I Tim., v, 9, 10. Ces conditions montrent qu’il s’agissaitde faire de ces veuves autre chose que de simples assistées. Avec elles commençait déjà le ministère des diaconesses ou veuves, qui se maintint quelques siècles dans l’Église pour l’exercice de la charité et l’administration du baptême. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1903, p. 342. SaintPaul veut que les jeunes veuves se remarient, et que les autres, si elles ont de la famille, soient à la charge de leurs parents et non à celle de l’Église.

I Tim., v, 11-16.

H. Lesêtre.

VIANDES. Voir Nourriture, t. iv, col. 1700 ; Animaux impurs, t. i, col. 613.

VICE (hébreu : mûm ; Septante : |ji(5(j.o{, irat^ixa ; Vulgate : macula, vitium), défectuosité d’ordre physique ou d’ordre moral.

1° Vice physique. — Certaines difformités corporelles rendaient le lévite inapte au sacerdoce. Lev., XXI, 1721. Voir Prêtre, col. 645. Absalom, II Reg., xiv, 25, et l’Épouse. Cant., iv, 7, sont signalés comme exempts de tout défaut corporel. — L’absence de tout défaut est également exigée dans les victimes destinées aux sacrifices. Lev., xxii, 20, 21, 25 ; Deut., xvii, 1. Voir Sacrifice, col. 1322. L’animal de caractère vicieux devait être mis à mort. Exod., xxi, 29, 36.

2° Vice moral. — Les Hébreux, devenant race perverse et vicieuse, ne sont plus les enfants de Dieu. Deut., xxxii, 5. Pour être sans vice, il faut diriger son cœur vers Dieu et écarter de sa vie l’iniquité et l’injustice. Job, XI, 15. Dans sa confession, Job, xxxi, 1-40, énumère les vices dont il a eu soin de se préserver : regards impudiques, mensonge et fraude, adultère, injustice envers les serviteurs, dureté impitoyable pour les pauvres, violence contre l’orphelin, avarice et cupidité, culte des astres, haine des ennemis, inhospitalité, hypocrisie, vol du bien d’autrui. Le Psaume xv (xiv), 2-5, signale les pratiques de vertu contraires aux vices les plus répandus. Les prophètes font de fréquentes énumérations des vices de leurs contemporains. Isaïe, i, 21-23, dénonce les meurtres, les vols, la cupidité, l’oppression de la veuve et de l’orphelin, l’orgueil et le luxe des femmes, Is., iii, 16-23, l’incurie, la débauche et l’idolâtrie des mauvais pasteurs, Is., lvi, 9-lvii, 5, le formalisme et la négligence dans le culte de Dieu, Is., lviii, 3-14. Jérémie, v, 1-13, stigmatise les vices qui régnent dans Jérusalem, injustice, impiété, parjure, adultère et ceux des faux prophètes, Jer., xxiii, 10-15. Ézéchiel, xxiii, 2-21, parle des vices qui souillent Samarie et Jérusalem et du châtiment qui leur est réservé. Osée, iv, 1, 2, 4, décrit ce qu’il constate dans le pays : ni fidélité, ni charité, ni connaissance de Dieu, on se parjure, on ment, on vole, on tue, on commet l’adultère, on fait violence, le sang versé s’ajoute au sang versé, « mon peuple périt, faute de connaissance. » Amos, v, 11, 12, se plaint que le juste est détesté et opprimé et que les jugements sont rendus au préjudice des pauvres. Michée, ii, 1, 2, menace les grands à cause de leurs rapines et de leurs violences contre le peuple, et les faux prophètes à cause de leurs mensonges intéressés. Mich., * iii, 1-5. Il fait la peinture des vices qui désolent la société et la famille. Mich., vii, 1-6. Habacuc, l, 1-4 ; ii, 5-15, trace un tableau non moins lamentable. Tous les prophètes s’accordent d’ailleurs à chercher dans l’abandon de

Dieu et dans la pratique de l’idolâtrie la cause qui encourage et développe tous les vices. — Les Livres sapientiaux, " principalement les Proverbes et l’Ecclésiastique, signalent par le détail un grand nombre de vices. L’auteur de la Sagesse, après avoir rendu l’idolâtrie responsable de la propagation du vice, Sap., xiv, 12, 27, fait un résumé des formes qu’il revêt parmi les impies : ignorance de Dieu, immolation des enfants, mystères clandestins, débauches dans des rites étranges, homicide et adultère, vol et tromperie, corruption et infidélité, révolte et parjure, persécution, ingratitude, souillure, crimes contre nature, rupture des mariages, impudicité, joies folles, oracles mensongers, nulle crainte du châtiment et idées perverses sur Dieu. C’est tout le procès de l’idolâtrie. — Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur énumère les vices qui viennent du cœur, d’après Matth., xv, 19 : les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses, et d’après Marc, viii, 21 : les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les homicides, les vols, l’avarice, les méchancetés, la fraude, le libertinage, l’œil malin, la calomnie, l’orgueil, la folie.

Dans sa prière orgueilleuse au Temple, le pharisien accuse tous les autres hommes de vol, d’injustice et d’adultère ; il lui reste au moins l’orgueil. Luc., xviii, 11. — Saint Paul signale les vices qui caractérisent la vie païenne et dont doit s abstenir la vie chrétienne. Il déclare bannis du royaume de Dieu les impudiques, les idolâtres, les adultères, les efféminés, les infâmes, les voleurs, les avares, les ivrognes, les calomniateurs et les rapaces. I Cor., vi, 9-10. Il appelle œuvres de la chair l’impureté, le libertinage, l’idolâtrie, les maléfices, les inimitiés, les contentions, les jalousies, les emportements, les disputes, les dissensions, les sectes, l’envie, les meurtres, l’ivrognerie, les excès de table et autres choses semblables. Gal., v, 19-21. Parlant de la charité, l’Apôtre en trace le portrait en indiquant ses qualités et en notant les défauts qu’elle doit éviter ; elle n’est pas envieuse ni inconsidérée, elle ne s’enfle pas d’orgueil, ne fait rien d’inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas compte du mal, ne prend pas plaisir à l’injustice. I Cor., xiii, 4-6. Aux Romains, il décrit la vie des païens en signalant leurs vices coutumiers, qui tous ont leur source dans la méconnaissance de Dieu : « Comme ils ne se sont pas souciés de bien connaître Dieu, Dieu les a abandonnés à leurs sens pervers pour faire ce qui ne convient pas, étant remplis de toute espèce d’iniquité, malice, fornication, cupidité, méchanceté, coupables d’envie, de pensées homicides, de querelles, de fraude, de malveillance, semeurs de faux bruits, calomniateurs, odieux à Dieu, arrogants, hautains, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents, sans intelligence, sans loyauté, sans affection, sans pitié. » Rom., i, 2831. À son disciple Timothée, saint Paul rappelle que la loi n’est pas faite pour le juste, mais « pour les méchants et les rebelles, les impies et les pécheurs, les irréligieux et les profanes, ceux qui maltraitent leur père et leur mère, les meurtriers, les impudiques, les infâmes, les voleurs d’hommes, les menteurs, les parjures et quiconque commet tout autre crime contraire à la saine doctrine. » I Tim., i, 9, 10. Des vices moins graves sont à reprocher au faux docteur : « c C’est un orgueilleux, un ignorant, un esprit malade qui s’occupe de questions et de disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les propos injurieux, les mauvais soupçons, les discussions sans fin d’hommes qui ont l’esprit perverti et qui, privés de la vérité, ne voient dans la piété qu’un moyen de lucre. » I Tim., vi, 4, 5. L’apôtre prévoit ce que deviendront un jour les hommes opposés à la loi de l’Évangile. Ils seront « égoïstes, cupides, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, re-