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VÊTEMENT — VEUVE


notre chef. » La misère sera si grande, que le fait d’avoir un manteau mettra hors de pair. — À Joppé, Tabitha confectionnait des tuniques et des vêtements pour les veuves. Act., ix, 39. — Les Apôtres recommandent aux chrétiens d’éviter la recherche dans les vêtements. ITitn., ii, 9 ; I Pet., iii, 3. Notre-Seigneur avait conseillé à ses Apôtres, en les envoyant en mission, de n’avoir pas deux tuniques. Marc, vi, 9.

VI. Métaphores. — Les Israélites infidèles tissaient des toiles d’araignée qui ne pouvaient leur servir de vêtement, Is., lix, 6, c’est-à-dire formaient de vains projets qui n’aboutissaient à rien. — Certains biens ou certains maux qui s’attachent à l’homme sont comparés à des vêtements. C’est ainsi qu’on est revêtu de justice, Job, xxix, 14 ; Ps. cxxxii (cxxxi), 9, de salut, Ps. cxxxii (cxxxij, 16 ; Is., lxi, 10, de gloire, Eccli., vi, 32 ; xlv, 9 ; Is., Lit, 1, de force, Is., lii, 1 ; Luc, xxiv, 49, d’immortalité, I Cor., xv, 54, de malédiction, Ps. cix (cvin), 18, de honte. Ps. xxxv (xxxiv), 26 ; cix (cvm), 29 ; cxxxii (cxxxr), 18 ; I Mach., i, 29. Dieu lui-même se revêt de vengeance contre ses ennemis. Is., Lix, 17. — Il est recommandé au chrétien de revêtir le nouvel homme, Eph., iv, 24 ; Col., iii, 10, qui est Jésus-Christ lui-même. Rom., xiii, 14 ; Gal., iii, 27. — Saint Paul appelle le corps le vêtement de l’âme. II Cor., v, 3, 4. — Cf. Jahn, Archeeol. bibl., dans le Curs. compl. Scripturse Sacrée, de Migne, Paris, 1857, t. ir, col. 902-906 ; Iken, Anlxquit. hebraic, p. 541-548.

H. Lesêtre.
    1. VEUVAGE##

VEUVAGE (hébreu : ’almânïïf ; Septante : yr, pz(a, y w ï)peu(rc ;  ; Vulgate : viduilas), condition de la femme qui a perdu son mari. Chez les Hébreux, le veuvage comportait des vêtements particuliers, qui marquaient la désolation de la veuve. Gen., xxxviii, 14, 19 ; Judith, x, 2 ; xvi, 9. Anne, la prophétesse, sanctifiait son veuvage par la prière et le jeûne. Luc, ii, 37. Après la révolte d’Absalom, qui avait pris possession des concubines de son père, II Reg., xvi, 22, David condamna ces dernières à vivre dans l’état de veuvage. II Reg., xx, 3. —Au figuré, le veuvage désigne la désolation et la ruine d’une cité. Babylone sera réduite au veuvage. Is., xlvii, 9. Jérusalem sera relevée de la honte du sien. Is., liv, 4.

H. Lesêtre.
    1. VEUVE##

VEUVE (hébreu : ’almdnàh ; Septante : -/r, p « ; Vulgate : vidua), femme qui a perdu son mari.

I. Sa. condition légale. — Au point de vue des biens, la veuve ne possédait que pour transmettre à ses enfants. Voir Héritage, t. iii, col. 610. D’après le code d’Hammourabi, celle qui a des biens propres peut les donner à l’un de ses fils, mais non à l’un de ses frères. Art. 150. Celle qui a reçu de son mari un trousseau et un douaire ne peut les aliéner, mais doit les garder pour les transmettre à ses enfants ; si elle n’a pas reçu de douaire, elle a droit à une part d’enfant. Art. 171. Si elle se remarie, elle est tenue à transmettre aux enfants du premier lit ce qu’elle a emporté de sa première maison. Art. 177. Il en était à peu près de même chez les Hébreux. La femme était toujours la propriété d’un homme : jeune fille, elle appartenait à son père ; épouse, à son mari ; veuve, aux héritiers de son mari. II Reg., iii, 7 ; xvi, 22 ; III Reg., ii, 13-18. Son avoir personnel se bornait à ce qu’elle avait apporté en se mariant, spécialement ses esclaves, Gen., xvi, 2 ; xxx, 4, 9, et à ce que son mari lui donnait. Si elle se remariait, elle n’emportait pas avec elle les biens du mari défunt. Ainsi Abigaïl n’a que cinq esclaves quand elle s’unit à Davjd après la mort de Nabal. I Reg., xxv, 42. Si elle ne se remariait pas, elle pouvait retourner chez son père, Lev., xxii, 13, ou rester avec l’un de ses enfants. II Reg., xiv, 6, 7. Cf. Fr. Buhl, La société israélite d’après l’A. T., trad. de Cintré, Paris, 1904, p. 50. — La veuve recouvrait un droit que la femme mariée n’avait pas : elle pouvait faire valide ment un vœu sans l’agrément de personne. Num. xxx,

10. Un prêtre ne pouvait épouser une veuve, Lev., xxi, 14, sauf celle d’un autre prêtre. Ezech., xliv, 22. Si la veuve rentrait dans la maison de son père, elle pouvait manger les aliments sacrés comme celui-ci, s’il était prêtre. Lev., xxii, 13.

II. Sa situation morale. — 1° Le plus souvent, la veuve se trouvait, à la mort de son mari, dans la situation la plus précaire, surtout s’il lui restait des enfants en bas âge. Aussi la veuve et l’orphelin, auxquels les auteurs sacrés associent habituellement l’étranger, sont-ils des êtres qui se recommandent d’eux-mêmes à la pitié. La loi défend de leur nuire, Exod., xxii, 22, et de prendre en gage le manteau de la veuve. Deut., xxiv, 17. Elle veut qu’on abandonne à ces déshérités le droit de glaner et de grappiller, Deut., xxiv, 19-21, et qu’on les associe aux réjouissances du paiement des dîmes, Deut., xiv, 29 ; xxvi, 12, 13, et des fêtes de la Pentecôte et des Tabernacles. Deut., xvi, 11, 14. Dieu se déclare le protecteur de l’orphelin et de la veuve, Deut., x, 18 ; il veut qu’on maudisse celui qui leur fait tort. Dent., xxvii, 19. Il fait annoncer aux Israélites que, s’ils sont infidèles, leurs femmes deviendront veuves et leurs enfants orphelins. Exod., xxii, 24. —2° La veuve n’avait pas toujours de proche parent pour la défendre. Aussi était-elle à la merci des violents. On la renvoyait les mains vides, on prenait son bœuf en gage et on ne lui laissait rien. Job, xxii, 9 ; xxiv, 3, 21. Les mauvais princes et les mauvais juges la traitaient sans pitié. Ps. xcv (xciv), 6 ; Sap., ii, 10 ; Is., i, 23 ; x, 2 ; Jer., vii, 6 ; Ezech., xxii, 7, 25 ; Mal., iii, 5. Les idoles ne pouvaient naturellement rien pour elle. Bar., vi, 37. A l’époque évangélique, une veuve avait mille peines à se faire rendre justice. Luc, xviii, 3. Les pharisiens et les scribes vivaient aux dépens de celles qui étaient riches. Matth., xxiii, 10 ; Marc, xii, 40 ; Luc, xx, 47. Même chez les premiers chrétiens, certaines veuves croyaient avoir à se plaindre du sort qui leur était fait. Act., vi, 1. — 3° Par contre, l’homme charitable réjouissait le cœur de la veuve, Job, xxix, 13, ne laissait pas languir ses yeux, Job, xxxi, 16, ne maltraitait par la veuve et l’orphelin, Jer., xxii, 3 ; Zach., vii, 10, leur faisait droit, Is., i, 17, et les visitait. Jacob., i, 27. Dieu lui-même est le père des orphelins et le justicier* des veuves. Ps. lxviii (lxvii), 6 ; cxlvi (cxlv), 9 ; Prov., xv, 25 ; Eccli., xxxv, 17, 18 (13, 14) ; Jer., XLix.

11. À l’époque des Machabées, on gardait dans le trésor du Temple le bien des veuves et des orphelins, II Mach., iii, 10, et on leur donnait part au butin. II Mach., viii, 28, 30. — 4° C’est par un effet du châtiment divin que les impies ne sont pas pleures de leurs, veuves, Job, xxvii, 15 ; Ps. lxxviii (lxxvii), 64, que les veuves se multiplient chez un peuple, Ps. cix(cvm), 9 ; Jer., xv, 8 ; xviii, 21, et que Dieu n’a pas compassion d’elles. Is., ix, 16. — 5° Au figuré, les villes coupables se vantent en vain de ne pas devenir veuves. Is., xlvii, 8 ; Apoc, xviii, 7. Jérusalem, la reine des nations, est devenue veuve. Lam., i, l ; v, 3 ; Bar., iv, 12, 16.

III. Veuves en particulier. —1° L’Ancien Testament mentionne quelques veuves célèbres, Thamar, fille de Juda et veuve d’Onan, Gen., xxxviii, 11 ; la veuve de Thécué, II Reg., xiv, 5 ; la veuve de Sarepta, III Reg., xvii, 9 ; Luc, iv, 36 ; Judith, viii, 1. — 2° Dans le Nouveau Testament, sont signalées Anne la prophétesse, Luc, 11, 37 ; la veuve de Naïm, Luc, vii, 12 ; la veuve qui verse son obole, Marc, xii, 42 ; Luc, XXI, 2, 3 ; les veuves dont Tabitha prenait soin. Act., IX, 39, 41. — 3° Saint Paul conseille aux veuves de demeurerdans leur état. I Cor., vii, 8. Il prescrit les règles qui doivent être imposées aux veuves chrétiennes. Que celles qui ont des enfants s’occupent de leur famille, , et que celles qui sont seules persévèrent dans la prière. Quant à celles qui vivent dans les plaisirs, elles ne-