Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/1232

Cette page n’a pas encore été corrigée
2405
2406
VERTU — VERTUS DES CIEUX


    1. VERTU##

VERTU (grec : àpsrïj ; Vulgate : virtus), habitude de faire le bien. Cette habitude, parfois naturelle, est souvent acquise, développée par l’effort persévérant de la volonté, et perfectionnée à l’aide du secours divin. Ps. xvin (xvii), 33. — 1° La notion abstraite de vertu n’existe pas en hébreu. Les hommes vertueux sont appelés « justes », et la vertu s’y présente sous forme de « justice », c’est-à-dire de fidélité à toutes les obligations qu’impose la volonté divine. Voir Justice, t. iii, col. 1875. Les hommes de vertu sont 'anse f>ayîl, ôuvaTr », induslrii, potentes, Gen., xlvii, 6 ; Exod., xviii, 21, 25, et la femme vertueuse 'éséf bayîl, yuvri 8wâu.eo>ç ou àvSpEi’a, mulier virtutis, diligens, fortis. Rutli, iii, 11 ; Prov., xil, 4 ; xxxi, 10. — Les différentes vertus, représentant chacune une forme spéciale du bien, n’en sont pas moins indiquées et recommandées dans la Sainte Écriture. Voir Charité, t. ii, col. 591 ; Chasteté, col. 624 ; Espérance, col. 1965 ; Foi, col. 2296 ; Humilité, t. iii, col. 777 ; Justice, col. 1875 ; Miséricorde, t. iv, col. 1131 ; Obéissance, col. 1720 ; Patience, col. 2180 ; Pénitence, t. v, col. 39 ; Prudence, col. 803 ; Reconnaissance, col. 1006 ; Renoncement, col. 1045 ; Sagesse, col. 1349 ; Simplicité, col. 1746. — L’auteur de la Sagesse, viii, 7, met à part les quatre vertus cardinales, que Platon avait indiquées avant lui : « Quelqu’un aime-t-il la justice ? Ses labeurs sont les vertus : elle enseigne la tempérance, o-cotppo<rijvï]v, sobrieiatam, la prudence, çpovïjoiv, prudentiam, la justice, Scxacouûvïiv, justitiam, et la force, àvSpiav, virtutem. » La justice mise en premier lieu comme génératrice des vertus cardinales est la sedâqâh hébraïque, la justice totale comportant la pratique de tous les devoirs envers Dieu et envers les hommes. — 2° La notion de vertu, âpsrr, , virtus, apparaît plus clairement dans le Nouveau Testament. Les Apôtres ne dissertent pas sur la vertu, mais, en toute occasion, ils en prescrivent la pratique, qui n’est autre chose que la fidélité à la loi évangélique. Voir Loi nouvelle, t. iv, col. 347. Ainsi saint Paul recommande aux chrétiens de Rome la charité sincère, l’amour fraternel, le zèle, la ferveur, l’espérance, la patience, l’assiduité à la prière, l’aumône, l’hospitalité, l’amour des ennemis, l’humilité, la concorde, en un mot, le triomphe sur le mal par la pratique du bien. Rom., xii, 8-21. C’est le résumé de tout ce qui s’impose au chrétien vraiment vertueux. L’Apôtre fait de la charité la première des vertus, supérieure à la foi et à l’espérance. Mais il faut que la charité comporte la pratique de toutes les autres vertus, la patience, la bonté, la discrétion, le désintéressement, la douceur, la justice, le support, etc. ICor., xiii, 4-13. Dans le chrétien, la grâce agit pour aider à la fidélité et au progrès des habitudes vertueuses, et c’est le Saint-Esprit qui produit dans l'âme la charité, la joie, la paix, la patience, la mansuétude, la bonté, la fidélité, la douceur et la tempérance. Gal., v, 22. Aux Éphésiens, iv, 2, 3, saint Paul recommande de faire honneur à leur vocation par leur humilité, leur douceur, leur patience, leur charité fraternelle et leur esprit d’union et de paix. Il dit aux Philippiens : « Que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est de bonne renommée, s’il est quelque vertu et s’il est quelque louange, que ce soit là l’objet de vos pensées. » Phil., iv, 8. Il ne veut pas que la vertu soit superficielle ; elle doit saisir le plus intime de l'âme. « Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, …etsurtout de la charité, qui est le lien de la perfection. » Col., iii, 12-14. À ses disciples, Timothée et Tite, saint Paul indique les vertus qui sont exigées des évêques et des diacres. I Tim., iii, 2-9 ; Tit., i, 8. Lui-même félicite le premier de l’avoir suivi fidèlement dans sa conduite, sa foi, sa longanimité, sa charité et sa constance. II Tim., iii, 10. Saint Pierre exhorte les chré tiens à joindre à leur foi la vertu, le discernement, la tempérance, la patience, la piété, l’amour fraternel et la charité. « Si ces vertus sont en vous et y abondent, ajoute-t-il, elles ne vous laisseront ni oisifs ni stériles pour la connaissance deNotre-Seigneur Jésus-Christ. » II Pet., i, 5-8. Les Épitres de saint Jean parlent surtout de l’amour de Dieu et de la charité fraternelle. — Dans un très grand nombre de textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, la Vulgate emploie le mot virtus dans le sens de « puissance » et non dans celui de « vertu ». Ainsi, dans le Psaume lxxxiv (lxxxiii), 8, il est dit des pèlerins qui montent à Jérusalem : yelkâ meftayil 'él-tiayîl, « ils vont de force en force », en sentant s’accroitre leur vigueur, ly. 8uvâu.ew{ e’tç Sùv » |), iv, de virtute in virtutem, et non « de vertu en vertu ». De même, la « vertu du Très-Haut », Luc, 1, 35, « la vertu qui émanait » de Jésus, Luc, vi, 19, la « vertu du Saint-Esprit », Act., i, 8, est la 811va[/.iç, la force, la puissance divine.

H. Lesêtre.

VERTUS (grec : 8uvâu.ei ;  ; Vulgale : virtutes), nom donné à l’un des chœurs des anges. — On lit dans le cantique de Daniel, iii, 61 : « Puissances du Seigneur, bénissez toutes le Seigneur. » L’expression 7tà<xa r| 8-Jvau.iç, omnes virtutes, ne peut désigner les anges, nommés plus haut, ꝟ. 58. Ces puissances, rangées après lescieux et les eaux supérieures, et avant le soleil et la lune, sont celles de la milice céleste, les étoiles. Plus loin, la 8ûvau.i ; toi oûpavov, " virtutes cseli, désigne le hèl Semayyâ', « l’armée du ciel », les étoiles. Dan., iv, 32. C’est saint Paul qui, le premier, probablement d’après les traditions juives, donne une liste des chœurs des anges, et désigne l’un de ces chœurs par l’appellation de 8uvau.su ; , virtutes, les « vertus », distinctes des « puissances », iijoucjiai, potestates. Il assigne au Christ ressuscité une place supérieure à celle de tous ces chœurs angéliques. Eph., i, 21. Dans une autre énumération, Col., i, 16, il omet les « vertus ». Ailleurs, Rom., viii, 38, il dit qu’aucune créature angélique, ni principautés, ni vertus, ne pourra le séparer de l’amour du Christ Jésus. Il est à remarquer cependant que, dans ce passage, les & vertus » sont absentes du texte grec et ne sont mentionnées que par la^ Vulgate. Saint Pierre dit aussi que, dans le ciel, tous les anges, les principautés et les vertus, sont soumis au Christ. I Pet., iii, 22. La Sainte Écriture ne fournit aucun renseignement sur le rôle particulier de ce chœur des vertus, ni sur la raison du

nom qui lui est attribué.

H. Lesêtre.
    1. VERTUS DES CIEUX##

VERTUS DES CIEUX (Septante : Suvàfiei ; tûv

oùpavâv ; Vulgate : virtutes cœlorum), l’ensemble des étoiles. — L’expression hébraïque koUsebd' has-sâmâîm, « toute la milice des cieux », Vulgate : oninis militia cœlorum, est rendue dans les Septante par aï Suvàîietç tSv oûpavôv, « les puissances des cieux ». Is., xxxiv, 4. Le prophète décrit le jugement de Dieu ; il annonce que l’armée des cieux sera réduite en poussière et que les cieux seront roulés comme un livre. Il s’agit donc ici du firmament, et l’armée qui le peuple est celle des étoiles. Ézéchiel, xxxil, 7, 8, parle de phénomènes analogues précédant le jugement de Dieu. Les Septante traduisent ordinairement par Sûvamc, « puissance », le mot sebâ' désignant la milice du ciel, cf. IV Reg., xvii, 16 ; xxi, 3 ; xxiii, 4 ; Dan., viii, 10, ou encore par crcpa-ui. Jer., viii, 2. Dans sa description des signes avant-coureurs du jugement, Notre-Seigneur reproduit quelques-uns des traits familiers aux prophètes : « Le ciel s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, les puissances des cieux seront ébranlées. » Matth., xxiv, 29 ; Marc, xiii, 24, 25. Le parallélisme qui règne dans ce passage donne à conclure que les puissances ou vertus des cieux ne sont autres que les étoiles. Le tçxte évan-