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VERRE

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24, mentionne des colonnes creuses et transparentes, dans lesquelles on enfermait les morts, et qui étaient faites de verre,-jodoç, tiré des mines du pays et facile à travailler. Il ne s’agit ici que d’une pierre translucide, l’albâtre probablement. Mais les Égyptiens possédaient certainement l’art de produire et de travailler le verre. Les monuments montrent leurs ouvriers occupés à souffler le verre (fig. 547). Le même art était à l’usage

545. — Quatre ampoules antiques en verre. Musée du Louvre.

des Phéniciens. Quand on part de Saint-Jean-d’Acre pour Caïpha, on rencontre bientôt le Nahr el-Na’aman, petit ruisseau large de huit à dix mètres, appelé par les anciens Bélus. C’est là que les Phéniciens auraient trouvé le procédé de la fabrication du verre. Cf. Pline, H. N., xxxvi, 65 ; Strabon, xvi, 758 ; Josèphe, Bell, jud., II, x, 2 ; Tacite, Hist., v, 7. Le ruisseau prend sa source à quelques kilomètres de là, dans des marais que Pline appelle palus cenderia, et qui, en hiver et au printemps, font déborder le cours d’eau. Le sable qui est à l’embouchure aurait été très propre à la fabrication du verre. On trouve des traces des anciennes

546. — Vase de verre portant le nom de Sargon, roi d’Assyrie. D’après Maspero, Histoire, t. iii, p. 218.

verreries phéniciennes à Zaraphtha, la Sarepta d’autrefois, et dans l’ancienne nécropole de Tyr, qui abonde en débris de verre ordinairement colorés en bleu et a conservé d’élégants spécimens de vases (fig. 548). Cf. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 113, 127, 142, 167. Hérodote, ii, 44, vit à Tyr, dans le temple d’Hercule, une colonne d’émeraude qui jetait grand éclat pendant la nuit. On soupçonne que cette colonne était en verre coloré et que des lampes l’éclairaient à l’intérieur. Comme Moïse promet à Zabulon que cette tribu jouira des « richesses cachées dans le sable, » Deut., xxxiii, 19, et que le Bélus se trouve sur son


territoire, quelques commentateurs ont supposé qu&l’allusion portait sur le sable vitrifiable. Cf. Rosen-imuller, In Deuter., Leipzig, 1798, p. 532. Mais il ne>s’agit, dans ce passage, que des richesses communes à tous les bords de mer. Tout en utilisant le verre demanières variées, les Orientaux n’ont pas su s’en servir.pour en faire des vitres ou des miroirs. — Dans unetombe philistine de Gazer, on a trouvé d’élégants petits.

547. — Egyptiens soufflant le verre.

D’après Wilkinson, The manners and custorns of the ancient

Egyptians, t. ii, p. 140.

ustensiles de verre. Cf. H. Vincent, Canaan, Paris, . 1907, p. 234. — Les Israélites ont également connu le verre et l’ont fabriqué de bonne heure, si tant est, . comme le croit Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 327, . que les ateliers d’Hébron remontent jusqu’à l’époque des rois de Juda. Le sable siliceux nécessaire à ces

548. — Verres colorés de Sarepta. D’après Lortet, La Syrie, p. 127.

verreries provient de la contrée, et la soude est apportée par les Arabes des bords de la mer Morte, et des régions sablonneuses et salées qui sont à l’est du Jourdain. On y fabrique du verre soufflé pour lampes, bouteilles, fioles, etc., et des bracelets, des anneaux, des bagues, des perles, etc. « Les fourneaux sont en briques et recouverts par un dôme à réverbère. La flamme, après avoir circulé dans le four, vient passer sur les creusets qui renferment les matières vitreuses en fusion, et sort par des ouvertures pratiquées dans la région moyenne. C’est par ces orifices que les ouvriers, assis ou debout autour des fourneaux, cueillent

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