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PHÉNICIE


Les Phéniciens n’exercèrent pas toujours leur commerce sans violer les lois de la justice. Ils s’étaient souvent rendus odieux par leurs pirateries et par leurs rapines. Ils enlevaient par la ruse et la violence tous ceux qu’ils pouvaient surprendre, hommes, femmes, enfants, pour les vendre comme esclaves. La fraude, « 7tan)}.ia, Odyss., xiv, 883, était pour eux, en même

51. — Bijoux phéniciens sur une statue de femme drapée, trouvée dans les ruines du temple de Gurium en Chypre. Pierre calcaire. Le vêtement forme des plis très marqués. La tête manque. Autour du cou, une petite chaîne à laquelle était suspendu un objet brisé. Au-dessous un collier à gros grains ; plus bas, deux autres grands colliers auxquels sont suspendus des ornements en forme de glands ; enfin, traces d’un quatrième collier qui paraît porter un ornement en forme de tête de taureau. Une longue chaîne, travaillée avec beaucoup d’art, descend du cou jusqu’au-dessous de la main droite ; quatre anneaux sont attachés à l’ornement en forme de lyre que deux têtes d’aspic nouent à la chaîne. Aux bras, un bracelet. — D’après di Cesnola, Atlas, in-f", part. 2, pi. ex, fig. 588.

temps que la vente de leurs marchandises, un moyen de s’enrichir. Hérodote, II, 56 ; v, 58 ; Odyss., xiv, 290 ; xv, 415-484 ; Cicéron, De Rep., iii, 36 ; Thucydide, i, 8. Le mensonge leur était familier pour dissimuler leurs voyages et las sources de leurs profits. Le ^£û<tu ; «  <{>oiv ! xtx6v "était devenu proverbial. Strabon, III, v, 5, Étymologic. Magn., édit. Craisford, Oxford, 8, 48, p. 797. Gf. Hérodote, iii, 107, HO, 111, 115. Un capitaine phénicien, qui allait de Cadix au pays de l’étain (Cassitérides), s’étant aperçu qu’il était suivi par uu navire romain, n’hésita pas à aller briser le sien sur la

côle pour ne pas révéler le pays où il allait s’approvisionner. L’État le dédommagea de sa perte volontaire. Les Phéniciens réussirent ainsi à conserver longtemps l’empire de la mer. On comprend sans doute que ce

52. — Buste supposé de Melkarth. Musée du Louvre.

peuple de marchands ne négligeât rien pour cacher à ceux qui seraient devenus leurs conçu rrents les routes qui leur servaient à faire fortune, mais il eût été désirable pour leur honneur qu’ils n’eussent employé que des moyens honnêtes dans leur trafic. Il faut d’ailleurs reconnaître qu’ils rendirent aussi de véritables services. Malgré leur rapacité et leurs pillages trop fréquents, les marchands phéniciens étaient ordinairement reçus avec bienveillance par les pays qu’ils visitaient et à qui ils vendaient des objets estimés, qu’ils étaient seuls à fournir. Ils méritaient ce bon accueil, parce qu’ils achetaient

53. — Autel phénicien de Hagiar Kim. Malte. D’après Perrot, Histoire de l’art, t. iii, p. 304, fig. 229.

aux indigènes leurs produits, qu’ils les intéressaient et les instruisaient par les récits plus ou moins fabuleux de leurs voyages et leur apportaient un luxe et des éléments de bien-être inconnus. Le premier vaisseau, a-t-on dit, qui partit du port de Sidon pour aller trafiquer à l’étranger, emportait dans ses flancs la civilisation et le progrès. Progrès très relatif, il est vrai, mais progrès