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VERGE — VÉRITÉ
    1. VERGE##

VERGE (hébreu : hotér, mattéh, sébét ; Septante : pâëSoç, paxT>ipea ; Vulgate : virga, verber), bâton léger, assez long et plus ou moins flexible.

1° Au sens propre. — 1. Verges de Jacob. Pour obtenir des agneaux à toison tachetée, Jacob plaçait sous les yeux des brebis des verges ou baguettes dont l'écorce était en partie enlevée. Gen., xxx, 37-42. Voir Brebis, t. i, col. 1917. « Les iniluenees visuelles ne semblent pas sans action sur la variation spontanée ; après la Bible, qui montre Jacob obtenant des brebis d’un noir mélangé de blanc par la vue d’un bâton dans l’eau au moment de l’imprégnation, on cite de nombreux faits qui corroborent l’influence visuelle sur le foetus… Les éleveurs, comme Commyns, recommandent d’isoler les volailles de couleur différente par des cloisons opaques, si l’on veut éviter les mélanges de coloris. » J. de la Perrière, Dieu et science, Paris, 1909, t, i, p. 277. — 2. Verge de Moïse. Pour accréditer la mission de Moïse, Dieu lui communiqua le pouvoir d’accomplir des prodiges au moyen d’une verge qu’il avait à la main. Pour commencer, Dieu changea lui-même la verge en serpent, que Moïse eut à saisir par la queue et qui redevint verge comme auparavant. Exod., iv, 2-4, 17, 20. Moïse, de retour au milieu de son peuple, reproduisit ce prodige sous ses yeux et obtint ainsi sa confiance. Exod., iv, 30. Il se présenta ensuite devant le pharaon avec son frère Aaron, que Dieu lui avait assigné pour auxiliaire, et là il opéra divers prodiges au moyen de la verge miraculeuse : il la changea elle-même en serpent, et elle engloutit les verges des magiciens, Exod., vii, 9-12 ; il l'étendit sur les eaux de l’Egypte qui se changèrent en sang, Exod., vu, 19-20 ; il en frappa la poussière de la terre et les moustiques apparurent, Exod., viii, 16-17 ; il l'élèva vers le ciel et la grêle tomba, Exod., IX, 23 ; il l'étendit encore et les sauterelles pullulèrent. Exod., x, 13. Dans plusieurs de ces ] » assages, Exod., vii, 9, 10, 12 ; viii, 5, 16, 17, la verge paraît être celle d’Aaron : « Prends ta verge… Aaron jeta sa verge. » On en conclut que la verge d’Aaron, associé à Moïse dans sa mission de délivrance, avait la même vertu que celle de son frère. Cf. De Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 80. Mais, d’après Exod., iv, 17, Dieu n’attribue le pouvoir miraculeux qu'à la verge de Moïse, et saint Augustin, In Heptat., ii, 20, t. xxxiv, col. 602, dit que Moïse ne fait que mettre s, a verge aux mains d’Aaron. C’est aussi le sens le plus naturel du récit, et celui qui est généralement accepté. Moïse se sert encore de sa verge pour diviser les eaux de la mer Bouge, Exod., xrv, 16, pour frapper le rocher d’Horeb et en faire jaillir l’eau, Exod., xvii, 5, 6, pour accompagner sa prière pendant le combat contre les Amalécites, Exod., Xvii, 9, pour frapper de nouveau le rocher à Meriba. Num., xx, 8-11. Depuis lors, il n’en est plus question. Cette verge était un symbole de la puissance communiquée par Dieu à son serviteur ; elle servait à indiquer aux spectateurs le moment où s’exerçait l’intervention divine. — 3. Verge d’Aaron. Au désert, l’autorité de Moïse et d’Aaron fut l’objet d’une contestation qui dégénéra en révolte et fut sévèrement punie. Pour consacrer le pouvoir sacerdotal de son frère et de la tribu de Lévi, Moïse, sur l’ordre du Seigneur, fit déposer devant l’Arche d’alliance douze verges représentant les douze tribus, la verge de Lévi portant le nom d’Aaron. La verge qui le lendemain serait trouvée fleurie devait manifester le choix de Dieu. Celle d’Aaron fut seule à porter des boutons, des fleurs et des amandes. La verge miraculeuse fut ensuite replacée' seule devant l’Arche, Num., xvii, 1-11, et plus tard conservée à l’intérieur, avec les tables de la Loi et la mesure de manne. Hebr., IX, 4. — 4. Instrument de correction. Si un Hébreu et une esclave fiancée à un autre couchent ensemble, ils doivent subir le châti ment, biqqorét, im<rt.oirr, et d’après la Vulgate, les coups de verge, vapulabunl. Lev., xix, 20. — Dieu promet de châtier le roi infidèle de son peuple avec une « verge d’homme », c’est-à-dire d’une manière qui ne dépasse pas la correction que les hommes administrent ordinairement au moyen des verges. II Beg., vii,

14. La verge sert utilement à corriger l’enfant ou l’insensé. Prov., x, 13, 24 ; xxii, 8, 15 ; xxiii, 13, 14 ; xxvi, 3 ; xxix, 15. Le serviteur infidèle sera battu proportionnellement à sa culpabilité, ôaçtr^ira. : , sera châtié jusqu'à écorchement de la peau, vapulabit, recevra les coups de verge. Luc, xii, 47, 48. Notre-Seigneur prédit à ses Apôtres qu’ils subiront ce même traitement dans les synagogues. Marc, xiii, 9. À Philippes, Paul et Silas eurent à subir les verges, poeëSIfctv, virgis cœdi, bien que citoyens romains, ce qui causa grande frayeur aux magistrats de la ville quand ils l’apprirent. Act., xvi, 22, 38. La loi Porcia défendait en effet de battre de verges un citoyen romain. Cf. Cicéron, In Verrem, ii, 5, 53-57 ; Tite-Live, x, 9 ; Valère Maxime, IV, I, 1 ; Denys d’Halicarnasse, IX, 39. Saint Paul subit pourtant trois fois ce châtiment. II Cor., xi, 25 ; Heb., xi, 36. — On se servait aussi de la verge pour battre le cumin, ls., xxviii, 27. Elle n'était qu’un simple instrument passif aux mains de celui qui la levait. Is., x, 15. — Voir Bâton, t. i, col. 1512, et pour un autre sens donné quelquefois à virga, Sceptre, t. v, col. 1526.

2° Au sens figuré. — La verge signifie l'épreuve, de quelque nature qu’elle soit, Job, ix, 34 ; XXI, 9 ; xxxvil, 13, le châtiment divin, Ps. lxxxix (lxxxviii), 33 ; ls., x, 3 ; x, 5 ; xxx, 31-32 ; Lam., iii, 1 ; Ezech., vii, 10, 11, et l’oppression par les peuples étrangers. Is., x, 24 ; xiv, 29 ; Mich., vi, 9. La verge de la bouche de Dieu est sa parole qui appelle le châtiment. Is., xi, 4. La verge de l’orgueil dans la bouche de l’insensé est le mal qu’il fait à lui et aux autres. Prov., xiv, 3. Saint Paul demande s’il lui faut aller à Corinthe avec la verge, c’està-dire avec les reproches. I Cor., iv, 21. — Sur un autre sens figuré de virga, voir Rameau, col. 592.

H. Lesêtre.
    1. VÉRITÉ##

VÉRITÉ (hébreu : 'omén, 'ômndh, 'ëméf, qoU ; Septante : iXvfisia ; Vulgate : veritas), conformité de la pensée ou de son expression avec la réalité.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° En Dieu. Dieu est vérité, Ps. xxxi (xxx), 6, parce qu’en lui la pensée et la parole représentent toujours exactement la réalité. Sa loi est la vérité, II Esd., ix, 13 ; Ps. cxi (ex), 8 ; exix (cxviii), 142, 151, 160 ; Act., xxii, 3 ; Rom., ii, 20, et cette vérité demeure à jamais. Ps. cxvii (cxvi), 2. Dieu a juré la vérité à David, Ps. cxxxii (cxxxi), 11 ; luimême fait combattre pour la vérité, Ps. xlv (xliv), 4, et il la fera germer de terre. Ps. lxxxv (lxxxiv), 12. Le livre de vérité est celui dans lequel sont consignées les volontés divines. Dan., x, 21. — Il est dit très souvent que Dieu est héséd vé'éméÇ, ce que les versions traduisent par sXsoç xa à).T)8eta, misericordia et veritas, « miséricorde et vérité ». Gen., xxiv, 27 ; II Beg., ii, 6 ; xv, 20 ; IV Reg., xx, 19 ; Tob., iii, 2 ; Ps. ' xxv (xxiv), 10 ; xxxvi (xxxv), 6 ; xl (xxxix), 12 ; lxxxix (lxxxviii),

15, etc. Mais le mot 'ëmét signifie à la fois « stabilité, fidélité » et « vérité ». Il s’agit plutôt dans ces passages de la fidélité de Dieu à ses promesses, ce qui est une conséquence de la conformité absolue que Dieu maintient entre sa parole et ses actes. — 2° En l’homme. Dieu veut que la vérité soit dans le cœur de l’homme. Ps. li (l), 8. C’est par sa grâce que l’homme exprime la vérité dans sa parole et dans sa conduite. Gen., xlii, 16 ; ûeut., xxii, 20 ; Jos., vii, 20 ; Esth., v, 5 ; Ps. xv (xiv), 3 ; xxv (xxiv), 5 ; exix (cxviii), 43 ; ls., xxvi, 2 ; Dan., xi, 2. Servir Dieu en vérité, IReg., xii, 24 ; Tob-, xrv, 10, 11, suivre le chemin de la vérité, Tob., i, 2 ; Ps. xxvi (xxv), 3, c’est mettre sa conduite en harmonie avec les sentiments que l’on professe pour Dieu. — Les