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VEAU D’OR — VENCE (BIBLE DE)

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avait été irrité contre son peuple, et particulièrement contre Aaron qu’il eût fait périr sans la supplication de Moïse. Deut., ix, 8-21. Aaron s’était donc montré gravement coupable de faiblesse, en se prêtant à l’exécution d’un pareil attentat contre la gloire de Jéhovah. Cf. Ps. cti (cm), 19-23 ; II Esd., ix, 18 ; Act., vii, 40, 41. 2° En Samarie. — En attribuant à Jéroboam la royauté sur dix tribus, le Seigneur lui promit, s’il était fidèle à ses lois, de bénir sa maison comme il l’avait fait pour David. III Reg., xi, 37, 38. La division du royaume demeurait donc compatible avec le maintien du culte traditionnel. Jéroboam n’eut pas une foi suffisante en cette promesse divine. Il s’imagina que la fréquentation du Temple de Jérusalem par ses sujets porterait préjudice à la solidité de son pouvoir et amènerait fatalement les Israélites à se replacer sous la domination des descendants de David. Pour parer à ce danger, il fit fabriquer deux veaux d’or, qu’il

544. — Taureau sacré.

Modèle de sculpture, au musée de Gizéh.

installa aux deux extrémités de son royaume, à Dan et à Béthel. Puis il dit aux Israélites, comme on avait dit autrefois au désert : « Israël, voici ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Egypte. » Enfin il institua un nouveau culte et Un nouveau sacerdoce, pour que son peuple n’eût rien à envier à celui de Juda. Le Seigneur fit signifier à Jéroboam combien son entreprise lui déplaisait. III Reg., xii, 26-33 ; xiii, 1-10. Le roi d’Israël n’avait pas le dessein d’ériger des idoles, mais seulement des représentations visibles de Jéhovah. Néanmoins son initiative était condamnée par le texte du Décalogue et par les suites qu’avait entraînées l’aventure du veau d’or d’Aaron. En outre, la nouvelle institution détournait pratiquement les Israélites du culte qui leur était prescrit dans le Temple de Jérusalem. Abia, roi de Juda, reprocha en vain à Jéroboam son entreprise sacrilège. II Par., xiii, 8. Les deux veaux d’or demeurèrent en place. Jéhu fit disparaître les idoles de Baal, mais laissa subsister les veaux d’or. IV Reg., x, 29. À quelques exceptions près, les Israélites leur rendaient un culte assidu. Tob., i, 5. Osée, vm, 6, prédit la mise en pièces du veau de Samarie. Il reproche à Israël de s’abaisser à adorer des veaux. Ose., . xiii, 2. Il était inévitable, en effet, que les Israélites en vinssent peu à peu à prendre l’effigie pour la divinité elle-même et à tomber ainsi dans la plus grossière idolâtrie. Cette adoration des veaux d’or est signalée comme l’une des impiétés qui amenèrent la ruine du royaume d’Israël. IV Reg., xvii, 16. En souvenir de ce culte idolâtrique, le nom de fiéthaven, « maison de la vanité » ou « de l’idole », fut attribué à Béthel. Voir

    1. BÉTHAVEN##

BÉTHAVEN, t. i, col. 1666.

3° Raison du symbole. — Il y a lieu de se demander

quel motif put déterminer Aaron et plus tard Jéroboam à choisir un jeune taureau comme symbole de Jéhovah, Les Hébreux sortaient d’Egypte, où ils avaient vu les habitants adorer un bœuf. En faisant fondre un veau d’or, Aaron devait savoir qu’il répondrait ainsi à la pensée des Israélites accoutumés à voir plusieurs divinités égyptiennes qui se personnifiaient dans un taureau, principalement le dieu Apis (Hapi) qui est la seconde vie de Phtah ; il était honoré à Memphis. Apis mort était Osiris, d’où les Grecs firent Sérapis. On trouve aussi représenté sous forme de bœuf ou de taureau : Mnévis ou l’âme de Rà à Héliopolis ; le dieu Kem à Thèbes ; Mentou à Hermonthis. Voir APIS, t. I. col. 741. Ces dieux étaient censés marquer de certains stigmates les sujets qu’ils animaient. Ces stigmates consistaient en taches noires disposées comme dans la figure 544 ; Cf. Mariette, Notice des principaux monuments, 1876, p. 222, n. 666 ; Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 119. Le choix de cette représentation divine rappelait d’ailleurs aux Hébreux de vieilles traditions ancestrales. Les Babyloniens et les Assyriens avaient un dieu Hadad ou Adad, qui présidait aux vents, aux orages et aux tonnerres. Identique à Ftammàn, voir Remmon, t. v, col. 1036, il était symbolisé par le taureau, comme l’Indra védique. Or, au Sinaï, Jéhovah venait de se manifester au milieu des éclairs et des tonnerres. Exod., xix, 16-20. Il était donc naturel que, pour rappeler à son peuple la présence de Jéhovah qui l’avait tiré d’Egypte, Aaron empruntât le symbole du dieu babylonien des orages, Hadad, le dieu sémite, pour représenter la protection divine assurée à Israël. Hadad devint le dieu le plus vénéré et le plus répandu de la Syrie. Voir Hadad, t. iii, col. 391. Les rois de Damas, comme ceux d’Assyrie, aimaient à faire entrer son nom dans la composition du leur. — Jéroboam fit plus tard comme Aaron en érigeant sîs veaux d’or à Dan et à Béthel. II fusionnait ainsi dans un même symbole l’idée du vrai Dieu et celle d’une des divinités sémites les plus populaires. Cf. Dhorme, Les Sémites, dans Où en est l’histoire des religions, Paris, 1911, 1. 1, p. 147, 165, 166, 177 ; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 93, 94 ; H. Vincent,

Canaan, Paris, 1907, p. 467.

H. Lesêtre.

VÉGÉTAUX. Voir Arbres, t. i, col. 888-894 ; Herbacées (Plantes), t. iii, col. 596-599, et les noms de chaque plante.

VEILLE. Voir Heure, t. iii, col. 683.

    1. VEINE##

VEINE, conduit qui ramène le sang vers le cœur. Il n’en est point parlé dans la Bible. Mais la Vulgate se sert du mot vena pour désigner le canal naturel par où passe l’eau d’une source, et ce mot traduit mâqôr, Tifr, e. source ». Il est ainsi question de veine d’eaux vives, Jer., xvii, 13, de source de la mer, Jer., n, 36, de veine desséchée, Ose., xiii, 15, ou corrompue, Prov., xxv, 26, et, par métaphore, de la veine de la vie, Prov., v, 18, et de la parole qui enseigne le bien. Prov., x, 11. —La Vulgate emploie le même mot pour parler du filon d’argent dans une mine, traduisant ainsi mâqôm, toitoç, « lieu ». Job, xxviii, 1.

H. Lesêtre.

VEL (hébreu : ’Ûêl ; Septante : OOriX), un des fils ou descendants de Bani, qui avait épousé une femme étrangère. Esdras l’obligea à la renvoyer. I Esd., x, 34.

    1. VENCE##

VENCE (BIBLE DE). H. François, abbé de Vence (vers 1675-1749), publia à Nancy, 22 in-12, 1738-1743, une nouvelle édition de la Bible de Carrières (voir Carrières, t. ii, col. 323), en y ajoutant des dissertations. Ces dissertations furent insérées depuis dans la Bible de Calmet. Rondet (1717-1785) en donna une édition nou-