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VAUTOUR - VEAU D’OR

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choix d’un emplacement pour son nid, qu’il pose généralement sur un arbre, dans une gorge, mais parfois entre les racines dénudées d’un arbuste et sur le bord même du rocher. Ce nid est pitoyablement construit de branchages et garni de tous les chiffons qui se peuvent rencontrer. Néanmoins, le vol de l’oiseau est élégant et ses mouvements sont agréables à l'œil. Le milvus legyptius a le plumage plus clair. On le rencontre fréquemment en Palestine, mais les Arabes le confondent avec le précédent. Comme tous les oiseaux de proie, le milan a été prohibé par Moïse. Deut., xiv, 13. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 181 ; Wood, Bible animais, Londres, 1884,

p. 358.

H. Lesêtre.

VAV, sixième, lettre de l’alphabet hébreu, i, v. « crochet, clou », objet dont elle a conservé la forme, C’est une lettre servile dont la langue hébraïque fait le plus grand usage.

    1. VEADAR##

VEADAR, mois complémentaire juif, Les mois de l’année juive étaient comme les nôtres au nombre de douze, mais leur année était lunaire, par conséquent plus courte de onzejours que l’année solaire. Pour la faire accorder avec l’année solaire, on ajoutait tous les trois ans environ un treizième mois, qui n’est pas mentionné dans la Bible, Veadar, ainsi appelé parce qu’on le plaçait entre adar et nisan.

VEAU (hébreu : par, 'égél ; Septante : iiôa-^oç, LoayJtptov ; Vulgate : vitulus, juvenculus), jeune taureau. 1° Le veau bondit dans les champs où on l’engraisse, Ps. xxix (xxviii), 6 ; Mal., iv, 2, et y vit indompté. Jer., xxxi, 18. Il paît là où s'élevaient autrefois des villes, Is., xxvii, 10, et, avec les autres bêtes des champs, il devient la proie des envahisseurs. I Reg., xiv, 32 ; Is., xxxiv, 7. À l'âge d’or, figure de la restauration spirituelle, il habitera avec le lion. Is., xi, 6. Les mercenaires d’Egypte sont comparés à des veaux gras, à cause de leur force et de leur belle apparence. Jer., xl vi, 21. — 2° Le veau sert à la nourriture de l’homme, et le veau gras figure dans les festins. Gen., xviii, 7 ;

I Reg., xxviii, 24 ; III Reg., i, 9 ; Am., yi, 4 ; Luc, xv, 23. — 3° Le veau est employé dans les sacrifices pour la consécration des prêtres, Exod., xxix, 1 ; Lev., viii, 2, dans l’holocauste, Lev., i, 5, dans le sacrifice pour le péché, Lev., iv, 3 ; îx, 2 ; xvi, 3, ou pour l’erreur, Kum., xv, 24, à la néoménie, Num., xxviii, 11, à la Pâque, Num., xxviii, 19, à la Pentecôte, Num., xxviii, 27 ; Lev., xxiii, 16, aux fêtes des Trompettes, Num., xxix, 2, de l’Expiation, Num., XXIX, 8, et des Tabernacles. Num., xxix, 13. Cf. Mich., vi, 6. Un veau gras fut immolé pendant le transport de l’Arche à Jérusalem.

II Reg., vi, 13. Cyrus ordonna de fournir des veaux pour les sacrifices des Juifs. I Esd., vi, 9. Le Seigneur préférait la prière et la pratique de la vertu à de tels sacrifices. Ps. lxix (lxviii), 32 ; Is., i, 11. — On passait entre les deux moitiés d’un veau pour contracter une alliance. Jer., xxxiv, 18. Voir Sacrifice, col. 1317. — Les versions parlent quelquefois de veaux quand il s’agit de taureaux dans le texte hébreu. Voir Bœuf, t. i, col. 1833 ; Chérubin, t. ii, col. 663 ; Taureau,

col. 2015.

H. Lesêtre.
    1. VEAU D’OR##

VEAU D’OR (hébreu : 'êgél massêkâh ; Septante : u.ô<r/oç 3( <oveUT0 'c i Vulgate : vitulus confîatilis), veau de métal fabriqué pour être l’objet d’un culte idolâtrique.

1° Au désert. — Pendant les quarante jours que Moïse demeura sur le Sinaî pour y recevoir la loi de Jéhovah, Exod., xxiv, 18 ; Deut., ix, 11, les Israélites se découragèrent en s’imaginant qu’il ne reviendrait plus pour les guider. Ils s’adressèrent donc à celui qui était le plus qualifié pour leur venir en aide, Aaron, et

lui demandèrent de leur faire 'ëlohim 'âsér yêlkû lepanênû, ôîo’jç oi.'itpoTtopsûg’ovTixi T|[i<ôv, deos qui nos procédant. Ce pluriel, qu’on reproduira bientôt en l’appliquant à une effigie unique, Exod., xxxil, 1, 4, est évidemment à entendre au singulier, sinon dans la pensée du peuple, du moins dans celle d’Aaron. Peutêtre le peuple réclamait-il plusieurs simulacres, figurant, comme en Egypte, les différents attributs de la divinité. Il est possible d’ailleurs, comme l’insinue saint Paul, I Cor., x, 7, que ce désir n’ait pas été partagé par le peuple tout entier. Il était en effet radicalement contraire à la loi du Décalogue qui venait d'être promulguée. Exod., xx, 4. Aaron ne se sentit pas en mesure de résister à la requête qui luiétaitadressée par des hommes égarés, capables de se porter à de redoutables extrémités, peut-être même de reprendre le chemin de l’Egypte. Quelle responsabilité n’eût-il pas encourue aux yeux de Moïse, si celui-ci, à son retour, n’eût plus retrouvé qu’un peuple révolté et disses miné à travers le désert ? Il se décida donc à faire cequ’on lui demandait, mais à une condition qui devait donner à réfléchir et qui peut-être ferait renoncer lepeuple à son exigence. Il demanda qu’on lui apportât les anneaux d’or que les femmes, leurs fils et leurs, filles portaient aux oreilles. Le sacrifice fut consenti sans hésitation et Aaron dut exécuter ce qu’on atten-dait de lui. Il fit fondre le métal précieux et fabriquerun veau d’or. Voir Or, t. iv, col. 1839. Tenta-t-il, en faisant exécuter hâtivement un simulacre grossier, dedécourager les Israélites et de leur faire comprendrel’inconvenance de leur désir ? Il n’y réussit certainement pas ; car, dès que l'œuvre fut achevée, ses inspirateurs dirent à tout le peuple : « Israël, voici tes. dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Egypte. » Les Septante et le Syriaque attribuent ces paroles à Aaron lui-même. Il serait donc possible que, par un changement de ponctuation, les anciens transcripteurs hébreux aient mis le pluriel, pour atténuer la responsabilité d’Aaron. Tous savaient que Jéhovah avait été l’auteur de la délivrance de son peuple. On ne pouvait donc voir dans l’effigie d’or qu’une représentation de Jéhovah, que seuls les plus grossiers seraient tentés de confondre avec lui. — Voyant l'état d’esprit du peuple et ne sachant lui-même quand Moïse reparaîtrait, . Aaron dressa un autel devant le veau d’or et dit i « Demain, il y aura fête en l’honneur de Jéhovah ! » C'était une manière d’affirmer la souveraineté de Dieu qui s'était révélé à Moïse et d’empêcher des écarts nettement idolâtriques. Par la célébration de la fête, Aaron pouvait aussi gagner du temps et calmer l’impatience inquiète des Israélites. Averti par le Seigneur, Moïse intercéda pour son peuple et descendit de la montagne. Il trouva tout le camp en fête, s’indigna vivement et interpella Aaron : « Que t’a fait ce peuple, pour que tu aies amené sur lui un tel péché ? » Aaron. s’excusa en rappelant les exigences des Israélites.. Moïse broya le veau d’or et le fit réduire en poudre ; , il répandit cette poudre dans l’eau et ordonna auxenfants d’Israël de la boire. Profitant de ce que la plupart des coupables étaient désarmés, il fit appel à ceus. qui voudraient venger l’offense faite à Jéhovah. Les enfants de Lévi se présentèrent, fondirent sur les prévaricateurs au milieu de leurs festins et en massacrèrent 3000 (et non 23000, comme porte la Vulgate actuelle). De retour auprès de Jéhovah sur la montagne, Moïse implora et obtint le pardon de son peuple. Exod., xxxii, 1-35. — Cette tentative avait mis en lumière les instincts idolâtriques des Israélites. Legrossier emblème du veau d’or fut détruit ; mais, par la suite, le Seigneur ordonna la construction de l’Arched’alliance, qui devait être comme le signe sensible de sa présence au milieu de son peuple. Moïse revint plus, tard sur ce triste épisode. Il rappela combien Jéhovah