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VAUDOISES (VERSIONS) DE LA BIBLE — VAUTOUR


tion etles formules analogues et employer des expressions qui rappelleraient l’éternité de la matière. L’examen plus attentif des manuscrits y a fait retrouver les termes qu’on prétendait avoir été écartés à dessein. Les expressions qui ont paru trahir une tendance à l’ascétisme n’ont pas de portée spéciale. Le mot « Fils de la vierge » pour traduire Films hominis de la Vulgate se retrouve dans une version normande du xme siècle ; il est répété au xve dans différentes traductions dû Nouveau Testament et on ne peut y voir une tentative pour rompre le lien qui unit le Christ à la nature humaine ou à la matière. Pas un mot ne trahit les opinions particulières du traducteur, et la version vaudoise du Nouveau Testament est parfaitement orthodoxe.

2. Elle est faite, d’ailleurs, sur la Vulgate et, aussi bien que les traductions provençales, sur le texte languedocien du xiu 8 siècle. Comme la version provençale du manuscrit du Lyon, à laquelle elle ressemble, voir t. v, col. 776, elle est littérale à l’excès. Cette exactitude littérale a été ici spécialement recherchée tant au point de vue du vocabulaire, qui rend le mot latin le plus près possible, que de la grammaire et de la syntaxe. En outre, on remarque dans les deux versions, vaudoise et provençale, certaines expressions singulières et certaines traductions libres ou inexactes qui leur sont communes, quelques leçons qu’on n’a pas encore retrouvées dans aucun texte latin. Les versions provençales ont donc influencé la traduction vaudoise du Nouveau Testament. Leur origine n’est pourtant probablement pas la même. On constate entre les deux groupes des différences innombrables et de toute nature. La plus importante peut-être est que leur texte latin, quoique languedocien, n’est pas absolument le même et présente des variantes de détail qu’un simple travail de retouche n’expliquerait pas. Celui que représente la’version vaudoise n’est pas de très bon aloi ; il contient des interpolations, provenant d’un déplacement des textes et des passages répétés ou doublets et dont quelques-uns se retrouvent dans les manuscrits languedociens les moins anciens, dans ceux qui ont déjà, comme la traduction vaudoise, les chapitres modernes, . Les textes vaudois ont peut-être été souvent retouchés, parce qu’ils étaient d’un grand usage, et ces retouches auraient été faites d’après les versions provençales.

II. Parties et fragments de l’Ancien Testament. — _ 1° Les livres sapientiaux. — Nous avons déjà constaté que les manuscrits de Carpentras, de Dublin et de Grenoble contenaient, à la suite du Nouveau Testament, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique, les dix premiers chapitres de la Sagesse et les quinze ou vingt-trois premiers de l’Ecclésiastique. Ces livres ne sont complets dans aucun manuscrit, et il n’y a pas de raison qu’ils l’aient jamais été. Le manuscrit de Grenoble reproduit quelques versets de l’Ecclésiastique, xi, 15, 16 ; xii, 166-18 a, qui ne sont pas dans celui de Carpentras. Le texte latin, sur lequel la traduction a été faite, est ce texte parisien qui, sous l’influence de l’université de Paris, est devenu peu à peu général en France, à partir du milieu du xme siècle. On y retrouve les interpolations qui le caractérisent. On n’y remarque par contre aucune des particularités du texte languedocien du xme siècle, qui a servi de base à la version vaudoise du Nouveau Testament. On peut par suite se demander si la traduction des livres sapientiaux vient du même atelier que la précédente. Dans les manuscrits vaudois, le Cantique est accompagné de rubriques allégoriques, qui se présentent sous deux formes quelque peu différentes. Celles du manuscrit de Carpentras semblent avoir été empruntées, presque sans changement, aux Bibles d’Alcuin les plus anciennes et les meilleures. Celles du manuscrit de Grenoble dérivent des manuscrits languedociens les plus anciens ; elles seraient donc les plus anciennes dans la version vau doise. Comme les autres livres sapientiaux ont été traduits sur un texte parisien, qui n’avait pas ces rubriques, on peut se demander si le Cantique n’a pas été traduit à part et peut-être le premier.

2° Autres fragments de l’Ancien Testament. — Les manuscrits qui les contiennent sont vaudois d’origine^ ils ont été donnés à sir Morland par Jean Léger, l’historien des vaudois. Ils paraissent remonter à la seconde moitié du XVe siècle et sont conservés à la bibliothèque de l’université de Cambridge, DD. 15, 29 ; DD. 15, 31. 1. Le ms. À de Morland contient, en tête de différents traités, les neuf premiers chapitres de la Genèse. Le texte latin, sur lequel cette traduction a été faite, n’est pas le texte parisien du xme siècle. La version est assez exacte. — 2. Le ms. C de Morland, un des plus petits manuscrits qu’on connaisse, contient dans la langue des Vallées : à) le supplice des frères Machabées, II Mac, vi, 5-41 ; 6) les trois premiers chapitres de Job et le c. xlii sous le titre de c. ty ; c) le livre entier de Tobie. Le texte latin de Job ne semble pas être exactement le texte parisien du XIIIe siècle ; la version est généralement exacte ; on remarque une leçon singulière, Job, i, 5.

Voir, sur ces versions, les études de Reuss, dans la Revue de théologie de Strasbourg, juin 1851, t. ii, p. 223 ; décembre 1852, t. v, p. 321-349 ; février 1853, t. vi, p. 65-96, et de S. Berger, Les Bibles provençales et vaudoises, dans Romania, 1889, t. xviii, p. 377-414, 416-422, qui remplacent toutes les autres. Nous n’avons fait que les résumer. E. Makgenot.

    1. VAUTOUR##

VAUTOUR, oiseau de proie, de l’ordre des rapaces diurnes. — Les vautours ont une petite tête, un bec robuste et recourbé vers la pointe, un cou long et dénudé, de grandes ailes et une queue courte. Ils s’élèvent très haut en tournoyant, mais d’un vol lourd. Ils sont lâches et voraces, s’attaquent aux petits animaux et, à leur défaut, se contentent de substances en putréfaction. Ils répandent une odeur infecte. Leur habitation ordinaire est dans les hautes montagnes. Les vautours sont représentés dans la Bible par le Gypaète, t. iii, col. 371, et le Pernocptère.I. v, col. 124, ou vautour d’Egypte. — Il y a trois mots hébreux qui désignent pour les versions soit le vautour, soit le milan ; dd’ah, yû’l/, « vautour », milvus, s milan » ; ’ayyâh, ïxtivoç, « milan », vultur, « vautour », Lev., xi, 14 ; voir Dâ’âh, t. ii, col. 1195 ; ’ayyâh et dayyâh, le vautour et le milan, également interdits, Deut., xiv, 13 ; dayyôf, rnilvi, « milans » qui se rassemblent dans les déserts, et que les Septante appellent des « cerfs », eXaçoi, Is., xxxiv, 15 ; enfin le’ayyâh de Job, xxviii, 7, qui a l’œil perçant et dont les versions font un vautour. Le’ayyâh est plus probablement le milan royal. Voir Milan, t. iv, col. 1084. D’après Bochart, Hierozoicon, t. ii, p. 196, et Gesenias, Thésaurus, p. 335, dayyâh désignerait une espèce de vautour. Il faut croire, avec la plupart des versions, que c’est le nom d’un milan. Ce sens devient le plus probable, si l’on observe que, chez les Arabes, h’dayah est le nom du milan noir, le milvus migrans, distinct du milan roux ou royal. Cet oiseau a environ m 55 de long. Il porte un plumage uniforme d’un brun noir sur le dos et fauve en dessous. Sa queue est longue, mais moins fourchue que celle du milan roux. Sa ponte est de deux ou trois œufs. C’est un oiseau migrateur, qui disparaît de Palestine durant les trois mois d’hiver et revient en mars. On le trouve alors un peu partout, spécialement auprès des villages, qui lui procurent une provende facile. Il n’attaque par les poules, mais leur dispute leurs détritus. Quand on abat quelque bétail, il est là en nombre, profitant de l’inattention pour enlever quelque morceau et tenant à l’écart les rusés et avides corbeaux. Il est très maladroit dans le