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VATABLE — VATICANUS (CODEX)


et de les condamner en 1547. Robert Estienne s’étant retiré à Genève défendit son œuvre et la rendit encore plus calviniste en la réimprimant, in-f°, Genève, 1547, avec la traduction latine de Sanctes Pagninus et des noteB tirées de ce dernier et d’autres, au lieu de la traduction de Léon de Juda. Les docteurs de Salamanque en publièrent en 1584 une édition corrigée. Nicolas Henri, professeur d’hébreu au Collège royal, en donna une autre, édition, 2 in-f°, 1729-1745. Les notes sont littérales et critiques, claires et précises, et elles se distinguent par leur caractère philologique de celles des commentaires de cette époque qui sont surtout dogmatiques et polémiques. Robert Estienne publia à part les Psaumes, Genève, 1556, avec des notes plus étendues qui avaient peut-être été recueillies aux cours deVatable. Ges. notes furent insérées dans les Critici sacri et réimprimées aussi à Halle, in-8°, 1767, avec celles de Grotius, par G. J. L. Vogel. — Voir H. Strack, dans Herzog-Hauck, Real-Encyklopàdie fàrprot. Théologie, 3e édit., XX, 1908, p.431 ; Cl.-P. Gouget, Mémoires hist. et littér. sur le collège de France, in-4°, Paris, 1758, p. 88-92.

    1. VATICANUS##

VATICANUS (CODEX). Ce manuscrit célèbre de la Bible grecque appartient à la bibliothèque du Vatican, où il est coté Vatican, gr. 1209 (fig. 543). L’écriture est onciale, d’une main qu’on attribue au iv" siècle. Chaque page a trois colonnes de texte, chaque colonne 42 lignes. Dans les livres poétiques, où le texte est distribué en stiques, on ne compte que deux colonnes à la page. Le parchemin est d’une extrême finesse. Pas d’initiales plus grosses que les caractères courants, mais la première lettre des chapitres (ou ce qui peut être pris pour tel) dépasse un peu en marge. Pas d’accents, pas d’esprits, de première main du moins. Ponctuation très rare, remplacée le plus souvent par un léger espacement des mots à interponctuer. Hauteur du manuscrit : 27 à 28 centimètres ; largeur : 27 à 28 aussi. Le manuscrit compte 759 feuillets, dont 617 pour l’Ancien Testament, 142 pour le Nouveau. Les livres des Machabées n’ont jamais figuré dans le manuscrit. Par accident, il manque Gen., i, 1-xlvi, 28 ; Ps., cv, 27-cxxxvii, 6 ; Hebr., ix, 14-xm, 25 ; les deux Épitres à Timothée, l’Épitre à Tite, l’Épitre à Philémon, l’Apocalypse. Les parties accidentellement manquantes ont été suppléées par un habile copiste du xve siècle. Le texte oncial, si l’on en croit Tischendorf, serait l’œuvre de trois copistes ; le Nouveau Testament serait tout-entier du même copiste. Le texte oncial aurait été corrigé successivement par deux mains, dont la première serait contemporaine des copistes ; la seconde serait du xi=-xiie siècle.

Ce manuscrit. est de premier ordre pour l’établissement du texte grec de la Bible. Tischendorf a émis l’opinion qu’il avait été copié dans le même scriptoriunt que le Codex Sinaiticus, simple possibilité. On a dit souvent qu’il figurait dans les anciens catalogues de labibliothèque du Vatican de la fin du XVe et du XVIe siècle : je l’ai cherché vainement dans l’inventaire du pape Nicolas V, dans celui du pape Léon X, dans celui du pape Paul III. Il n’a été classé à son numéro d’ordre, Vat. gr. 1209, qu’à l’époque du pape Paul V (1605-1621), car il est précédé de peu dans les rayons d’un manuscrit (Vat. 1190) offert à ce pape par Alexandre Turriano, et d’un autre (Vat. 1191) qui a été acquis en 1612. Le Vat. 1208 qui le précède immédiatement est le célèbre manuscrit des Actes des Apôtres écrit en lettres d’or, qui fut donné au pape Innocent VIII par la reine de Chypre, manuscrit qui ne figure pas davantage aux inventaires de Léon X et de Paul III. Il est possible que, possédés par le Saint-Siège pendant tout le xvr siècle, le Vat. 1208 et le Vat. 1209 aient été conservés à part, car le Vat. 1209 était célèbre dès lors. En 1533, Jean Genesius de Sepulveda adresse à Érasme 356 leçons prises à ce manu scrit, leçons que lui a communiquées Paul Bombasio, par une lettre datée de 1521. Nestlé, Septuaginta-Studien, p. 5. En 1546, Sirleto écrit au cardinal Cervini : In quello esemplare chee nella libreria di N. S. il quale un tempo haveva don Basilio, ve son le précise parole que allega S. Paolo, eùipp<iv6r)Te stivri peza toû Xaou axrcov. Rom., xv, 10, pris à Deut., xxxii, 43. Cette lettre de Sirleto est mentionnée dans mon petit livre sur La Vaticane de Paul 111 à Paul V, Paris, 1890, p. 86. J’ignore qui est le don Basilio men~ tionné par Sirleto. En 1583, le même Sirleto écrit à Barthélémy Valverde, qui l’a interrogé sur quelques passages difficiles de la Bible, que les difficultés tiennent moins à la nature du sujet qu’à l’impéritie des copistes ou des éditeurs. Donc, pour les résoudre, Sirleto a le dessein de collationner ces passages cum exemplari grxco Vaticanse bibliothecm, quod tam mires vetustatis est, ut doctorum virorum judicio prseferatur omnibus quse in publicis vel in privatis bibliotheds inveniuntur. Op. cit., p. 84. Nicolas Maggiorano, qui était correcteur à la Vaticane avant de devenir, en 1553, évêque de Molfetta, a colligé une série observationum quas-ar grxco ulriusque Testamenti codice vetustissimo Vaticano annotarat. Ibid. En 1560, Latino Latini rapporte que Sirleto lui a dit que multa szmt in eo codice non temere vulganda, ne novarum rerum studiosis, id est Arianis et Macedonianis huius setatis, maior insaniendi occasio prssbeatur. Op. cit., p. 85. En 1586, l’édition sixtine des Septante est publiée par ordre de Sixte-Quint et par les soins du cardinal Carafa on a pris pour base notre manuscrit, dont Carafa dit, dans la préface : lnlelleximus, cum ex ipsa collatione, tume sacrorum veterum scriptorum consensione, Vaticanum codicem non solum vetustate, verum etiani bonitate cse.te.ris anteire ; quodque caputest, ad ipsam quant quserebamus Septuaginta interpretationem, si non loto libro, maiori certe ex parte, quamproxime accedere. Op. cit., p. 88.

L’édition sixtine des Septante suffit longtemps aux besoins de la critique. En 1669, cependant, un correcteur de la bibliothèque Vaticane, Jules Bartolocci, prit une collation du Nouveau Testament sur l’édition d’Aide de 1518, collation que possède la Bibliothèque nationale, Supp. gr. 53. Voyez Gregory, Prolegomena, p. 361. Nouvelle collation en 1720, pour Bentley : elle est conservée à Cambridge, dans la bibliothèque de Trinity Collège B, 17, 3 et 20. Gregory, ibid. En 1809, le manuscrit était à Paris, où il fut étudié par Léonard Hug, qui publia peu après une dissertation De antiquitate codicis Vaticani, Fribourg, 1810. Le manuscrit fut restitué au Vatican, avec les autres trésors que Napoléon avait enlevés ; puis le cardinal Mai entreprit d’en éditer le texte : on l’imprima, de 1828 à 1838, mais le cardinal Mai, conscient de l’imperfection de son travail, se refusa à le publier jusqu’à sa mort, qui arriva en 1854. La publication fut alors confiée au P. Vercellone, qui s’en acquitta en 1857 une première fois, et à nouveau pour le Nouveau Testament en 1859. Quand on sait quelle difficulté, présente une semblable édition diplomatique, on ne s’étonne pas que celle de Mai et de Vercellone laisse infiniment à désirer. On s’y reprit une troisième fois ; le travail échut, après la mort de Vercellone, au P. Cozza, et l’édition parut de 1868 à 1881. La critique la plus indulgente a estimé que cette dernière tentative ne Tachetait pas le défaut des précédentes. Voyez H. Swete, The Old Testament in greek, Cambridge, 1887, t. i, p. xviii. Nous avons eu enfin une reproduction photographique du Vaticanus, qui coupe court aux critiques, Codicese Vaticanis selecti phototypice expressi, Rome et Milan, 1902 sq. ; Bibliorum græcorum Codex Vaticanus 1209, pars 1, Testamentum Velus, Milan, 1905-1906 ; pars 11, Testamentum À T owm, / Milan, 1904.

P. Batiffol.