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VACHE ROUSSE — VAHEB


qui se rapprochait le plus du rouge dans le pelage des animaux. Ces explications ne s’imposent pas. L’Épître aux Hébreux, ix, 13, établit une relation figurative entre l’aspersion avec la cendre de la vache rousse et le sang du Christ, d’où la conclusion tirée par saint Augustin, In Heptat., iv, 33, t. xxxiv, col. 733, que la couleur rousse figurait le sang rédempteur. À ce compte, cette couleur eût été exigée à plus forte raison pour les victimes immolées sur l’autel du Temple. Il est plus probable que Moïse a suivi ici une coutume léguée par les anciens, qui attachaient une signification sinistre à la couleur rousse. Cf. De Hummelauer, In Num., Paris, 1899, p. 151. L’animal, destiné à un usage sacré, devait être sans défaut, comme les victimes ordinaires, et n’avoir servi à aucun usage profane. Il n’est pas remis au grand-prêtre Aaron, mais à son fils Éléazar, par conséquent à un dignitaire, qui aura la charge de faire sortir la vache du camp et de présider à son immolation. Cette victime a des rapports trop étroits avec la mort et ses souillures pour qu’on l’immole à proximité du Tabernacle, centre de sainteté et de vie. Avec son sang, le prêtre fait des aspersions comme celles qui sont de règle pour le péché du grand-prêtre ou de tout le peuple, Lev., iv, 6, 17, mais de loin, puisque cette victime dont la cendre purifiera garde elle-même une souillure qu’elle communique. — La victime est brûlée sous les yeux du prêtre, mais on jette dans le brasier <lu cèdre, dé l’hysope et du cramoisi, trois matières employées pour la purification du lépreux. Lev., xiv, 6, 49. Elles ont une signification d’incorruptibilité et de purification. La cendre provenant de la victime est recueillie avec soin et déposée dans un lieu pur. On en met ensuite dans l’eau d’aspersion nécessaire pour les purifications. Il est à remarquer que cette eau n’a d’autre vertu que de purifier ceux qui sont souillés par le contact d’un mort. Les autres qui s’en servent contractent une souillure, Dieu voulant empêcher ainsi l’emploi de cette eau pour des usages superstitieux. Le rite de la vache rousse est appelé hattâ’f, « sacrifice pour le péché », Num., xix, 9 ; cf. Lev., vi, 18, 23 ; mais c’est un sacrifice d’un caractère exceptionnel, car l’immolation et la combustion ont eu lieu loin du sanctuaire. — La cendre joue ici un rôle très particulier ; elle semble renforcer l’action de l’eau, qui est naturellement purificatrice ; car la cendre est elle-même le produit d’une purification complète par le feu, qui détruit tous les éléments corrompus ou corruptibles. Le mélange de la cendre avec l’eau, dans les purifications, était familier aux anciens peuples, Indiens, Perses, Grecs, Romains, etc. Cf. Virgile, Eclog., viii, 101 ; Ovide, Fast., IV, 639, 725, 733 ; Rosenmûller, Dos dite und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. ii, p. 200 ; Bàhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 493-511.

3* La pratique. — Le rite de la vache rousse n’a pas cessé d’être en vigueur chez les Israélites jusqu’à la ruine de leur nationalité. Le traité Para de la Mischna lui est consacré. Les docteurs avaient précisé certains détails du cérémonial. Le prêtre appelé à présider à l’immolation et à la combustion se purifiait pendant sept jours à l’avance. Para, iii, 1. Bien que la loi ne prescrivît pas l’intervention du grand-prêtre, il présidait ordinairement à l’accomplissement du rite, et revêtait pour cette occasion ses plus riches vêtements. Para, iii, 8. La vache était achetée aux frais du trésor du Temple, parce qu’il s’agissait d’un rite intéressant la communauté tout entière. Elle devait être entièrement rousse. La Loi réclamait une vache’adummâh femîmâh, « rousse parfaite », c’est-à-dire sans défaut. Les docteurs joignaient ensemble les deux mots et exigeaient un animal d’un roux complet, cf. Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6, si bien qu’on le rejetait si on lui trouvait seulement deux poils blancs ou noirs. Cf.

Hérodote, ii, 38 ; Maimonide, De voce. » « /., i> 2, Amsterdam, 1711, p. 8. Le prêtre faisait sortir la vache du Temple par la porte orientale et la conduisait au mont des Oliviers. Mais, pour lui faire éviter toute espèce d’impureté, on la menait par un chemin artificiel construit sur étais au-dessus du sol. Para, iii, 6. Quand la vache était immolée, le prêtre recueillait de son sang dans la main gauche et y trempait un doigt de la main droite pour asperger sept fois du côté du Temple. Après la combustion complète de la victime, la cendre était recueillie avec soin et déposée en trois endroits : au mont des Oliviers pour l’usage du peuple, au Temple pour l’usage des prêtres, et dans le mur extérieur de la ville, en souvenir de la combustion. Para, m, 11. Les docteurs prétendaient que neuf vaches rousses seulement avaient été brûlées depuis Moïse, dont une par Éléazar, et les huit autres depuis Esdras. Para, iii, 5. Ce renseignement paraît absolument invraisemblable. Chaque année, la combustion de la vache rousse se faisait en adar, un mois avant la Pàque. Cf. S. Jérôme, Epist., cviii, 12, t. xxii, col. 887. Il est probable qu’à l’occasion de la Pàque on emportait de la cendre dans les principaux centres du pays, afin de rendre possibles les purifications dont le besoin devait être assez fréquent. Autrement il faudrait admettre que la plupart de ceux qui avaient été fouillés par le contact d’un cadavre, d’ossements humains ou d’un sépulcre, attendaient pour se purifier l’oceasion d’un voyage à Jérusalem pour la Pàque ou quelque autre fête ou pour l’offrande d’un sacrifice. — L’eau d’aspersion était puisée à la fontaine de Siloé. À défaut de cette eau, il fallait de l’eau vive et pure. La quantité de cendre à y mettre n’était pas déterminée ; il suffisait qu’on pût apercevoir cette cendre à la surface du liquide. Gern. Jer. Sota, 18, 1. L’aspersion se faisait par un homme en état de pureté légale, sans que ce fût nécessairement par un prêtre. Parfois même on faisait remplir cette fonction par un enfant, afin que la condition de pureté fût plus assurée. Cf. Reland, Anliquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 114 ; Iken, Antiquitates Hebraicm, Brème, 1741, p. 248. — Les formalités à remplir à la suite du contact d’un mort expliquent pourquoi Notre-Seigneur recommande à ses disciples de laisser à, d’autres le soin d’ensevelir les morts. Matth., viii, 22 ; Luc, ix, 60. — Quelques-uns ont pensé que le baptême pour les morts, Otop tôv vsxpôv, dont parle saint Paul, I Cor., xv, 29, pourrait être l’aspersion reçue par les Israélites « à cause » des morts, la préposition iinsp ayant aussi ce sens. « Ceux qui se font baptiser vizkp xôv vsxpûv » seraient alors des Juifs résidant à Corinthe ou des chrétiens venus du judaïsme et encore fidèles à cette ancienne pratique. L’Apôtre invoque ce baptême comme preuve en faveur de la résurrection. Ce raisonnement seul indique qu’il ne saurait être ici question de l’aspersion de l’eau contenant la cendre de la vache rousse, car cette aspersion n’évoque aucune idée de résurrection et se base uniquement sur la souillure communiquée par le contact du cadavre. Cf. Prat. La théologie de S. Paul, Paris,

1908, p. 189.

H. Lesêtre.
    1. VAGAO##

VAGAO (Septante : Ba-j-mac), eunuque d’Holoferne. Judith, xii, 10-12 (15 grec) ; xiii, 3 (grec) ; xiv, 13 (14). Il lui servit d’intermédiaire auprès de Judith. — L’eunuque qui emprisonna le roi de Perse Artaxerxès Ochus s’appelait aussi Bagoas = Vagao. Pline, H. N., XIII, iv, 9, dit que ce nom en Perse est l’équivalent d’eunuque (Bagou). Voir Bagoas, t. i, col. 1383.

    1. VAHEB##

VAHEB (hébreu : Vâhêb ; Septante : Zu>6ê ; ils ont lu nn zaïn au lieu d’an vav) localité inconnue du pays des Amorrhéens, nommée dans une citation obscure, L peut-être altérée pour les noms propres, des