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V

V. Voir Vav.

    1. VACHE##

VACHE (hébreu : pdrâh, la vache qui engendre, égldh, la génisse ; Septante : <30-jç, SâjjiaXtç ; Vulgate : bos, vacca, vitula), la femelle du bœuf. — 1° La vache est un animal précieux à différents titres. On l’emploie à traîner des fardeaux, I Reg., VI, 7, à labourer, Jud., xiv, 18, à fouler le blé. Ose., x, 11. Elle est féconde, Job, xxi, 10, dès l’âge de 18 mois, et porte neuf mois. Elle nourrit de son lait, Is., vii, 21, et ensuite de sa propre chair. Tob., viii, 22. Aussi est-ce un riche présent que de donner des vaches à quelqu’un. Gen., xxxii, 15 ; Tob., x, 10. — 2° La génisse de 3 ans est pleine d’ardeur et de vivacité. Is., xv, 5. (Quelques-uns prennent cependant’égla( selisiyâh, « génisse de trois ans », pour un nom propre de lieu. Cf. Jer., xlviii, 34.) La génisse bondit dans la prairie. Jer., l, 11. L’Egypte est comparée à une génisse très belle, Jer., xlvi, 20, Israël à une génisse rétive, Ose., iv, 16, Éphraïm à une génisse bien dressée, Ose., x, 11, les femmes de Samarie aux vaches de Basan, à cause de leur vie sensuelle, Am., iv, 1, le veau d’or de Bethel aux génisses de Bethaven, par mépris. Ose., x, 5. L’homme des champs prend souci de donner du fourrage à ses génisses. Eccli., xxxvin, 27. — Au Psaume lxviii (lxvii), 31, il est question de veau et non de vaches. — 3° Les génisses étaient utilisées pour les sacrifices. Gen., xv, 9 ; Lev., m, 1 ; I Reg., xvi, 2. Dans le cas d’homicide commis par un inconnu, les anciens prenaient une génisse qui n’avait pas encore travaillé, lui brisaient la nuque près d’un ruisseau, et se lavaient les mains au-dessus de son cadavre, pour protester de leur innocence. Deut., xxi, 3-7. -=- 4° Dans le songe du pharaon, sept vaches belles et grasses étaient dévorées par sept vaches laides et maigres. Joseph expliqua que c’était l’annonce de sept années d’abondance, qui seraient suivies de sept années de famine. Gen., xli, 2-4, 26, 27.

H. Lesêtre.
    1. VACHE ROUSSE##

VACHE ROUSSE (hébreu : pârdh’âdummdh ; Septante : SôftaXiç mippà ; Vulgate : vacca rufa), vache dont la cendre servait à purifier du contact d’un mort.

1° La loi. — _ Elle est formulée dans le livre des Nombres, xix, 2-22. La vache doit êlre rousse, sans tache ni défaut, et n’ayant jamais porté le joug. Le prêtre Eléazar la fait sortir du camp pour qu’on l’égorgé devant lui. Avec son doigt trempé dans le sang de l’animal, il fait sept aspersions du côté de l’entrée du Tabernacle. Puis on brûle la vache intégralement et on jette dans le brasier du bois de cèdre, de l’hysope et du cramoisi. À la suite de cette opération, le prêtre, celui qui a brûlé l’animal et l’homme pur qui a recueilli les cendres pour les déposer en un lieu pur hors du camp, ont à se purifier en lavant leurs vêtements et en se baignant eux-mêmes ; néanmoins leur impureté persévère jusqu’au soir. — L’eau dans laquelle on a mis de la cendre de la vache rousse sert pour la purification de celui qui a touché un cadavre humain. Celuici demeurait impur pour sept jours ; il avait à se purifier avec cette eau le troisième et le septième jour,


sous peine de retranchement. L’impureté atteignait celui qui touchait un cadavre, ou même des ossements humains ou un sépulcre. L’impur devait être aspergé avec l’hysope trempée dans Peau de purification par un homme pur ; puis il lavait ses vêtements et se baignait, pour devenir pur le soir du septième jour. On aspergeait avec la même eau la tente, les ustensiles de l’impur et les personnes présentes. Celui qui faisait l’aspersion, qui touchait l’eau ou l’impur, devenait lui-même impur, mais seulement jusqu’au soir,

2° Signification du rite. — Le rite de la vache rousse est un des plus compliqués et des plus mystérieux du cérémonial lévitique. Il s’agit de purifier l’homme du contact avec la mort et, chose singulière, tous ceux qui participent à la confection du rile purificateur deviennent eux-mêmes impurs. La mort est en effet le signe de la souillure par excellence. Elle est le salaire du péché et sa conséquence ; elle rappelle la souillure de l’âme pécheresse dont la corruption cadavérique n’est qu’une image. La loi qui prescrit la purification à la suite du contact avec le cadavre symbolise donc l’obligation beaucoup plus impérieuse qui commande la purification de l’âme après le péché. — Les détails du rite tirent leur signification de ce principe général. Ce sont les Israélites eux-mêmes qui amènent la victime au prêtre. Le rite est donc solennel et national. Tous en effet sont, sans exception, coupables de péché et sujets à la mort. La victime est un animal femelle. Un animal de cette espèce est sans doute préféré à cause de la rareté du rite, et aussi afin de procurer une plus grande quantité de eendre. Comme cette cendre doit servir d’antidote contre certaines conséquences de la mort, on choisit pour la fournir un animal qui ordinairement engendre à la vie. Il est possible aussi que le choix de la vache ait été inspiré à Moïse par une idée de réaction contre la vénération dont les Égyptiens entouraient cet animal.

En Egypte, on immolait des bœufs, mais jamais des génisses, parce qu’elles étaieut consacrées à Isis. Cf. Hérodote, ii, 41. Moïse ne jugea pas à propos de permettre l’immolation habituelle des vaches, à raison du préjudice qui en fût résulté pour son peuple. Mais, en prescrivant l’immolation et la combustion de la vache rousse, en vue d’un rite de purification, il montrait aux Israélites que cet animal ne méritait ni les honneurs, ni l’embaumement que lui décernaient les Egyptiens. — La vache devait être rousse. Les docteurs prétendent que les vaches de cette couleur étaient de plus grand prix, à cause de leur rareté. Cette assertion est problématique. D’autres observent que la couleur rousse était celle de Typhon, le principe mauvais, Diodore de Sicile, Hist., i, 88, et qu’on disqualifiait la vache, sacrée aux yeux des Égyptiens, en lui prêtant la même couleur qu’au principe du mal. Cf. Spencer, De leg. Hebrseor. ritual., Tubingue, 1732, t. ii, p. 489 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 162. On peut penser aussi que, le rouge étant pris parfois comme la couleur symbolisant le péché, Is., i, 18, voir Couleurs, t. ii, col. 1070, la couleur rousse était choisie comme celle

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