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URIE — URIM ET THUMMIM


la nuit dans sa propre maison. « L’arche de Dieu, et Israël et Juda, lui répondit-il, habitent sous la tente, et mon seigneur Joab et les serviteurs de mon seigneur demeurent en rase campagne, et moi j’entrerais dans ma maison ! » II Reg., xi, 11. Sa généreuse conduite fut la cause de sa mort. Le roi, n’ayant pu le déterminer à rentrer chez lui, le fit porteur d’une lettre à Joab, dans laquelle il chargeait ce dernier d’exposer Urie à l’endroit le plus dangereux du combat, afin qu’il y trouvât la mort, et le général israélite n’hésita pas à exécuter cet ordre inique et cruel et à faire périr ce brave soldat. II Reg., xi. Le prophète Nathan reprocha au roi avec raison d’avoir frappé lui-même Urie par l'épée des filsd’Ammon. II Reg., XII, 9. Ce fut là la grande tache du règne de David, III Reg., xv, 5, et Dieu la lui fit expier sévèrement, II Reg., xii, 11, 14-18, quoiqu’il lui pardonnât à cause de sa pénitence exemplaire, y. 13.

2. urie (Septante : OOpt’a ; ), grand-prêtre du temps d’Achaz, roi de Juda. Sur l’ordre de ce prince, il construisit, IV Reg., XVI, 10, un autel au sujet duquel les | opinions sont partagées, ainsi que sur la nature du sacrifice qui y fut offert. D’après les uns, ce sacrifice fut célébré en l’honneur des dieux de l’Assyrie, d’après les autres en l’honneur du vrai Dieu, parce qu’il fut offert par le souverain pontife et conformément aux prescriptions de la Loi. Ces derniers, pour justifier leur opinion, s’appuient sur ce que dit Isaïe d’Urie, qui, viii, 9, le compte comme un des deux témoins fidèles qui peuvent attester l’authenticité de la prophétie concernant Maher-Salal-haS-baz. Il n’est pas certain que l’Urie constructeur de l’autel soit le même que celui dont parle Isaïe, mais c’est néanmoins fort probable. Quoi qu’il en soit, le fait raconté dans Isaïe est antérieur à l'événement rapporté dans les Rois ; Urie n’aurait donc été infidèle à son devoir que postérieurement à ce que dit de lui le prophète. — Urie n’est pas nommé dans la généalogie sacerdotale, I Par., vi, 4-15, mais il y a des lacunes entre Amasias, y. 11, et Sellum, y. 13.

3. URIE (hébreu : 'Ûriydkû ; Septante : OCipîaç), prophète, fils de Séméi de Cariathiarim. Il prophétisa sous le roi Joakim contre Juda et Jérusalem et ce prince voulut le faire mettre à mort. Pour échapper à sa colère, Urie se réfugia en Egypte, mais Joakim l’y fit poursuivre par ses gens qui, avec le consentement du pharaon, le ramenèrent en Palestine et le remirent entre les mains du roi. Joakim le fit périr par le glaive et ordonna de jeter son corps au milieu des tombeaux de la populace. Jer., xxvi, 20-23.

4. URIE (Septante : Oûpia ; ), chef de la septième famille sacerdotale, cf. I Par., xxiv, 10, père de Mérémoth. Celui-ci revint avec Esdras de la captivité en Palestine. I Esd., viii, 33 ; II Esd., iii, 21 ; viii, 4. Voir Mérémoth, t. iv, col. 996.

    1. URIEL##

URIEL (hébreu ' : 'ÛrVêl, « El (Dieu) est ma lumière

  • ; Septante : OOpufjX), nom de deux Israélites.

1. URIEL, fils de Thaheth et père d’Ozias, Lévite, chef des Caathites. IPar., vi, 24 (9) ; xv, 5, 11. Il vivait -du temps de David et prit part, comme chef des Caathites, avec 120 d’entre eux, au transport de l’arche de la maison d’Obédédom à Jérusalem.

2. URIEL, de Gabaon, grand-père maternel d’Abia et père de la reine Michaïa ou Maacha, femme de Roboam. Il Par., xiii, 2. Voir Maacha 4, t. iv, col. 465.

    1. URIM et THUMMIM##

URIM et THUMMIM (hébreu : 'ûrîm ve-tùmmîm ; Septante : 6rjXa)<71 ; ou 6tj).oi x « l àï.rfiv.x ou ôsiôtt, ;  ; Yul gate : doctrina et veritas), oracle au moyen duquel les anciens Israélites connaissaient la volonté de Jéhovah. Ce qui concerne l’Urim et Thummim est enveloppé d’obscurité.

1° Signification des mots. — Les anciens traducteurs ont attribué aux deux mots des étymologies qui trahissent leur embarras. Si 'ûrîm vient de 'or, « lumière », ou de 'ûr, t feu », mots dont le sens était bien connu, pourquoi les traductions 8r|Xw<rtî ou SïjXoi, « indication », action de rendre visible ? Aquila rend plus littéralement par 9<diH7, aoî, « illuminations ». La Vulgate traduit par doctrina, donnant ainsi à 'urîm un sens intellectuel qu’il n’a pas, et qui d’ailleurs ne convient pas à la chose, puisqu’il ne s’agit pas ici de révélation sur le dogme ou la morale. Quant à tùmmîm, qui ne^pourraitvenir que de fôm, « plénitude, totalité, perfection », Aquila : teXskôcti ; , on ne voit pas qu’il puisse aboutir régulièrement au sens de àXïjôsia, veritas, « vérité », ou âmÔTïiç, « sainteté ». Il est donc à croire que les anciens traducteurs ne connaissaient plus exactement le sens originel des deux mots 'ûrîm et (ûmmîm, et qu’ils les ont rendus par à peu près, en s'écartant notablement de la signification courante de 'or et de tôm. Ils ont supposé d’ailleurs avec raison que la forme

539. — Pectoral égyptien, représentant le dieu Ra et la déesse Ma.

D’après Wilkinson, Manners and customs, édit. Birch,

t. iii, p. 183.

plurielle des deux mots pouvait marquer l’excellence des objets plutôt que leur pluralité. — Gerber, Die hebrâisch. Verba denominativa, 1896, p. 195, pense que 'ûrîm viendrait plutôt de 'ârar, « exécrer », en assyrien arâru, et Schwally, dans Zeitschrift fur die àlltest. Wissenschafl, t. xi, p. 172, prête à tûmmîmle sens de berâkàh, « bénédiction ». De la sorte, le Thummim serait favorable et l’Urim défavorable. — Des commentateurs croient retrouver en Egypte l’origine de l’Urim et Thummim. Le grand-prêtre égyptien, quand il rendait ses jugements comme souverain juge, portait un pectoral sur lequel était représenté Ra, le dieu de la lumière, d’où Urim, et Ma, avec l’article Tma, la déesse de la justice (fig. 539), Riehm, Handwôrterbuch des biblischen Altertums, 2e édit., 1893, 1. 1, p. 931. — D’après Dhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910, p. 124, le sens des deux mots devrait être emprunté à l’assyrien : 'ûrîm viendrait de urê, de la même racine que urlu, « précepte, loi », et fûmmim, pluriel de tummu, dériverait de tamû, « prononcer une conjuration, une formule magique ». — L’Urim et le Thummin sont ordinairement nommés ensemble. Une fois, Deut., xxxiii, 8, les deux termes sont intervertis, et deux autres fois. Nom., xxvii, 21 ; I Reg.j xxviii, 6, l’Urim est nommé seul. Le plus souvent, il est seulement question de « consulter Jéhovah ».

2° Institution. — Moïse reçut nie Dieu cet ordre : « Tu mettras au pectoral du jugement l’Urim et le Thummim, pour qu’ils soient sur le cœur d’Aaron lorsqu’il se présentera devant Jéhovah, et qu’ainsi il porte constamment sur son cœur, devant Jéhovah, le jugement des enfants d’Israël. » Exod., xxviii, 30 Lev., viii, 8. L’expression employée dans ce passage, nàtatta 'él ItoSén, êTciÔïjtjeiç èiti tô Xofeïov, pones in ralionali, « tu mettras dans le pectoral » ou « sur le pectoral », est identique à celle qui ordonne de mettre