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ULCERE — ULFILAS


pas de relations à établir entre cette maladie du roi et la peste pernicieuse qui fit périr 185000 Assyriens aux environs de Jérusalem. IV Reg., xix, 35. Car> bien que les deux récits se suivent dans la Bible actuelle, il est très probable que la maladie d’Ézéchias précéda l’invasion assyrienne. Voir Ézéchias, t. ii, col. 2145. Les renseignements fournis par le texte sacré ne permettent pas de déterminer exactement la nature de la maladie. L’application du cataplasme de figues ne paraît pas non plus très significative à cet égard, car il ressort du texte que la guérison fut surtout miraculeuse. Voir Figue, t. ii, col. 2241 ; Ebstein, Die Medizin, p. 100. — 4° Le pauvre Lazare gisait T|).xu>[j.évoî, ulceribus plenus, c< couvert d’ulcères », à la porte du mauvais riche. Ses ulcères suppuraient et il n’avait pas la force d’écarter les chiens qui venaient impunément les lécher. Luc, xvi, 20, 21. La misère et le manque de soins avaient déterminé en lui cette décomposition douloureuse. — 5° Jérémie, xxx, 13, compare le péché d’Israël à un ulcère que personne ne soigne. Osée, v, 13, appelle du même nom l’infidélité de Juda.

H. Lesêtre.
    1. ULFILAS##

ULFILAS, évéque goth et auteur de la version gothique de la Bible.

I. Vie et œuvres. — l°Wulphila (Wôlflin, le « petit loup » ) était le fils d’un Goth et d’une femme de l’Asie Mineure, qui probablement avait été faite prisonnière à la guerre et était esclave. Il était chrétien. Comme il parlait grec, il fut choisi pour remplir la fonction de lecteur. À l’âge de trente ans, il accompagna une ambassade des Goths à la cour de l’empereur. Il fut sacré évêque par Eusèbe de Nicomédie, probablement à Antioche, lors du synode réuni en cette ville en 341. Il adopta les erreurs ariennes et appartint au parti homéen, dont les doctrines prévalurent au concile de Constantinople en 360. Sa profession de foi, publiée au mois de juin 383 peu avant sa mort, énonce les mêmes doctrines. Il était retourné parmi les Goths, mais la persécution d’Athanarich l’obligea à repasser sur le sol de l’empire avec un grand nombre de ses fidèles. Selon Auxentius, il aurait, après son sacre, vécu sept années au pays barbare et trente-trois années en terre grecque. Il mourut en 383, âgé de 70 ans environ.

2° Son disciple Auxentius nous apprend qu’il a prêché en grec, en latin et en goth et qu’il a publié en ces trois langues plures tractatus et multas interpretationes. De ces homélies et explications de l’Ecriture, il ne nous est rien parvenu. On lui a attribué cependant plusieurs écrits : 1. Krafft lui a rapporté les fragments d’un commentaire arien sur l’Évangile de saint Luc, publiés par le cardinal Mai, Scriptorum velerum collectio, t. iii, 2, p. 191-207, dont un morceau se trouvait aussi dans le fragment de Bobbio, ibid., p. 208-239. Cf. Mercati, Antique reliquie liturgiche Ambrosiano-Romane, con un excursus sui fragmenti dogmatici ariani del Mai, dans Studie Testï, Rome, 1902, t. vii, p. 47. Mais ces fragments de commentaire n’ont rien à voir avec Ulfilas. Cf. Zeitschrift fur wissenschaft liche Théologie, t. xlvi, p. 244-245. — 2. Au 44e congrès des philologues allemands, tenu à Dresde en septembre 1897, Friedberg a prétendu qu’Ulphilas était l’auteur de VOpus imper fectum in Matthxum, longtemps attribué faussement à saint Jean Chrysostome. On a montré que l’auteur de cet écrit, qui est, du reste, de la fin du ive siècle, sinon du v « siècle, n’était pas un Goth. Cf. Allgemeine Zeitung de Munich, 1897, n » 44 ; Zeitschrift fur deutsche Philologie, 1898, t. xxx, p. 361-362, 431. F. KaufTmann a soutenu que ce commentaire reproduisait au moins des parties d’un écrit goth. Zur deutschen Alterlumskunde aus Anlass des sogenannten Opus imperfectum, dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, 1899, t. xxxi, p. 451 ; 1900, t. xxxii, p. 464-472 ; Zur Frage nach den Queilen des Opus im perfectum, ibid., 1902, t. xxxv, p. 4 ; 1903, t. xxxv, p. 483-491 ; Th. Paas, Das Opus imperfectum in Matthseum, Krefeld, 1907. — 3. Une explication de l’Évangile de saint Jean en goth : Skeireins Aiivaggeljont pairte Jôhannân, dont les fragments retrouvés ont été publiés par Massmann, à Munich, en 1834, et par W. Braun, DieMailânden Blàtter der Skeireins, dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, 1898, t. xxxi, p. 426-451, a été attribuée à Ulfilas par l’éditeur, par Krafft, Kirchengeschichte, t. i, p. 348, et par Dietrich, qui l’a rééditée : Die Bruchstùcke der Skeireins, dans Texte und Untersuchungen zur altgermanischen Religionsgeschichte. Texte, Strasbourg, 1902, t. il. Mais le Skeireins diffère de la Bible gothique notamment par l’emploi des participes absolus ; il n’est donc pas d’Ullilas, quoiqu’il soit important pour l’étude de la version gothique du quatrième Évangile. Cf. Stolzenberg dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, 1905, t. xxxvii, p. 388 ; K. Marold, Die Schriftcitate der Skeireins und ihre Bedeutung fur die Textgeschichte der gotischen Bibel, Kœnigsberg, 1893. Cl. Auxentius, Epistola de fide, vita et obitu Ulfilse, édit. par G. Waitz, Ueber das Leben und die Lehre des Ulfila, Hanovre, 1840, et par F. Kauffmann, Aus der Schule des Wulfila, dans Texte und Untersuchungen zur altgermanischen Religionsgeschichte. Texte, Strasbourg, 1899, t. l ; Philostorge, H. E., 1. II, n. 5, t. lxv, col. 468-469 ; Socrate., H. E., 1. II, c. xli ; Sozomène, H. E., 1. IV, c. xxiv. ; 1. IV, c. xxxvii, t. lxvii, col. 349, 1189, 1404-1408 ; Cassiodore, Historia triparlita, 1. VIII, c. xiii, t. lxix, col. 1118-1120 ; W. Krafft, Die Anfànge des Christentums bei den germanischen Volkern, Berlin, 1854, t. i, ; W. Bessel, Ueber das Leben des Ulfilas und die Bekehrung der Goten zum Christenthum, Goettingue, 1860 ; E. Bernhardt, Wulfila oder die gotische Bibel, dans Germanistische Handbibliothek de Zacher, Halle, 1875, t. m ; G. Kauffmann, Kritische Untersuchung der Queilen zur Geschichte Ulfilas, dans Zeitschrift fur deutsches Alterthum, t. xxvii, p. 193 ; F. Kauffmann, Der Arianismus des Wulfila, dans Zeitschrift fur deutsche Philologie, 1898, t. xxx, p. 93-113 ; Stamm, Ulfilas, 11e édit., par Heyne, Paderborn, 1908 ; H. Bohmer, art. Wulfila, dans Realencyclopàdie fur proteslantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1908, t. xxi. p. 548-558.

II. Sa. version gothique de la Bible. — L’évêque goth Ulfilas, voulant traduire l’Écriture Sainte en sa langue maternelle, inventa l’alphabet goth, et sa traduction de la Bible fut le premier document écrit en goth. D’après Socrate, il l’aurait faite au pays des Goths, vers 369. Ses motifs étaient d’ordre pratique : le manque de prêtres ou de lecteurs sachant le grec et pouvant traduire le texte grec de l’Écriture et le grand nombre d’églises chez les Goths le déterminèrent à faire une traduction écrite pour le’service liturgique. D’après Philostorge, H. E., . ii, n.5, t.Lxv, col. 469, il n’aurait pas traduit les quatre livres des Rois pour ne pas exciter l’ardeur guerrière des Goths par la lecture des récits de batailles et de victoires. La traduction de ces livres n’existait pas encore vers le milieu du Ve siècle. On ne sait pas au juste si Ulfilas a traduit lui-même tout le reste de lu Bible. De nos jours, les spécialistes sont portés à ne lui attribuer personnellement que la traduction des Évangiles ; les autres livres du Nouveau et de l’Ancien Testament auraient été traduits en goth après lui. D’ailleurs [il est difficile de se prononcer catégoriquement à ce sujet, puisqu’il ne nous reste qu’un petit nombre de fragments delà version gothique de l’Écriture. C’est exclusivement par ces fragments que nous pouvons la juger.

1° Ancien Testament. — Il ne nous est parvenu que de rares fragments : Gen., v, 3-30, d’après un manuscrit de Vienne ; les deux versets 2 et 3 du Ps. lui (lii)