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cette fois à prendre Tyr. Cette défaite porta un grand coup à la puissance tyrienne, qui avait déjà beaucoup décru ; néanmoins, la ville conserva sa flotte et son commerce durant toute cette période de la domination assyrienne. Âsarhaddon, fils de Sennachérib, cite à son tour la ville de Tyr parmi ses vassaux et tributaires. En 667, elle eut encore quelque velléité de révolte ; mais les Assyriens s’en emparèrent de nouveau. 4° Tyr sous les Chaldéens et les Perses. — Au vle siècle avant notre ère, Tyr, alors gouvernée par Ethbaal ou Ithobaal 111, était encore assez puissante pour tenir tête au conquérant Nabuchodonosor II, qui vint l’assiéger aussi. Le siège dura treize ans, et les habitants résistèrent avec vaillance. Mais l’heure était venue où devaient s’accomplir les oracles d’Isaïe, de Jérémie et d’Ézéchiel : en 574, la ville fut prise d’assaut. Voir Ménandre, dans Josèphe, Contr. Ap., i, 21. C’est probablement d’alors que date la disparition de la Tyr continentale. Une période d’anarchie succéda à ce grand malheur. Ibid. En 536, Tyr passa sous la domination des rois de Perse, cf. I Esd., iii, 7, dont le joug fut moins lourd que celui de Babylone. Cyrus rendit la liberté à ceux des Tyriens qui avaient été emmenés en captivité par Nabuchodonosor.

5° Tyr sous la domination grecque et sous les Romains. — Après la bataille d’Issus (333 avant J.-C), Alexandre le Grand reçut la soumission de la plupart des villes phéniciennes ; mais Tyr, vaillante jusqu’à l’audace, lui ferma ses portes. Elle s’était rangée du côté de Darius Codoman, et elle voulut lui rester fidèle même après sa défaite. Arrien, Anab., II, v, 10 ; xvii, 5. Vivement irrité, le jeune conquérant en fit le siège. Ne voulant pas perdre son temps à un long blocus, il fit construire par ses soldats, avec les débris de Palætyr, une chaussée gigantesque qui réunit au continent l’Ile sur laquelle Tyr était bâtie. De la sorte, il put s’approcher jusqu’au pied des remparts et donner victorieusement l’assaut (332). Il fut d’ailleurs aidé par sa propre flotte, qui immobilisa celle des Tyriens. Sa vengeance fut terrible. Il détruisit la ville en partie ; 8000 habitants furent massacrés, 30000 vendus comme esclaves. Cf. Arrien, Anab., II, xxi, 2 ; Diodore de Sicile, xvii, 40 ; Quinte-Curce, IV, iv, 10-18. Après la mort d’Alexandre, en 323, Tyr à demi ruinée partagea le sort très accidenté de la Syrie. Elle appartint aux Ptolémées jusqu’en 198 et passa ensuite aux Séleucides. Les livres des Machabées la mentionnent trois fois durant cette période. I Mach., xi, 59, et II Mach., iv, 18, 44. Grâce à ses relations commerciales d’autrefois, elle parvint à reprendre une certaine vie. Strabon, XVI, il, 23. L’an 126, elle acheta son autonomie, qui fut confirmée par Pompée, lorsque Tyr passa, avec toute la Syrie, au pouvoir des Romains (64 avant J.-C). Cf. Josèphe, Ant. jud., XV, iv, 1. Mais Auguste restreignit ses libertés (20 avant J.-C.). Voir Dion Cassius, liv, 7. 6° Tyr durant lapériode chrétienne. — Les habitants de Tyr sont cités, Marc, iii, 8 ; Luc, vi, 17, parmi les foules qui accouraient en Galilée pour voir et entendre Notre-Seigneur. Jésus paraît être allé lui-même jusque sur son territoire. Matth., xv, 21 ; Marc, vii, 24. Il l’a nommée avec Sidon, dans un de ses discours, comme une ville très coupable, mais qui aurait pu se convertir v à sa voix. Cf. Matth., xi, 21 ; Luc, x, 13-14. — Au livre des Actes, xii, 20, il est dit que les Tyriens vinrent trouver à Césarée, avec des paroles de regret, le roi Hérode Agrippa I », dont ils avaient excité la colère. Un passage du même livre, xxi, 3-6, nous apprend que, lorsque saint Paul vint à Tyr par mer, au cours de son voyage à Jérusalem qui s’acheva par un long emprisonnement (59 après J.-C), il y trouva une chrétienté déjà considérable. — L’antique cité conserva longtemps une certaine prospérité commerciale et industrielle. Pline l’Ancien, H. N., ix, 60 ; xxi, 22 ; xxxv,

26, signale, dans la seconde moitié du i « siècle de notreère, sa pourpre, ses tissus et sa métallurgie. Au ive siècle, . saint Jérôme écrit, In Ezech., xxvi, 7, et xxvii, 2, t. xxv, col. 242, 247, que Tyr était encore la plus belle et laplus florissante des villes phéniciennes. Les Sarrasinss’en emparèrent, l’an 638 de notre ère, sous le khalifat d’Omar. De 1124 à 1291, elle fut au pouvoir des croisés, , qui en firent une place forte de premier ordre. Elleredevint ensuite la propriété des mahométans, qui rasèrent ses murs. Elle ne recommença à avoir une histoire qu’en l’année 1766, grâce aux Arabes métoualis, qui vinrent s’y établir. La nouvelle ville, détruite enpartie par le tremblement de terre de 1837, fut relevéepar Ibrahim-Pacha. Voir Phénicie, col. 241-247. IV. État actuel. — La prédiction des prophètes 535. — Tyr et ses environs.

D’apiès Gaillardot, dans E. Renan, Mission de Phénicie.

d’Israël s’est accomplie d’une manière saisissante sur-Tyr, qui est à peine aujourd’hui l’ombre d’elle-même. « Les deux tiers au moins de l’emplacement qu’occupait (la cité) sont maintenant envahis par la solitude, , par des cimetières, par des jardins et par des décombresinformes.

  • V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 194. La ville

actuelle, réduite à moins de 6000 habitants (métoualisen majorité, grecs orthodoxes, chrétiens maronites, , juifs, etc.), s’élève « sur une presqu’île autrefois entièrement détachée du continent, auquel se rattachemaintenant un isthme sablonneux ; l’Ile primitive, basseet rocailleuse, était parallèle à la côte et mesurait environ 1609 mètres de long. Les deux extrémités forment les bras de la croix de chaque côté de l’isthme .(voir le plan, fig. 535), et, se prolongeant encore parune ligne d’écueils, interceptent deux baies au sud et au nord. La ville est construite de ce côté, au point de jonction de l’Ile et de l’isthme. » Chauvet etlsambert, . Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 563-564. La chausséeélevée par Alexandre existe donc toujours ; par l’effet des vents et des vagues qui, des deux côtés, ont apporté des masses de sable, elle s’est même considérablement