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TUNIQUE — TUTEUR


2° La tunique du Sauveur était appaçoç, inconsutilis, sans couture, par conséquent tissée d’une seule pièce depuis le haut jusqu’en bas. Joa., six, 23. Elle était ainsi à peu près semblable à celle des prêtres, dont Josèphe, Ant. jud., III, vii, 4, fait cette description : « C’est une tunique talaris, que nous appelons dans notre langue iieeîp (me’îl)… Cette tunique ne se compose pas de deux pièces, ayant des coutures sur les épaules et sur les côtés ; mais c’est un vêtement d’une seule pièce, tissé danstoule sa longueur, que l’on entre par le cou au moyen d’une ouverture en forme de fente longitudinale allant depuis la poitrine jusqu’au haut du dos, entre les épaules. On y ajoute un bord,

531. — La sainte tunique de Trêves.

D’après Friedlieb, Archéol. de la Passion, p. 377.

pour cacher la difformité de la fente. Elle a également des ouvertures pour passer les mains. » Cf. Braun, De vest. sacerd. hebrseor., Leyde, 1680, p. 342. Le procédé employé pour fabriquer des vêtements sans couture ne s’est pas perdu en Orient. Cf. Rosenmûller, Dos alte und neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. v, p. 273. Il est clair qu’une tunique sans couture perdrait toute sa valeur si on la divisait en plusieurs morceaux ; aussi les soldats qui avaient crucifié le Sauveur préférèrent-ils tirer la sienne au sort. — Il est à croire que des disciples du Sauveur ont racheté ses vêtements aux soldats. Cependant on ne possède à ce sujet aucun document authentique qui soit antérieur au xi’siècle. Des fragments de vêtements du Sauveur sont conservés en différents endroits, particulièrement au Latran. Mais les deux tuniques les plus célèbres sont celles d’Argenteuil et de Trêves.

La tunique d’Argenteuil (fig. 529) mesurait l m 45 de haut, quand elle était entière, elle avait une ouverture au col et des manches. L’étoffe est un tissu de laine,

fabriqué sur un métier primitif, mais très régulier (fig. 530). On y a reconnu, à l’analyse, des taches de sang. La tunique de Trêves (fig. 531), également sans couture, a été conservée entière. Elle mesure en hauteur 1<°48 par devant et l m 57 par derrière, en largeur 1 I °09 en bas et m 70 en haut, avec des manches larges de m 33 et longues de m 46. Il est fort possible que Notre-Seigneur ait porté plusieurs tuniques sans couture. On suppose que celle de Trêves était la tunique de dessus, et celle d’Argenteuil la tunique de dessous. Cf. £. Bessel, Geschichte des heiligen Rockes, Trêves, 1889 ; C. Willems, Der heilige Rock zu Trier, Trêves, 1891, trad. par Furcy Raynaud ; La sainte robe de N.-S. J.-C. àlTrèves, Trêves, 1891 ; Id., La sainte robe de Trêves et la relique d’Argenteuil, Paris, 1894 ; A. Jacquemot, La tunique sans couture de N.-S. J.-C, conservée dans l’église d’Argenteuil, Lille, 1894 ; J.-B. Vanel, Histoire de la sainte tunique d’Argenteuil (manuscrit de dom Wyard, bénédictin de Saint-Maur du xviie siècle), Paris, 1894 ; J. H. Friedlieb, Archéologie de la Passion, trad. Martin, Paris, 1897,

p. 358-381.

H. Lesêtre.
    1. TURBAN##

TURBAN (hébreu : pe’êr ; Septante : xi’Sapcç, [juTpa ; Vulgate : corona, coronula, vitta), espèce de coiffure. Le turban de lin est attribué aux prêtres, concurremment avec la mitre, dout il ne devait pas différer beaucoup, puisque les Septante les confondent. Voir Cidaris, t. ii, col. 750 ; Mitre, t. iv, col. 1135. La forme de cette coiffure était celle d’une sorte de bonnet qui entourait la tête et s’attachait par derrière. Voir t. v, fig. 172, col. 647. La Vulgate l’appelle tantôt coronula, Exod., xxxix, 28, tantôt, vitta, Ezech., xliv, 18. En tous cas, ce n’était pas une coiffure vulgaire, puisqu’elle servait aux prêtres dans l’exercice de leurs fonctions sacrées. Mais il est impossible de dire en quoi elle différait des autres coiffures analogues. Voir Tiare, col. 2205. — Le turban était aussi en usage dans la vie civile. Les femmes élégantes le portaient. Is., iii, 20. Il servait de coiffure au nouveau marié. Is., lxi, 10. En rendant pe’êr par 8ô ?a, « gloire », et corona, Is., lxi, 3, les versions donnent à entendre que c’était une coiffure de fête, probablement pourvue de certains ornements. Isaïe, lxi, 3, et Ezéchiel, xxiv, 17, 23, supposent que le pe’êr se portait aux jours de joie et de paix, et remplaçait la cendre des jours de deuil. Dans les deux derniers passages d’iizéchiel, les Septante ne voient dans le pe’êr qu’un agencement particulier de la chevelure, Tpcxii[j.a, y.ûy.at. H. LESÊTRE.

TUTEUR’fgrec : èiuiTpÔ7uoç ; Vulgate : procurator, tutor), celui qui est chargé d’élever un mineur et de gérer sa fortune. — Mardochée a rempli vis-à-vis d’Esther le rôle de tuteur et de nourricier, ’omên. Esth., il, 7. Voir Nourricier, t. iv, col. 1699. — Lysias, parent d’Antiochus Eupator, fut le tuteur du jeune roi et le régent du royaume. II Mach., xi, 1 ; xiii, 2 ; xiv, 2. — Saint Paul dit que l’héritier encore enfant « est soumis à des tuteurs, èirn-pônoi ; , tutoribus, et à des curateurs, oîxovô(j.ouç, actoribus, jusqu’au temps marqué par le père. » Gal., iv, 2. Ces tuteurs et ces curateurs exercent probablement leur charge après la mort du père qui, de son vivant, prenait soin lui-même de l’éducation et des intérêts de son enfant. C’est la loi qui fixait l’âge de l’émancipation de l’héritier, ce qui porterait à conclure que les tuteurs sont ici de simples administrateurs des biens ou des intendants aux pouvoirs desquels le père, encore vivant, assigne le terme qu’il veut. Mais rien ne prouve que saint Paul se réfère au droit romain plutôt qu’au droit naturel, qui laissait au père le pouvoir de fixer la durée de la tutelle. D’ailleurs, si le père était encore vivant, il émanciperait son fils à l’époque suggérée par les circonstances, tandis qu’il y a